1er septembre: 70e anniversaire du début de la Seconde Guerre mondiale

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Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

Le 1er septembre 1939 débutait la Seconde Guerre mondiale. Il est peu probable que quelqu'un ait compris ce jour-là l'ampleur du futur massacre résultant de l'invasion des troupes allemandes en Pologne.

On peut parler pendant des heures des causes de la guerre. De plus, certains pays de l'Europe de l'Est tentent actuellement d'imputer le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale non seulement à l'Allemagne, mais aussi à l'Union Soviétique.

La critique cible essentiellement le pacte Molotov-Ribbentrop, signé le 23 août 1939. Ce dernier est désigné comme le facteur ayant permis à Hitler de lancer l'offensive une semaine après sa signature.

Une telle estimation reste contestable. L'évaluation exacte de l'importance de ce document et de la responsabilité soviétique dans le déclenchement de la guerre requiert une analyse de la situation de l'URSS au moment de la signature du pacte.

Premièrement, pour ce qui est de l'aspect moral de "l'accord avec le régime nazi", il est nécessaire de rappeler qu'aucune des parties impliquées dans le conflit ne s'est fait prier pour signer les documents en question. C'est pourquoi, il est tout simplement insensé d'accuser l'Union soviétique et à plus forte raison la Russie actuelle d'immoralité diplomatique.

Deuxièmement, on s'est rendu compte en août 1939 de l'échec absolu des tentatives faites pour créer un front diplomatique antihitlérien. Les démarches visant à renforcer et élargir l'influence allemande en Europe étaient accueillies dans le meilleur des cas par le silence des pays occidentaux, quand elles ne bénéficiaient pas de leur soutien direct.

La conférence de Munich des 29-30 septembre 1938 a constitué l'apogée de la politique de "pacification". Ses résultats ne pouvaient se matérialiser qu'avec l'aide de la France et de la Grande-Bretagne, ce qui fut le cas. Qui plus est, la partition de la Tchécoslovaquie a réuni outre l'Allemagne, la Hongrie et la Pologne, future première victime de la Seconde Guerre mondiale.

Le 15 mars 1939 la Wehrmacht a occupé la Tchéquie. La Slovaquie a été proclamée Etat indépendant, et devint immédiatement satellite du Reich. L'Allemagne a obtenu en résultat non seulement le territoire tchèque, mais aussi l'industrie moderne et développée du pays.

L'idée de la construction d'un système de sécurité collective restait pourtant en vigueur. Les négociations de 1939 réunissant l'URSS, la France et la Grande-Bretagne étaient une nouvelle démarche en ce sens. Les discussions ont cependant échoué à cause de la position antisoviétique de la Pologne et de la Roumanie, qui ont refusé d'octroyer aux troupes soviétique le droit de passer par leur territoire en cas de guerre avec l'Allemagne. Quant à Paris et Londres, ils ont eux-aussi fait traîner les pourparlers.

De plus, la correspondance diplomatique publiée montre que les autorités polonaises n'ont pas prévu jusqu'au dernier moment le scénario défavorable.

Ainsi, l'Union soviétique craignait en été 1939 la formation d'un bloc anticommuniste en Europe dans le contexte de la neutralité de la France et de la Grande-Bretagne, ce qui a rendu la signature du pacte de non-agression avec l'Allemagne tout à fait naturelle dans la mesure où cette démarche visait à assurer la sécurité de l'URSS.

La Pologne n'a pu résister longtemps - trois semaines seulement - en l'absence de soutien réel de la part des Alliés. L'Union soviétique a obtenu sa part en occupant la Biélorussie occidentale et l'Ukraine occidentale, prises par la Pologne en 1920. Une partie du territoire a été également transmise à la Lituanie (encore souveraine), contrainte de céder à la Pologne la région de Vilnius en 1921.

Le 9 avril 1940 l'Allemagne a lancé son offensive contre le Danemark et la Norvège: la guerre en Occident a pris de l'ampleur. Les nazis et leurs alliés ayant conquis presque toute l'Europe continentale, Hitler a envoyé en 1941 ses troupes vers l'URSS, ce qui marqua le début de la Grande Guerre patriotique.

Outre l'ampleur des hostilités, la Seconde Guerre mondiale se distingue dans l'histoire par le massacre sans précédent de la population civile des territoires occupés et l'attitude barbare envers les prisonniers de guerre, caractéristique des pays agresseurs dans les années 1939-1945. Ces derniers ont violé toutes les règles et traditions écrites et non-écrites de la guerre. Les nazis ont exterminé des millions de victimes, dont la seule faute était de n'être pas issus de parents aryens: les Slaves, les Juifs, les Tsiganes, etc.

L'envergure de la Seconde Guerre mondiale, le nombre de victimes et l'ampleur des hostilités, ainsi que les changements intervenus dans le mode de vie ont stigmatisé la mémoire humaine, habituée dorénavant à faire la distinction entre les événements et les souvenirs "d'avant la guerre" et "d'après la guerre". De plus, le mot de "guerre" sans attributs supplémentaires a commencé à dénommer tout d'abord la Seconde Guerre mondiale ou, pour l'URSS, la Grande Guerre patriotique. Cette "guerre dans la guerre" a été le véritable centre du conflit mondial et s'est soldée par l'installation du drapeau rouge sur le toit du Reichstag.

L'impact de la guerre sur la structure politique, économique et militaire du monde n'a pas été moins important. La face de la planète a radicalement changé au cours de ces six ans. La chute des empires coloniaux, le conflit des blocs dirigés par deux superpuissances et l'épanouissement de conflit locaux - tous ces processus sont les répercussions de la Seconde Guerre mondiale. Tout comme la course aux armements nucléaires. Ayant mis fin à la Seconde Guerre mondiale, les explosions du 6 et du 9 août 1945 ont déclenché une nouvelle guerre, la guerre froide, qui reste partiellement présente même aujourd'hui.

Les idées exprimées dans ce texte n'engagent que la responsabilité de leur auteur.

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