Revue de la presse russe du 28 octobre

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Minsk cherche en Occident une issue à son amitié avec Moscou

Les négociations sur l'octroi à la Biélorussie d'un crédit de 2 milliards de dollars du FMI se sont ouvertes hier à Minsk, lit-on mardi dans le quotidien Kommersant.

La Biélorussie a demandé l'aide du FMI après avoir perdu l'espoir de recevoir un crédit analogue de la Russie et de bénéficier d'une réduction des prix du gaz. Dans le contexte des rapports difficiles avec Moscou, le président Alexandre Loukachenko a décidé de chercher des amis en Occident, où l'on semble prêt à l'accueillir.

Depuis 15 ans qu'il est au pouvoir, le président biélorusse a manifesté une capacité phénoménale à louvoyer dans des conditions qui y étaient peu propices. De nouvelles possibilités s'ouvrent aujourd'hui devant lui.

De l'avis du politologue Fedor Loukianov, l'instabilité financière globale devrait influer sur le rapport des forces postsoviétique autant que la guerre entre la Russie et la Géorgie: "Les deux crises ont montré, chacune à sa manière, que la pression exercée sur les anciennes républiques fédérées en vue de les contraindre à faire un choix sur le plan géopolitique s'accroîtra. Si les événements d'août ont marqué le retour de la force dans la concurrence, cet automne a posé la question de savoir qui est aujourd'hui capable d'aider les pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants) à surmonter la crise économique. Et ce ne sera certainement pas gratuit".

Alexandre Loukachenko brûle du désir de se soustraire au joug économique russe. Depuis l'arrivée de Vladimir Poutine à la présidence en Russie, les possibilités de le faire n'ont cessé de se réduire. Moscou a laissé entendre de plus en plus clairement qu'il n'avait plus l'intention de rémunérer les assurances d'amitié éternelle et qu'il attendait un rapprochement réel pour examiner la question des subventions. La pression russe promettait d'être d'autant plus efficace que Minsk n'avait pas d'alternative: en Occident, Alexandre Loukachenko était considéré comme un proscrit.

Cependant, aujourd'hui, la situation a changé. La nouvelle approche des Européens se présente comme suit: pourquoi avancer à la Biélorussie des exigences plus élevées qu'aux autres pays de la CEI? De l'avis de M. Loukianov, cette partialité s'expliquait par l'adhésion hypothétique de la Biélorussie à l'UE, car Minsk était considéré dans le contexte de l'Europe de l'Est. Si l'on considère le fief d'Alexandre Loukachenko dans l'optique de l'Asie centrale, de l'Azerbaïdjan, et même de la Russie, avec qui l'Union européenne mène un dialogue intense, rien d'extraordinaire ne se produit. Autrement dit, les rapports peuvent être dégelés, d'autant que le batka (petit père) a fait une paire de révérences à l'adresse de l'Occident.

Bien entendu, le bilan auquel aspire le président biélorusse est original: il s'apprête à devenir le débiteur non plus d'un créditeur, mais de deux à la fois: la Russie et le FMI. Cependant, dans le contexte de la panique financière, c'est le seul moyen, d'une part, de garantir l'obtention des fonds et, de l'autre, d'éviter la dépendance totale. En outre, puisque la concurrence pour l'espace postsoviétique est toujours en cours, on peut espérer bénéficier de meilleures conditions pour l'octroi de crédits.

RBC Daily, Vedomosti.ru

Les Russes se sentent encore peu touchés par la crise

Les Russes dans leur majorité pourraient ne pas remarquer la crise, de la même manière qu'ils n'ont pas remarqué le récent essor économique du pays, lit-on mardi dans les quotidiens RBC Daily et Vedomosti.ru.

D'après les données de la compagnie Bachkirova & partners qui a interrogé, entre les 10 et 17 octobre, 1.500 habitants de 110 localités du pays, 53% des Russes estiment n'avoir nullement été touchés par la crise, contre 31,6% qui affirment qu'elle les a touchés, mais "pas fortement", et 7,9% qui déclarent en avoir considérablement pâti.

Le premier "coup" de la crise a été ressenti par les habitants des mégapoles, qui investissent dans les titres ou travaillent dans les secteurs bancaire et financier. Cependant, le chômage et la réduction des revenus menacent les travailleurs de tous les secteurs: les employeurs ont commencé à économiser sur le personnel.

Les organisateurs du sondage en arrivent à la conclusion que la classe moyenne qui place son argent sous forme de titres est assez peu nombreuse. La plupart des citoyens n'ont pas les fonds disponibles, ou bien ils ne font pas confiance à ce type de placement. D'ailleurs, dans l'ensemble, la crise suscite de sérieuses appréhensions: 43% des Russes n'excluent pas une répétition de la crise financière de 1998. En fin de compte, la demande en devises étrangères s'est considérablement accrue, certains ont déplacé leurs épargnes de banques privées vers des banques publiques.

