Revue de la presse russe du 19 août

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MOSCOU, RIA Novosti

Gazeta.ru, Kommersant

G8: une exclusion de la Russie peu probable

A l'image de Nikolaï Zlobine, directeur des programmes russes et asiatiques du Centre d'information militaire des Etats-Unis, qui estime que les menaces d'exclure la Russie des organisations internationales, formulées par le président américain George W. Bush, ainsi que le danger d'une nouvelle guerre froide relèvent de la rhétorique ordinaire, de nombreux personnages influents d'outre-Atlantique condamnent ce genre d'appels, lit-on mardi dans les quotidiens Gazeta.ru et Kommersant.

"Je ne comprends pas où on veut en venir en déclarant que la Russie sera exclue du G8, fait remarquer le politologue. Aucune procédure d'exclusion du G8 n'existe, pas plus que de procédure d'invitation: tout est indéterminé et informel. Exclure du G8 équivaut à exclure quelqu'un d'une liste d'invités à son anniversaire. A mon avis, la Russie exagère symboliquement, en quelque sorte, le rôle de cette organisation".

"Si la Russie décidait elle-même aujourd'hui de se retirer ostensiblement du G8, elle créerait autant de problèmes à ses partenaires occidentaux", explique l'expert.

"L'Occident doit bien réfléchir aux buts qu'il poursuit, affirme Nikolaï Zlobine. Les actions déterminées par le président George W. Bush poursuivent un objectif bien simple: intimider verbalement la Russie. C'est bien le président américain qui détermine la politique étrangère, mais son élaboration est assez longue et elle reste très stable, par conséquent, toutes ces déclarations musclées de George W. Bush sont encore loin d'être réalisées. Bush n'aura ni le temps, ni la force politique pour pouvoir s'occuper de tout cela, car il partira dans quelques mois".

"Je partage l'avis de Sergueï Lavrov, selon lequel la Géorgie est un grand projet de la politique étrangère de l'administration Bush, résume Nikolaï Zlobine. Dire à la Géorgie que les Etats-Unis ne la soutiendront pas serait malhonnête envers Mikhaïl Saakachvili et d'autres alliés des Etats-Unis, car ils se mettraient à se gratter la nuque et à penser qu'ils pourraient eux-aussi être ainsi subitement abandonnés. L'administration américaine va multiplier les menaces, en sachant que la responsabilité de leur application incombera à d'autres".

"Cette idée n'est pas très bonne, a déclaré dimanche dernier Richard Lugar, vice-président du Comité aux affaires étrangères du Sénat américain, commentant la proposition de John McCain, candidat à la présidence aux Etats-Unis, d'exclure la Russie du G8.

Sur certains problèmes internationaux importants, avant tout dans les négociations avec les pays qui visent à détenir des armes nucléaires, Washington a besoin du partenariat avec Moscou, a fait remarquer M. Lugar. "En outre, nous travaillons avec la Russie à la poursuite de la réduction des ogives braquées sur nous", a rappelé le sénateur.

Vedomosti

Pétrole et gaz: Washington pourrait se résigner au transit par la Russie

L'intérêt manifesté par les Etats-Unis pour la région de la Caspienne s'est longtemps expliqué par la création de nouvelles voies de transit vers l'Europe pour les hydrocarbures, en tant qu'alternative à la Russie, mais la Chine apparaît aujourd'hui à ce titre comme un concurrent plus dangereux que la Russie, lit-on mardi dans le quotidien Vedomosti.

C'est pourquoi le principal objectif des Etats-Unis dans cette région n'est autre que l'Iran, qui possède 15,7% des réserves mondiales prouvées de gaz, ainsi que de bloquer l'accès du pétrole de la Caspienne et du gaz d'Asie centrale aux marchés chinois et indien.

Il est significatif que la tension politique monte sur tous les itinéraires potentiels de transit du gaz iranien vers l'Inde et la Chine (la démission de Pervez Musharraf en est la dernière confirmation).

