Revue de la presse russe du 21 novembre

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MOSCOU, RIA Novosti

Vedomosti/Kommersant/Gazeta.ru

Congrès de Russie unie: Poutine prend la crise en main

Vladimir Poutine s'est posé en vedette du Xe congrès de Russie unie, lit-on vendredi dans les quotidiens Vedomosti, Kommersant et Gazeta.ru.

Son rapport sur la lutte anticrise s'est voulu rassurant, en montrant que l'Etat aiderait les simples citoyens à traverser la crise sans dégradation conséquente de leur niveau de vie. En outre, le gouvernement l'a officiellement reconnu: la crise financière s'est transformée en crise économique. Les autorités ont décidé de soutenir l'économie malmenée par la crise en octroyant des dégrèvements fiscaux aux entreprises et en augmentant l'aide sociale aux citoyens.

"Le gouvernement joue un rôle thérapeutique", estime l'analyste politique Alexeï Makarkine. "On ne sait pas encore combien de temps nous mettrons à sortir de la crise, c'est pourquoi il est crucial de faire voir dès le début que rien de terrible ne se produit et qu'il n'est pas la peine de retirer son argent de ses comptes et de faire des provisions de denrées alimentaires". Le slogan "il y en aura pour tout le monde" témoigne du désir de Poutine de montrer qu'il a la situation bien en main, ajoute-t-il.

Le coprésident du parti Pravoïe delo Boris Titov a qualifié les idées du premier ministre de "justes" et "libérales", tout en doutant de leur opportunité: "Il s'agit de mesures pour l'économie d'après-crise. Il aurait fallu s'y prendre plus tôt, je crains qu'il soit déjà trop tard".

M. Titov n'a pas cependant approuvé l'initiative visant à soutenir les entreprises du complexe militaro-industriel (qui devrait se voir allouer 50 milliards de roubles): "A quoi bon soutenir ces entreprises avec des sommes aussi énormes? Qu'elles fassent faillite. Le complexe militaro-industriel doit prouver son efficacité, et les sommes provenant de l'aide artificielle de l'Etat seront englouties et usurpées".

Le passage d'une lutte contre le mot "crise" à un combat réel contre ce phénomène constitue un bon pas, estime l'analyste politique Dmitri Badovski. En septembre encore, l'élite et la société cherchaient à savoir si la crise pourrait arriver, rappelle-t-il. Ensuite, on s'est mis à raisonner pour déterminer si elle concernerait le secteur réel. Aujourd'hui, la question majeure est de savoir combien de temps sera nécessaire pour la juguler. La réaction de la classe politique et des dirigeants prouve que les réponses à la plupart des questions ont déjà été trouvées, estime M. Badovski.

Selon lui, les déclarations du congrès de Russie unie représentent en fait le deuxième volet du message présidentiel concernant la lutte anticrise, qui de l'avis de tous aurait dû être prononcé par Dmitri Medvedev: en fin de compte, Poutine a assumé l'initiative et la responsabilité politique, dans la droite ligne de la logique "tandemocratique": le président s'occupe des questions institutionnelles, tandis que le premier ministre a plus de pouvoir dans le domaine économique.

Les propositions du premier ministre ont été concertées avec le président, a pour sa part souligné Natalia Timakova, attachée de presse de Dmitri Medvedev.

L'auditoire n'a presque pas remarqué la déclaration du premier ministre sur la perspective "d'acquisition d'actifs de compagnies étrangères des hautes technologies afin de développer une coopération mutuellement avantageuse et de réaliser le transfert économiquement fondé d'une partie de la production vers la Russie". Le gouvernement russe semble toujours espérer que la crise entraînera en 2009 une baisse des titres des entreprises occidentales, surtout européennes: on sauve notamment l'économie russe dans l'espoir d'une percée future. Poutine et ses commentateurs ne se sont d'ailleurs pas étendus sur ce sujet.

Kommersant

Russie - Ukraine: une nouvelle "guerre du gaz"?

Gazprom menace l'Ukraine d'augmenter les prix de gaz jusqu'à dépasser les 400 dollars les 1.000 m3 si Naftogaz Ukraine ne s'acquitte pas de sa dette de 2,4 milliards de dollars, lit-on vendredi dans le quotidien Kommersant.

Le président russe Dmitri Medvedev a fermement confirmé que les intentions du monopole gazier étaient très sérieuses. Cette fois, les actes de Gazprom s'expliquent non seulement par des raisons politiques, mais aussi par des motifs économiques. Le géant gazier s'attend à des non-paiements sur le marché intérieur et à la réduction de 1,5% du plan annuel d'extraction, soit une perte de 2 milliards de dollars par rapport au bénéfice net planifié.

L'Ukraine ne reconnait pas la réclamation de la Russie. Le vice-président de Naftogaz Ukraine Vladimir Trikolitch a précisé que la dette de sa compagnie envers RosUkrEnergo, qui est le seul fournisseur de gaz en Ukraine et appartient à 50% à Gazprom, pour le gaz livré en 2008 se chiffrait, "compte tenu de toutes les nuances, à 1,26-1,27 milliard de dollars", et qu'il ne s'agissait "aucunement d'une dette" envers Gazprom. Le porte-parole de RosUkrEnergo Andreï Knoutov a cependant précisé, qu'il existait encore une amende d'environ 300 millions de dollars pour des paiements tardifs et un non-paiement de près de 900 millions de dollars pour les livraisons de novembre.

