Revue de la presse russe du 27 mars

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MOSCOU, RIA Novosti

Vremia novosteï

Bouclier antimissile: Russie et Etats-Unis peuvent encore s'entendre

Un nouveau round de consultations bilatérales entre experts sur le déploiement d'éléments de la défense antimissile (ABM) américaine en Europe a commencé mercredi à Washington, lit-on jeudi dans le quotidien Vremia novosteï.

Les analystes estiment que les parties ont encore une chance de réussir à conférer une nouvelle dimension à leur coopération dans le domaine de la sécurité globale.

La Russie a étudié ces jours-ci les nouvelles propositions sur l'ABM faites par les Etats-Unis au cours des récentes négociations à Moscou entre les ministres russes des Affaires étrangères et de la Défense et leurs homologues américains. Elles prévoient la présence d'officiers russes dans les installations en Pologne et en République tchèque, avec l'accord des gouvernements de ces pays, et un conditionnement du radar de façon à ce qu'il ne puisse balayer le territoire de la Russie. En outre, les Américains sont prêts à renoncer à installer les missiles antimissiles dans les silos polonais tant qu'ils ne disposeront d'aucune information sur une réelle menace émanant d'un Etat "tiers".

La partie américaine insiste en outre sur le fait que toutes les ententes sur l'ABM doivent être acceptables pour la Pologne et la République tchèque. Ces deux pays d'Europe de l'Est réagissent très nerveusement et avec prudence quant à la perspective de faire d'éventuelles concessions à Moscou à leurs dépens.

Le service de presse du ministère tchèque des Affaires étrangères a annoncé ces jours-ci que l'accord américano-tchèque sur l'installation du radar de la défense antimissile américaine dans le polygone de Brdy pourrait être signé le 5 mai. Le ministre polonais de la Défense Bogdan Klich a quant à lui déclaré mercredi que la base américaine, si elle est construite, ne serait pas une installation extraterritoriale et que les Polonais en resteraient maîtres". Il a ajouté: "Nous ne nous représentons pas la présence permanente de représentants de la Fédération de Russie dans la base en question".

La Pologne n'accepte que l'idée "d'inspections temporaires" des Russes et uniquement "sur une base de réciprocité". Ce dernier point implique l'admission de spécialistes polonais dans les installations de défense antimissile russes, ce qui pourrait susciter des réticences de la partie russe.

"Le compromis pourrait être le suivant: les Américains renoncent à faire venir leurs missiles antimissiles en Pologne et acceptent une direction commune d'un système intégré de radars, estime Alexandre Konovalov, président de l'Institut russe d'évaluations stratégiques. En réponse, la Russie pourrait accepter la conception, le déploiement et l'exploitation en commun du système de défense antimissile, aussi bien stratégique que tactique, en y associant ses radars du Sud".

"La réunion des éléments de défense antimissile de la Russie et des Etats-Unis dans une même chaîne pourrait lever les sérieuses préoccupations existantes, affirme l'expert. L'essentiel est de créer des équipes communes d'entretien, des personnels mixtes de gestion des stations de radars et de missiles, pour que chaque partie soit certaine que l'autre partie n'envisage et ne fait rien de répréhensible. On pourrait créer ainsi un système unifié permettant de neutraliser les lancements isolés de missiles depuis le Sud".

Kommersant

Gazprom diversifie ses revenus pour sortir de la "gazoduc-dépendance"

La stratégie de la production et des livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) approuvée mercredi par le conseil des directeurs de Gazprom prévoit plus de 45 milliards de dollars d'investissements d'ici 2030, lit-on jeudi dans le quotidien Kommersant.

Si ces projets sont mis en oeuvre, la vente de GNL rapportera à terme au monopole gazier une somme comparable aux revenus qu'il tire actuellement de l'exportation de gaz par les gazoducs.

Pour l'instant, Gazprom ne possède pas une seule usine de production de GNL. Les dépenses minimales pour la création d'unités de production de GNL s'élèveront, selon le scénario conservateur, à 45 milliards de dollars, et pourraient dépasser 60 milliards de dollars selon le scénario le plus ambitieux. "Cette différence en matière d'investissements dépendra de la dynamique de la construction et de l'accroissement des dépenses pour la création des unités", a expliqué au quotidien Kommersant une source proche du conseil des directeurs de Gazprom.

Les réserves du gisement de Chtokman pourraient constituer la base de la stratégie concernant le GNL. "Dans le cadre de la réalisation de l'ensemble du projet, on peut construire quatre à six chaînes de liquéfaction de gaz d'un rendement de 7,5 millions de tonnes chacune", explique un employé de Gazprom.

Il est prévu de construire également au moins deux chaînes de production de GNL dans le cadre de Sakhaline-2 (au maximum, quatre chaînes d'un rendement de 4,5 millions de tonnes chacune).