Le drame de la guerre en Ossétie du Sud n'est pas encore achevé, et la carte des conflits militaires dans la région peut s'étendre. Une nouvelle guerre peut éclater dans le Nagorny-Karabakh. L'Azerbaïdjan a gagné beaucoup d'argent ces deux dernières années en vendant du pétrole (l'accroissement de l'extraction a constitué 31,7% en 2007, et 44,9% en 2006) et l'a investi, entre autres, dans son armée. Au moment du premier coup, les Etats-Unis garderont le silence, comme en Ossétie Sud, et ils auront ensuite un nouveau prétexte pour imposer la présence de leurs forces dans la région.

Il est évident que les Etats-Unis et plusieurs pays européens se prononceront contre la présence de troupes russes, quel que soit leur mandat, sur le territoire aussi bien de la Géorgie que de l'Ossétie du Sud. Au contraire, ils insisteront sur l'apparition de forces de paix de l'OTAN ou des Etats-Unis sur le territoire de la Géorgie. Si les événements en Ossétie du Sud sont présentés comme une agression de la Russie, cela servira de prétexte.

L'apparition de l'armée américaine en Géorgie et en Azerbaïdjan accroîtra la pression militaire sur l'Iran. C'est là un élément plus important que la construction de pipelines et de gazoducs contournant la Russie. Le thème des gazoducs Transcaspien et Nabucco, entre autres, pourrait être abandonné. Les pays d'Asie centrale n'auront plus que deux voies: le transit de gaz vers l'Europe par la Russie, ou vers le marché de la Chine. La deuxième voie est plus dangereuse pour les Etats-Unis. C'est pourquoi, théoriquement, il est possible d'obtenir des Etats-Unis leur soutien aux projets de nouveaux pipelines et gazoducs passant par le territoire de la Russie. Mais le prix en sera élevé. La Russie devra se détourner de l'Iran et faire un croc-en-jambe stratégique à la Chine. Le dilemme est difficile, mais l'époque de la politique étrangère tous azimuts touche à sa fin.

Par Konstantin Simonov, directeur général de la Fondation pour la sécurité énergétique nationale.

Kommersant

Irak: la Russie compte moderniser les centrales électriques soviétiques

La Russie prévoit de continuer à travailler dans le secteur électrique en Irak, la reconstruction de la centrale thermique "Kharta" par la compagnie russe Technopromexport pourrait être le premier projet dans cette voie, lit-on mardi dans le quotidien Kommersant.

Moscou pourrait attirer dans ces travaux les plus de 10 milliards de dollars que l'Irak envisage de dépenser pour la reconstruction de ses ouvrages énergétiques.

Le secteur énergétique de l'Irak avait été sérieusement endommagé au cours de la guerre du Golfe. La puissance installée des centrales électriques y constitue actuellement 5.500 mW. Les autorités irakiennes ont déclaré que le rétablissement du secteur électrique demanderait 10 à 15 milliards de dollars.

Technopromexport (TPE) avait remporté à plusieurs reprises l'appel d'offres pour la reconstruction de la centrale Kharta: en 1997, 1999 et 2007. Cette centrale thermique d'un rendement de 400 mW est alimentée au mazout et au gaz. D'après Natalia Starodoumova, porte-parole de TPE, la compagnie est prête à lancer le chantier, mais à condition de tenir compte des problèmes de sécurité et de la hausse des prix des matériaux et des équipements enregistrée ces dix-huit derniers mois. Ce n'est pas le premier projet de TPE en Irak, a-t-elle souligné: la compagnie est en train de mettre en oeuvre un contrat pour la construction de la centrale de Yusufiya, mais les travaux ont été maintes fois arrêtés à cause des opérations militaires, c'est pourquoi ils n'ont pas encore pu être menés à bien.

"Si l'on tient compte du coût de la construction en Russie à un niveau de 1.300 à 1.500 dollars le kWh de puissance installée, la centrale thermique Kharta d'un rendement de 400 mW pourrait revenir à l'Irak à 520-600 millions de dollars", estime Fedor Kornatchev, analyste d'AntantaPioglobal.