Selon des sources proches des négociations, Gazprom a demandé au début de la semaine à Naftogaz Ukraine de s'acquitter d'une dette de 2,4 milliards de dollars prenant en compte le paiement du transit de Gazprom pour la période de 2009 à 2010 tout en conservant le taux de transit, qui se chiffre actuellement à 1,7 dollars les 1.000 m3 de gaz par tranche de 100 km. Cependant, la balance des paiements de Naftogaz, déjà déficitaire, perdra dans ce cas-là une source de revenu garanti. Les interlocuteurs du journal affirment que les Ukrainiens ont refusé mercredi les propositions de Gazprom.

Les experts font remarquer que dans les conditions de la crise financière, les motifs de la guerre gazière entre l'Ukraine et la Russie ne seront pas exclusivement politiques: Gazprom va tenter de compenser sa perte de revenus. Valeri Nesterov de Troïka dialog estime qu'une baisse d'extraction se soldera par une réduction de 6-7% du niveau planifié des bénéfices nets (34,7 milliards de dollars). C'est pourquoi le bénéfice net de Gazprom en 2008 sera inférieur de 2 milliards de dollars au bénéfice prévu.

M. Nesterov indique également qu'il faut tenir compte de la baisse de la demande de gaz en Europe. "Les Européens ont complètement rempli leurs entrepôts à des prix moins élevés (qui ne dépassent pas actuellement 500 dollars les 1.000 m3), et leur demande en gaz sera pour un certain temps considérablement inférieure au niveau planifié", explique-t-il. Gazprom a déjà réduit le niveau envisagé des ventes à l'étranger lointain de 166,8 milliards de dollars à 161 milliards.

De plus, le monopole russe est menacé par des non-paiements. "Mezhregiongaz devra travailler dur au cours des six prochains mois pour être payé", a déclaré au début de la semaine le vice-président de Gazprom Valeri Goloubev. Selon une source à Gazprom, il ne s'agit pas encore de non-paiements, mais certaines grandes compagnies énergétiques et métallurgiques ainsi que des entreprises de ciment ont déjà déclaré, qu'ils ne pourraient pas régler leurs comptes fin novembre.

Gazeta.ru

Sotchi-2014 ou le sentiment du triomphe national

Il est probable que les scandales autour des Jeux olympiques de Sotchi ne cesseront que le jour de leur inauguration.

Seule une révolution pourrait priver la Russie du droit d'organiser l'Olympiade.

Tout le monde retire un avantage de la rumeur périodique selon laquelle la Russie pourrait être déchue du droit d'organiser les Jeux olympiques d'hiver. Dans le dernier épisode de cette série, la maire de la ville de Salzbourg (ancienne rivale de Sotchi), Gabi Burgstaller, a annoncé que "sa ville était disposée à offrir ses services" dans le cas où Sotchi ne s'acquitterait pas des préparatifs. Les autorités géorgiennes ont naturellement tout de suite fait chorus, car c'était une bonne occasion de rappeler qu'elles ont été offensées.

En outre, la réponse massive de la Russie à ces piques verbales, qui n'ont rien de sensationnel, semble cependant beaucoup plus intéressante. Premièrement, nombre de personnes, du porte-parole du ministère russe de l'Intérieur aux patineurs artistiques renommés, ont jugé nécessaire de se prononcer. Deuxièmement, tous ces propos ont prouvé leur inanité.

C'est en fait un nouveau prétexte pour montrer une fois encore au public russe l'hostilité des fonctionnaires géorgiens, manifester une totale confiance dans les forces russes, et faire mousser la fierté nationale. Rien ne renforce plus ce sentiment qu'une atteinte à une chose que la nation considère comme une victoire. Il est souhaitable que ces atteintes n'aient ni fondement, ni perspectives.

L'obtention par Sotchi du droit d'organiser les Jeux olympiques a été considérée en 2007 comme un succès de la Russie tout entière, dû aux efforts du leader de la Russie, et c'est un fait historique. Le président de la Douma (chambre basse du parlement russe) Boris Gryzlov, qui est d'habitude avare de définitions précises, a qualifié à l'époque les émotions de la plupart des citoyens de "sentiment de la victoire nationale". Le mécontentement local de certains écologistes, des habitants de Sotchi, dont les maisons étaient menacées de démolition, et de plusieurs sceptiques n'ont fait qu'accentuer ce moment de triomphe.

Depuis lors, comme il arrive toujours dans la vie, la victoire s'est quelque peu effacée de la mémoire et les passions se sont apaisées. Au moment où la Russie traverse une époque difficile, elles sont cependant plus nécessaires que jamais. La fierté de Sotchi est telle une réserve de sentiments les plus forts des citoyens, et qu'il faut actuellement dépenser. C'est pourquoi tout prétexte, même apparemment négligeable doit être utilisé avec le maximum d'efficacité.

En fait, il n'existe aucun scandale. Même l'histoire bien connue du boycott réciproque des Jeux olympiques en URSS et aux Etats-Unis (1980 et 1984) au point culminant de la guerre froide ne s'était pas soldée par un changement de lieux. Aujourd'hui, rien ne pourra aboutir à un tel résultat, sauf la chute d'un astéroïde ou une révolution. De plus, si les détracteurs et les adversaires des Jeux olympiques de Sotchi sont manifestement impuissants, il faut absolument en profiter.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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