La liquéfaction de la totalité du gaz extrait du gisement de Chtokman (94 milliards de m3 par an) pourrait rapporter à Gazprom 37,6 milliards de dollars de revenus. Compte tenu des 15% de bénéfice provenant de ce type de vente, le monopole réaliserait alors 5,6 milliards de dollars de bénéfice net.

Valeri Nesterov de Troïka Dialog prévoit que le bénéfice net de Gazprom provenant de l'exportation de gaz en 2007 constituera 24,8 milliards de dollars. "Cette orientation permettra d'achever la formation d'un marché mondial du gaz grâce au développement des livraisons de GNL", estime l'analyste. Depuis 2000, le marché des ventes de GNL dans le monde a quadruplé et constitue actuellement 20% du commerce mondial du gaz, rappelle-t-il.

"45 milliards de dollars d'investissement ne sont pas une somme exorbitante pour Gazprom, avance Valeri Nesterov. Exxon Mobil, par exemple, investit 10 milliards de dollars dans un seul projet en Papouasie-Nouvelle-Guinée".

Maxime Cheïne de BrokerCreditService estime que n'importe quel volume d'investissement sera justifié. "Cela permettra à Gazprom de diversifier les risques et de se débarrasser de sa "dépendance" vis-à-vis des gazoducs, souligne l'analyste. Le mieux, indique-t-il, serait pour Gazprom de construire lui-même des terminaux de réception, car, dans ce cas, il pourrait réglementer le volume des ventes aux Etats-Unis sans s'exposer à d'éventuelles sanctions politiques.

Vedomosti

Berezovski attaque Abramovitch

Le quotidien Vedomosti s'est procuré le texte d'une plainte déposée par Boris Berezovski contre Roman Abramovitch, l'ex-oligarque en exil estime que son ancien partenaire l'avait contraint à vendre à vil prix des actions de la chaîne de télévision ORT, de Sibneft et de RusAl, lit-on jeudi dans les colonnes du journal.

La plainte de Boris Berezovski contre Roman Abramovitch, gouverneur de la Tchoukotka, est parvenue le 1er juin 2007 à la Cour suprême de Londres, a précisé un employé de la chancellerie de la cour. Les audiences préalables sur cette affaire doivent commencer en avril. Le 8 janvier 2008, la cour avait enregistré un nouveau document fourni par Boris Berezovski décrivant en détail l'essence de sa plainte, a-t-il ajouté.

Le document décrit les circonstances de la vente des paquets d'actions d'ORT, de Sibneft et de RusAl qui appartenaient à Boris Berezovski et à Badri Patarkatsichvili, son partenaire. La plupart des personnes citées dans la plainte comme étant liées à ces événements se sont refusées à tout commentaire.

Le document ne mentionne pas la somme que Boris Berezovski compte recevoir de Roman Abramovitch. La somme des revendications n'a pas encore été calculée, affirme Berezovski lui-même, elle équivaudra à la différence entre le montant des transactions et la valeur réelle de Sibneft et de RusAl. Il n'a cependant pas expliqué comment serait calculée cette différence.

"L'objectif de la plainte est de prouver que le pouvoir russe enlève illégalement des biens à des entrepreneurs en se servant des cercles d'affaires. J'ai des témoins qui interviendront et le récent décès de Badri Patarkatsichvili ne se répercutera pas sur la procédure, ses dépositions sur cette affaire ayant été enregistrées par des avocats".

Il est difficile d'évaluer les perspectives de cette plainte, estime Dmitri Stepanov, avocat de la compagnie "Yukov, Khrenov & Partners". Quoi qu'il en soit, l'examen de cette affaire prendra beaucoup de temps: tout d'abord, Boris Berezovski devra prouver qu'il possédait bien ces actifs.

Gazeta/Nezavissimaïa gazeta

Londres critique Moscou à la veille de l'élargissement de l'OTAN

Le ministère britannique des Affaires étrangères a présenté son rapport annuel sur le respect des droits de l'homme dans le monde, indiquent jeudi les journaux Gazeta et Nezavissimaïa gazeta.

Il y a deux semaines, le Département d'Etat américain a rendu public un document similaire. Les auteurs des deux rapports estiment que l'Etat russe ne respecte pas les droits de l'homme et ne prend presque aucune mesure visant à y remédier. Les analystes politiques russes qualifient la publication de ce genre de "listes des pays non-démocratiques" d'élément d'une pression propagandiste exercée sur Moscou à la veille de l'éventuel élargissement de l'OTAN.

