Championnat du monde : les stars travaillent en équipe

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À l’issue des rencontres de huitième de finale a été noté un record. Pour la première fois de toute l’histoire des championnats du monde, il y a plus d’équipes d’Amérique du Sud au stade des quarts de finale que d’équipes européennes.

À l’issue des rencontres de huitième de finale a été noté un record. Pour la première fois de toute l’histoire des championnats du monde, il y a plus d’équipes d’Amérique du Sud au stade des quarts de finale que d’équipes européennes. Respectivement quatre et trois. Ce dernier groupe est «dilué» par le Ghana, représentant l’Afrique. Tous les joueurs d’Asie ont rejoints leurs clubs respectifs pour regarder la fin du tournoi à la télévision.

Les discussions cherchant à déterminer quelles équipes sont les meilleures au stade actuel des événements – les européennes ou les sud-américaines - prennent une nouvelle tournure avec l’entrée dans les huit premières équipes du monde du Brésil, de l’Argentine, de l’Uruguay et du Paraguay. La sortie rapide du championnat du monde, aux toutes premières étapes, de l’Italie, de la France (les deux équipes n’ont pas réussi à quitter leur groupe) et de l’Angleterre, restée en huitième de finale, devient l’argument des apologistes du football sud-américain. Rien de plus normal car l’Angleterre, la France et l’Italie font partie des cinq meilleures équipes de l’Europe Occidentale. Eh bien, parmi ces cinq équipes, seules l’Allemagne et l’Espagne sont restées dans la course. En quart de finale elles devront affronter l’Argentine et le Paraguay (les Pays-Bas joueront contre le Brésil et le Ghana contre l’Uruguay). On ne peut qu’imaginer ce qui va se dire de la puissance incroyable de l’Amérique du Sud en cas d’ascension à la demi-finale de l’Uruguay et du Brésil, d’un côté, et de l’Argentine et du Paraguay, de l’autre.

En attendant, les discussions autour des avantages de l’une ou de l’autre école de football dans le monde actuel n’ont plus aucun sens. Si auparavant, il y a 30-40 ans, personne ne parlait de l’interpénétration des cultures de football, aujourd’hui cela devient la base du développement du jeu dont le centre se trouve indéniablement sur le continent européen. Les jeunes joueurs prometteurs brésiliens, argentins et d’autres pays sud-américains, partent en apprentissage dans les clubs de football européens à un âge encore jeune. Ronaldo serait, sans doute, resté « macérer dans la sauce brésilienne » s’il ne s’était pas retrouvé aux Pays-Bas réputés pour leur méthode exceptionnelles de préparation de joueurs de très haut niveau, et ensuite en Italie.

Cadet talentueux, Lionel Messi a intégré Barcelone. Ce club catalan, connu pour son école, qui rassemble les talents du monde entier, a fait de lui une star du football. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent. Il suffirait de dire que 70% des joueurs représentant le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay au championnat du monde, jouent dans les clubs d’Europe Occidentale. Ils s’entraînent sous la direction des meilleurs spécialistes européens, très qualifiés, en étudiant les meilleures tactiques et stratégies et en apprenant les méthodes modernes de jeu. Tous les joueurs avec du potentiel aspirent à quitter l’Amérique du Sud et à rejoindre, coûte que coûte, les clubs européens. Les salaires y sont plus élevés, on y trouve une excellente possibilité d’améliorer son jeu et de grandes chances d’avancement. Même Diego Maradona le reconnaît.

Les huit équipes restées dans la course se ressemblent par leur aspiration à montrer un jeu collectif. Bien sûr, il repose sur des stars mais le succès n’appartient qu’à ceux qui soumettent leur ego de façon équilibrée aux méthodes collectives de jeu. Ce sont les équipes d’Espagne, du Brésil, d’Argentine, d’Allemagne et des Pays-Bas qui en représentent les meilleurs exemples. L’une de ces équipes gagnera, sans doute, la coupe du monde, et ce n’est pas si simple d’obliger des stars, des meneurs de jeu sur le stade et au vestiaire et des millionnaires à se soumettre aux intérêts de l’équipe, en restant parfois dans l’ombre des partenaires.

Rappelons que l’équipe de France n’a pas réussi à le faire. Les conflits, les querelles entre les joueurs, entre les joueurs et les entraîneurs ont conduit à un jeu individuel de la part de chaque joueur-vedette. Les stars françaises ont fait ce qu’elles ne se seraient jamais permis de faire dans leurs clubs respectifs. Alex Ferguson, l’entraîneur du Manchester United, n’aurait jamais permis à Patrice Evra, son défenseur arrière, de s’aventurer dans des attaques au détriment de l’équipe, en se faisant prendre au dépourvu par la contre-attaque de l’adversaire. Louis van Gaal, le collègue de Ferguson et l’entraîneur du Bavaria, aurait immédiatement renvoyé sur le banc de touche Franck Ribery si ce dernier, en Ligue des champions, s’était obstiné à perdre ballon après ballon, en tentant de dribbler tous les adversaires sur sa route en dépit du bon sens. Carlo Ancelotti, l’entraîneur du Chelsea, aurait certainement insisté sur le transfert de Nicolas Anelka s’il se conduisait de la même manière que dans l’équipe de France.

D’autre part, les Argentins Gabriel Heinze de l’Olympique de Marseille, Javier Mascherano du Liverpool, Gonzalo Higuain du Real de Madrid, Carlos Tévez du Manchester City et Lionel Messi de Barcelone, les piliers du jeu de l’équipe d’Argentine, font de leur mieux pour leur équipe. La même chose pourrait être dite des Brésiliens Maicon et Luisão de l’Inter de Milan, Elano Blumer du Galatasaray, Kaka du Real de Madrid, Luis Fabiano du FC Séville et Robinho du Santos, l’un des rares à représenter un club brésilien. Aucune star, aussi bien du Real que de Barcelone, jouant dans l’équipe d’Espagne, qui a remporté le championnat d’Europe il y a deux ans, ne déborde des limites du jeu collectif.

Ils font tout ce que les stars du football anglais telles que Wayne Rooney, Frank Lampard, Ashley Cole et Steven Gerrard n’ont pas réussi à faire, laissant l’équipe nationale au second plan, ce qu’ils ne seraient jamais permis dans leurs propres clubs. Le premier plan était occupé par leurs propres ambitions. Certes, la sortie prématurée de l’Angleterre pourrait s’expliquer par l’excès de légionnaires pullulant dans les clubs anglais (Fabio Capello, l’entraîneur italien de l’équipe anglaise explique que son choix de joueurs est limité à 60 noms et c’est encore pire du côté des gardiens : les gardiens des meilleurs clubs anglais sont tous étrangers), par une saison particulièrement éprouvante pour les joueurs (la plupart ont disputé plus de 60 matchs). Toutefois, il paraît que le nœud du problème serait dans l'absence d'un jeu d’équipe digne de ce nom.


Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

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