La Russie vue par la presse francophone le 10 août

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Russie: des sites nucléaires toujours menacés, Poutine combat les feux/ Popularité en berne pour Medvedev/ Russes cherchent air désespérément

L'Express

Russie: des sites nucléaires toujours menacés, Poutine combat les feux

Moscou respirait enfin un peu mardi, la fumée s'y étant en partie dissipée, mais les incendies continuaient de faire rage en Russie, notamment près de sites nucléaires, alors que la pays évaluait ses pertes économiques et humaines en raison de la canicule.

Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, fidèle à son image d'homme d'action, a été filmé à la place du copilote dans un bombardier d'eau, procédant aux largages qui ont permis d'éteindre deux incendies près de Riazan (200 km au sud-est de Moscou).

Après quelques "instructions éclair", il "a dirigé aussi bien la prise d'eau que le largage sur les forêts en feu", s'est extasié l'agence Ria Novosti.
Les incendies continuaient par contre aux environs d'installations stratégiques, dont le centre nucléaire de Sarov (500 km à l'est de Moscou) où sont fabriquées des armes atomiques, a annoncé mardi une cellule ce coordination régionale. Deux militaires y sont morts en luttant contre le feu.

Près de 500 hommes étaient mobilisés pour préserver un autre centre d'armement nucléaire à Snejinsk, dans l'Oural (1.500 km à l'est de Moscou), selon le ministère des Situations d'urgence.

Les autorités avaient aussi révélé lundi avoir décrété l'état d'urgence autour du centre de retraitement et de stockage de déchets nucléaires de Maïak, dans la même région.

Après près de deux semaines d'incendies qui ont fait 54 morts et détruit notamment deux bases militaires près de Moscou, les feux s'étendaient toujours sur une surface de 175.000 hectares à travers le pays. Le ministère des Situations d'urgence a néanmoins fait état d'une réduction du nombre de feux.

"Nous continuons d'observer une tendance positive", a déclaré Vladimir Stepanov, haut responsable au ministère, précisant que les feux des tourbières à l'origine de la fumée nocive qui enveloppe la capitale russe depuis plusieurs jours ont aussi diminué.

La qualité de l'air s'est améliorée à Moscou, le taux de monoxyde de carbone étant 1,4 fois supérieur au seuil d'alerte, contre 2,2 fois la veille.

Les autorités n'ont par contre toujours pas fourni de bilan global de la canicule frappant la Russie depuis six semaines, alors qu'un responsable de la mairie de Moscou a reconnu lundi que la mortalité avait doublé dans la capitale.

La mortalité aurait également augmenté de 25% dans la région de Moscou dans les trois dernières semaines.

De son côté, le président Dmitri Medvedev a rejeté lundi les critiques sur la mauvaise préparation du pouvoir face à l'ampleur d'une catastrophe pourtant prévisible au regard de la sécheresse et de la chaleur.

"Il est plus facile de maîtriser les feux au Luxembourg qu'en Russie", a-t-il dit.

Il a cependant critiqué l'action de certains fonctionnaires, ce qui a conduit au limogeage mardi du chef du département des forêts de Moscou et sa région, ce dernier n'ayant pas interrompu ses vacances malgré les incendies.

Les regards se sont aussi tournés vers le maire de Moscou, Iouri Loujkov, tout bronzé, qui n'est rentré de congés que dimanche et a aussitôt été convoqué par Vladimir Poutine.

"C'est bien que Iouri Mikhaïlovitch (Loujkov) soit rentré (...) mais c'est dommage qu'il ne l'ait pas fait plus tôt", a relevé une source du Kremlin citée par les agences russes.

La Suède a à son tour déconseillé mardi à ses ressortissants de se rendre dans les régions touchées par les incendies en Russie et notamment à Moscou, dans un communiqué de son ministère des Affaires étrangères.

Enfin, des analystes ont dressé un premier bilan économique de la catastrophe, notant que les incendies vont coûter à la Russie au moins 15 milliards de dollars, soit 1% du PIB, alors que le pays se relevait à peine de la crise.