Evgueni Mintchenko, directeur général de l'Institut international d'expertise politique, qualifie cette liste d'arme propagandiste et de prolongement des conceptions néoconservatrices à l'égard des relations avec la Russie développées par certains idéologues en Occident. "Il nous faut abandonner le romantisme libéral et nous rendre compte qu'on se trouve ici dans des conditions de rude concurrence pour l'influence", a-t-il expliqué à la Nezavissimaïa gazeta.

Dans l'avenir, cette publication pourrait se retrouver liée à la préparation du sommet de l'OTAN à Bucarest, qui portera entre autres sur les questions de l'élargissement de l'Alliance. Il sera plus facile de prendre une décision en ce sens si la Russie acquiert définitivement une image d'Etat non-démocratique, de nouvel "empire du mal" représentant une menace incontestable pour les pays voisins qui possèdent une jeune démocratie encore fragile.

Mikhaïl Vinogradov, directeur général du Centre de conjoncture politique, partage cet avis. Selon lui, le thème de la protection des droits de l'homme se transforme de temps à autre en un objet de marchandage politique. "Assez souvent, la rhétorique de la défense des droits de l'homme devient un instrument de pression, et à propos, de pression bilatérale: on voit ces derniers temps la Russie évoquer des violations des droits de l'homme aux Etats-Unis".

Les experts s'entendent pour affirmer que si la Russie se donne comme priorité d'améliorer ses relations avec la Grande-Bretagne, Moscou tentera de prouver activement que ces stéréotypes sont faux et que la Russie est prête à subir des changements. Cependant, ceci n'aura sans doute pas lieu. Les élites politiques russes se sentent à l'aise aujourd'hui et sont peu sensibles à ce genre de critiques.

"Dans ce cas concret, il s'agit tout simplement d'une fixation de l'attitude envers la Russie, car la pratique démontre que la force d'action est égale à la force de réaction. En outre, les Britanniques sont beaucoup moins préoccupés par la société russe que par les cours du pétrole", a estimé Alexeï Malachenko, membre du conseil scientifique du Centre Carnegie de Moscou.

Ces notes influent uniquement sur les pays qui s'orientent vers une intégration dans l'Europe. Elles sont également utiles lorsqu'un Etat a besoin d'une considérable assistance financière, d'une aide de la part de l'Occident. Or, de tels problèmes ne se posent pas à la Russie actuellement, a résumé Alexeï Makarkine, directeur adjoint du Centre des technologies politiques.

Kommersant

Bachkirie: une décision du fisc renforce le président Rakhimov

Les agents du fisc, qui exigeaient jusque-là que les actions des six principales compagnies du complexe énergétique bachkir soient transférées sur les comptes de Rosimouchtchestvo (Agence fédérale de gestion des biens publics), ont soudain demandé mercredi que ces titres deviennent propriété de la Bachkirie, lit-on lundi dans le quotidien Kommersant.

Selon les experts, cette décision signifie que le président bachkir Mourtaza Rakhimov va rester à son poste et que Moscou pourra compter sur sa loyauté.

Jusqu'au printemps 2006, les actions litigieuses appartenaient à la société Bachkirski kapital contrôlée par Oural Rakhimov, fils du président bachkir. Puis le fisc engagea des actions en justice d'après l'article 169 du Code civil, qui prévoit la saisie de biens au profit de la Fédération de Russie dans le cas de transactions poursuivant un objectif contraire aux "fondements de l'ordre légal et de la morale". La dispersion des blocs de contrôle des principales compagnies du complexe énergétique de Bachkirie, qui a entraîné le non-paiement de 42 milliards de roubles d'impôts (1,13 milliard d'euros), est justement considérée comme une transaction de ce genre.

Certains experts estiment que la question du pouvoir en Bachkirie a été le point principal de toute cette affaire: pour conserver des dirigeants loyaux envers Moscou, il fallait enlever des biens au fils du président Oural Rakhimov, de plus en plus influent.

"Dans les rapports entre Oufa (capitale de la Bachkirie) et Moscou, les actifs contrôlés par la république sont depuis longtemps une monnaie d'échange, dont se sert d'ailleurs assez bien le pouvoir bachkir", a déclaré au quotidien Kommersant Rostislav Tourovski, directeur général de l'Agence des études régionales.

Selon lui, Gazprom s'implante activement depuis longtemps dans l'économie de la république, où il a reçu Salavatnefteorgsintez. "On avait l'impression qu'il parviendrait à placer sous son contrôle tout le complexe énergétique bachkir, mais l'action entreprise hier par le fisc témoigne au moins d'un changement de priorités au niveau fédéral", a fait remarquer M. Tourovski.

"Par conséquent, Mourtaza Rakhimov restera à son poste, malgré les rumeurs sur sa démission prochaine, suppose l'analyste politique. Cela fait probablement partie des tractations sur les conditions dans lesquelles il peut rester au pouvoir, et le centre fédéral semble y avoir consenti".

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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