Les discussions sur l’échec du multiculturalisme sont dangereuses, et la thèse sur l’absence des perspectives pour la coexistence de diverses cultures est inacceptable pour la Russie, a jugé le chef de l’Etat russe Dmitri Medvedev lors du Conseil d’Etat à Oufa, consacré aux problèmes interethniques.
L’influence réciproque des cultures – est-ce leur enrichissement ou l’asservissement des unes par les autres ? L’existence et le développement de différentes ethnies en territoire d’un Etat monocultural est-il possible ? Depuis déjà plusieurs mois ces interrogations animent les débats politiques engageant des leaders de pays européens. A la fin de l’année dernière la chancelière de la RFA Angela Merkel a évoqué l’échec de la politique mondiale de multiculturalisme et a appelé les immigrés à s’adapter aux traditions européennes. Un peu plus tard le sujet a été repris par les ex-Premiers ministres d’Australie et d’Espagne John Howard et José-Maria Aznar. Tandis qu’il y a quelques jours le chef du gouvernement britannique David Cameron a parlé de l’échec de la politique du multiculturalisme, en invitant de jeunes musulmans à intégrer plus à fond dans la société britannique, comme mesure pour prévenir le développement de l’extrémisme dans le pays. Le président français Nicolas Sarkozy a dit, lui, que la France n’allait pas changer de mode de vie et s’adapter aux traditions des immigrés. Parmi les traditions, étrangères aux Français M. Sarkozy a rangé l’interdit à l’instruction pour les filles et le port du voile intégral.
Le concert des leaders européens a été perturbé par Dmitri Medvedev, qui a déclaré au Conseil d’Etat, qu’en renonçant au multiculturalisme on pouvait détruire les traditions, ce qui était dangereux, et que dans les Etats européens on devait le comprendre aussi:
En Europe il est devenu à la mode de parler de l’échec du multiculturalisme. On prétend que l’essor harmonieux de différentes cultures dans un seul pays, où une nation prédomine, n’est pas la bonne voie. Et qu’il serait mieux si toutes les autres cultures n’évoluent que dans le sillage des traditions et des valeurs de la nation titulaire. Je crois que ce serait trop simpliste dans le cas de notre pays, en dépit du rôle, joué par la culture russe. Oui, les traditions fondamentales du pays doivent être respectées, tous ceux qui viennent chez nous doivent connaître la langue officielle – le russe. Mais à la fois, nous le comprenons, dans notre Etat, comme dans aucun autre, il y a une pratique unique de coexistence et de l’essor de diverses ethnies et cultures, qui s’enrichissaient, aidaient l’une les autres dans les périodes les plus dramatiques de leur histoire. Il est inadmissible de gaspiller tout ce qui avait été créé dans les années précédentes.
« Je compte que les dirigeants des sujets de la Fédération considèrent le maintien de l’unité interethnique comme la question la plus importante de leurs activités. La Russie ne survivra pas en tant qu’un Etat sans une entente interethnique », a estimé le président.