Cependant, les effets de la crise se répercuteront sur tout le monde. "Fin octobre, environ 380.000 personnes ont été confrontées à des retards de versement de salaires", a fait savoir hier Sergueï Mironov, président du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe). D'après ses données, une vague de licenciement d'environ 10% du personnel est observée dans tous les secteurs, surtout dans le bâtiment, le commerce et le secteur financier. Le nombre de Russes qui ont perdu leur travail ces dernières semaines approche les 100.000, affirme Sergueï Mironov.

"La crise concerne toutes les compagnies qui ont contracté activement des crédits", précise Tatiana Ivanova, consultante d'AKG RBS (Audit et consulting). Les compagnies suspendent des projets d'investissement, réduisent les frais et licencient le personnel, déplore-t-elle: au cours de ce dernier mois, les nouveaux demandeurs d'emploi ont été plus nombreux que d'ordinaire.

Mais 62% des Russes interrogés par le VTSIOM (Centre national d'étude de l'opinion publique) au cours d'un sondage effectué les 11 et 12 octobre auprès de 1.600 habitants de 140 localités affirment que personne de leur connaissance n'a perdu son travail ces deux ou trois derniers mois. A Moscou et à Saint-Pétersbourg, il y en a 74%. Un Russe sur quatre déclare que deux ou trois personnes de son entourage ont perdu leur travail. Seulement un Russe sur dix affirme que plusieurs de ses amis et proches ont été licenciés.

Gazeta, Gazeta.ru

ABM en Europe, militaires russes à Cuba

La Russie a entamé à Cuba des consultations en matière de défense antiaérienne, indiquent mardi les quotidiens Gazeta et Gazeta.ru.

Le travail avec le système de défense antiaérienne de l'île est une réponse du Kremlin au déploiement du bouclier antimissile américain en Europe de l'Est. Ces derniers temps, notent les experts, les relations entre Moscou et La Havane connaissent une amélioration rapide.

Une délégation conduite par le chef de l'état-major du système de défense antiaérienne de l'armée russe Alexandre Maslov s'est rendue lundi à Cuba. Il est prévu, entre autres, que les militaires russes examinent la possibilité de former en Russie les officiers cubains à la maîtrise des armements modernes. Pour cette raison, un représentant de l'Académie militaire de défense antiaérienne de Smolensk, la seule de ce type en Russie, fait partie de la délégation.

Il s'agit de la première visite sur l'île de militaires russes de haut rang depuis 2001, année de fermeture de la base de Lourdes. Le ministère de la Défense a annoncé qu'il s'agissait d'une visite de routine, revêtant un caractère purement technique, lié à l'exploitation des missiles sol-air portables Igla, Osa-AK et Kvadrat, ainsi que des radars mobiles P-18 Terek et P-19, en service dans l'armée cubaine.

Les missiles et radars de ce type protègent d'habitude les aérodromes, mais aussi d'autres moyens de défense antiaérienne, plus puissants et d'une plus grande portée (par exemple, les S-300 ou S-400).

Les experts militaires russes estiment que la mission ne se limitera sans doute pas à la réparation de vieux missiles antiaériens. Anatoli Tsyganok, directeur du Centre des prévisions militaires, établit des parallèles entre le déplacement du général Maslov et les projets américains de déploiement du bouclier antimissile en Europe. L'expert de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales de l'Académie russe des sciences Alexandre Pikaïev partage son avis. "Bien qu'officiellement, cette version soit rejetée et démentie, il est absolument évident que les actions de la Russie constituent une réponse au déploiement de systèmes américains de défense antimissile en République tchèque et en Pologne, ainsi qu'à la décision de l'OTAN d'aider la Géorgie à rétablir son système de défense antiaérienne", a-t-il déclaré.

L'été dernier, des rumeurs couraient selon lesquelles les bombardiers Tu-160, qui ont repris les vols de longue distance, pourraient utiliser Cuba en tant qu'aérodrome de transit. Ceci pourrait, disait-on, constituer une réponse à l'installation de l'ABM américain en Pologne et en République tchèque. Le ministère de la Défense avait alors confirmé que des avions russes avaient déjà atterri à Cuba pour procéder à la reconnaissance du terrain, tout en précisant qu'il ne s'agissait pas de bombardiers.

M. Tsyganok estime que l'apparition d'avions, navires et sous-marins russes à Cuba serait une suite naturelle de la visite actuelle. "D'abord, des manoeuvres conjointes devraient être prévues, puis il pourrait être question de livraisons d'armements", a indiqué le spécialiste.

"La Russie pourrait ensuite essayer de reconstruire les ports qui pourraient accueillir des bâtiments de guerre", a supposé Leonid Ivachov, vice-président de l'Académie des problèmes géopolitiques. Mais des livraisons directes d'armes lui semblent impossibles, "ne serait-ce qu'en raison de l'insolvabilité de Cuba".

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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