Pour l'instant, aucun autre projet n'a été examiné par les parties, a fait savoir un représentant du ministère russe de l'Energie qui a affirmé que sur le plan de la coopération, l'Irak était aussi important pour la Russie que les autres pays du Proche-Orient.

"Cette coopération ne peut être fructueuse que dans le domaine de la modernisation des centrales construites par des spécialistes soviétiques", fait remarquer Vassili Sapojnikov, analyste de la société d'investissement Otkrytie. En ce qui concerne la construction de nouvelles centrales, les compagnies russes ne pourront pas soutenir la concurrence des firmes occidentales, a-t-il dit. Par exemple, des chaudières et des turbines fabriquées par Siemens et General Electric sont installées dans les centrales russes, alors que les compagnies russes n'y sont que maîtres d'oeuvre, indique l'analyste. D'ailleurs, a-t-il dit, l'URSS avait construit un grand nombre de centrales électriques sur le territoire de l'Irak.

Gazeta

Russie-Géorgie: les résultats du conflit pas si positifs pour Moscou

Malgré sa rapidité et ses résultats, qui semblent positifs pour la Russie, le conflit russo-géorgien pourrait se solder à long terme par une défaite diplomatique, militaire et politique de Moscou, rapporte lundi le quotidien Gazeta.

Quels sont les gains et les pertes de Mikhaïl Saakachvili? Il a perdu la vallée de Kodori, les enclaves géorgiennes en Ossétie du Sud, ainsi que l'espoir de reprendre le contrôle des deux républiques autoproclamées dans un avenir proche. Il a obtenu l'internationalisation des conflits abkhazo-géorgien et osséto-géorgien, aussi bien que l'envoi dans la région d'observateurs internationaux et peut-être, à l'avenir, de soldats de la paix. L'essentiel est que Saakachvili a de facto reçu des garanties européennes et américaines qu'il ne serait pas renversé par la Russie.

Quels sont les gains de Moscou? Les forces prorusses ont pris le contrôle de la vallée de Kodori et ont effectué un "nettoyage ethnique" en Abkhazie et en Ossétie du Sud. La menace d'intervention géorgienne dans les républiques autoproclamées a été éliminée. Ce sont là les seuls bons côtés du conflit.

Les mauvais côtés sont beaucoup plus nombreux. Pour la première fois depuis 1991 la Russie s'est trouvée face à une menace d'isolation internationale. Aux yeux de l'Occident, son comportement a beaucoup ressemblé à celui de l'Allemagne nazie dans les années 1938-1939, et de l'URSS dans les années 1939-1940. Les leaders des principaux pays européens ne semblent pas prêts à un nouveau "diktat de Munich" et la presse internationale fait souvent un parallèle entre l'Ossétie du Sud et la région tchèque des Sudètes, annexée par le Reich en 1938.

Aux Etats-Unis, dont le gouvernement a tout de suite pris le parti de la Géorgie, le conflit russo-géorgien a augmenté les chances de John McCain de gagner la présidentielle, avec son attitude fortement antirusse. Sa proposition d'exclure la Russie du G8 est déjà de facto réalisée. Ces derniers jours, des consultations des sept principaux pays industrialisés sur le conflit russo-géorgien se sont déroulées sans la participation de la Russie, et la question de l'exclusion de Moscou du G8 doit être évoquée le 19 août, lors de la rencontre des ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l'OTAN.

Le pire est que la Russie semble avoir perdu son allié principal dans l'Union européenne. Malgré la dépendance de l'Allemagne envers les livraisons de gaz russe, la chancelière allemande Angela Merkel a soutenu la Géorgie et demandé le retrait le plus rapide possible des troupes russes du territoire géorgien. Le président français, de son côté, ne devrait pas prendre, à long terme, le risque de soutenir sans sourciller les actions de la Russie en Géorgie. Il menace déjà la Russie de conséquences graves si elle fait trainer le retrait de son armée.

Le "dégel medvedevien", rêve de nombreux libéraux, est maintenant inaccessible. L'Occident semble enfin préoccupé par une Russie qui "se remet sur pieds".

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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