Le Figaro

Popularité en berne pour Medvedev

La popularité du président russe Dmitri Medvedev et du Premier ministre Vladimir Poutine était en juillet à des niveaux les plus bas depuis 2008, avec les incendies de forêt qui touchent le pays.

"La chaleur et la fumée ont fait baisser la popularité du gouvernement dans son ensemble", indique l'institut Vtsiom, dans un communiqué disponible sur son site internet.

Selon cet institut, la cote de popularité de chaque ministre est en baisse, le ministre des Ressources naturelles Iouri Troutnev baissant à 9%, alors que celui des Situations d'urgence Sergueï Choïgou reste le plus populaire à 75% (-3).Concernant les premiers personnages de l'Etat, selon un sondage réalisé par l'institut FOM les 31 juillet et 1er août, 52% des personnes interrogées déclaraient faire confiance au président Medvedev. Ce chiffre était de 61% pour Vladimir Poutine, selon ce sondage réalisé avant que les incendies de forêt ne prennent de l'ampleur.

Les cotes de popularité de M. Medvedev et Poutine étaient respectivement de 62% et 69% en janvier 2010, rappelle cet institut.

La popularité de Dmitri Medvedev et Vladimir Poutine, dont la chute est toute relative dans un pays où les chaînes de télévision sont sous un contrôle étroit, et où l'opposition a été laminée depuis 2000, s'était en fait déjà abaissée à ces niveaux en juin.

Selon l'institut Vtsiom, la cote de popularité de Dmitri Medvedev est passée de 44% en janvier 2010 à 39% en juillet. De son côté Vladimir Poutine a également vu baisser sa popularité de 53% en janvier à 47% en juillet.

Les chiffres du Centre Levada, un institut indépendant, montrent pour leur part une popularité stable pour Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev, mais à un niveau moindre. M. Medvedev bénéficiait en juillet, comme en janvier dernier, de la confiance de 39% de ses concitoyens. La popularité de Vladimir Poutine était elle aussi stable à 48%, selon le même institut.

Le Point

Russes cherchent air désespérément

u centre social d'Arbat, en plein coeur d'une Moscou enfumée, on se shoote à l'oxygène. Personnes âgées, mères avec enfants ou jeunes gens, tous ceux qui n'ont pas pu s'échapper de la capitale se pressent mardi dans ce centre antifumées. Objectif : bénéficier d'un espace préservé. "Il y a deux jours, au pic du smog, on a accueilli 85 personnes. Les gens se plaignent de maux de tête et de l'incapacité de se concentrer. Le remède le plus populaire c'est le cocktail d'oxygène, raconte la directrice de l'établissement, Natalia Aboumova. Les gens en prennent et veulent en reprendre encore. On distribue également des masques de protection, on prépare des tisanes, et bien sûr on a de l'eau."

Ce foyer, bien connu des gens du quartier, accueille, depuis dimanche, l'un des 123 centres antifumées ouverts par la ville de Moscou afin que ses habitants "reprennent leur souffle". Les Moscovites qui, depuis une semaine, suffoquent entourés de tourbières et de forêts brûlantes, ont aussitôt pris d'assaut ces "oasis"... qui s'avèrent difficiles à trouver. Car, si les médias ont relayé l'information à grand coups de dépêches et d'images de souriants retraités remerciant la mairie, seul un petit lien sur le site du Département social de la mairie mentionne la liste des centres d'aide sociale.

Et, une fois sur place, le constat est sans appel : ces "coins de repos" comme ils sont aussi appelés, ne collent pas tout à fait au discours des officiels municipaux. Contrairement aux promesses, une grande partie des centres n'est pas climatisée. Un désagrément plus que regrettable, alors que Moscou fait face à un taux de pollution surélevé. Le nombre de morts a augmenté de près de 30 % en juillet dans la capitale, en raison de la canicule et des fumées.

La situation est particulièrement inquiétante dans les quartiers populaires, situés en périphérie. Là-bas, les centres antifumées ne disposent que de ventilateurs. Alors, pour se refroidir, les plus mal lotis passent leur temps dans les banques, où l'air climatisé est frais toute l'année.

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