SERGUEI PARADJANOV, L’HOMME A CHEVAL SUR DEUX EPOQUES

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L’Arménien qui est né en Géorgie et a fait la prison en Russie sous inculpation de nationalisme ukrainien.
L’Arménien qui est né en Géorgie et a fait la prison en Russie sous inculpation de nationalisme ukrainien. Cette formule à la fois véridique et amère s’applique au remarquable réalisateur du XXème siècle Serguei Paradjanov dont la création sera au centre d’un festival d’envergure qui se déroulera entre le 22 février et le 2 mai è Londres et Bristol.
Son ami, le légendaire réalisateur Andrei Tarkovski, appelait Serguei Paradjanov le plus libre des artistes. En effet, on aurait du mal à trouver parmi ses contemporains en Union Soviétique un homme plus indépendant qui aurait une façon de penser à la fois aussi paradoxale et poétique, l’homme sachant no seulement tourner les films mais encore créer des œuvres d’art figuratif littéralement au départ de déchets. Ses tableaux et collages fantastiques sont réunis dans le musée qui porte son à Erevan, capitale d’Arménie. C’est sans doute grâce à cette liberté intérieure que le maître pouvait s’imprégner de l’esprit de n’importe quelle culture nationale pour l’adapter ensuite à l’écran. De nationalité arménienne, il a fait ses études à Moscou, a travaillé en Ukraine, en Arménie et en Géorgie. Son film légende « Les ombres des ancêtres oubliés » qui traite d’un amour lumineux et tragique, a donné naissance au soi-disant cinéma métaphorique et poétique ukrainien. Le festival de Venise et le Comité du prix Oscar s’arrachaient littéralement son adaptation du conte turc Achik-Kerib dont on doit la traduction poétique russe au grand poète russe Mikhaïl Lermontov. Le critique de cinéma russe Naoum Kleiman est certain que Paradjanov l’avait bien mérité.
On peut dire que Paradjanov est un réalisateur transcaucasien tant ses films résonnent des motifs géorgiens, arméniens et azéris et laisse apparaître des influences iraniennes et turques. Il est encore et par excellence un remarquable réalisateur ukrainien et disciple de l’école cinématographique de Moscou. Il est sans conteste un phénomène de rayonnement mondial et, comme tout grand artiste, son message est parfaitement compris partout dans le monde.
Ce n’est pas un hasard si le gratin du cinéma mondial, Godard, Truffaut, Fellini et Visconti, ont lancé une puissante campagne de protestation, quand dans les années 1970 Paradjanov s’est retrouvé en prison inculpé d’homosexualisme. En réalité les autorités de l’Union Soviétique n’ont pas pardonné au réalisateur le soutien ouvert qu’il apportait à la cause des intellectuels ukrainiens qui combattaient l’idéologie communiste. Une longue interruption est survenue dans la création de Paradjanov après son film « La couleur de la grenade ». Il a fallu aux spectateurs toutes ces années pour comprendre l’étonnant message novateur véhiculé par ce film. C’est en fait une œuvre de vidéo art qui était parfaitement inconnu à l’époque. D’ailleurs, « la couleur de la grenade » qui reproduisait des scènes de la vie du grand poète arménien Saïat Nova dans une alternance d’images à la fois statiques et d’un raffinement exquis, est en plus une incarnation de l’esthétique des enluminures arméniennes anciennes. « Il a exercé une influence énorme sur le cinéma mondial en faisant une synthèse du folklore et de la culture,- dit Naoum Kleiman.
Londres et Bristol pourront voir la rétrospective complète des films de Paradjanov, les collections du musée de Erevan et beaucoup d’autres choses associées au nom de ce grand artiste.
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