De nouvelles puissances mondiales montrent leur force

© RIA Novosti . Dmitry Astachov / Accéder à la base multimédiaBRICS
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La visite du président russe Dmitri Medvedev sur l’île chinoise de Hainan repose sur une logique interne précise.

La visite du président russe Dmitri Medvedev sur l’île chinoise de Hainan repose sur une logique interne précise. Au début, le sommet du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui s’est terminé le 14 avril, puis la participation du président russe et des dirigeants des pays ci-dessus nommés au forum d’affaires de Boao sur la même île vendredi. Quel que soit l’appellation de ces événements, ils se réduisent en fait à la même chose: l'accession d’un groupe d’Etats, dont la Russie, à un statut plus avantageux dans le monde.

L’alliance de modernisation-2

Dans l'intervention de Dmitri Medvedev au forum de Boao, le plus intéressant semble la mention faite pour la première fois du slogan et du thème avancés par la Russie pour sa présidence de l’APEC (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique) en 2012, cette présidence devant s’achever par le forum de Vladivostok. Dmitri Medvedev a dit la chose suivante: "Nous sommes ouverts à un partenariat aussi large que possible dans le domaine de la modernisation, et nous prévoyons de mettre ce thème au premier plan dans le cadre de la future présidence de la Russie de l’APEC l’année prochaine."

Le choix du thème clé avait fait l’objet d’une discussion très intéressante, dont pratiquement tous les points se retrouvent dans le discours de Medvedev à Boao: la création d’un système de sécurité dans le Pacifique, la coopération dans le domaine énergétique… Bref, tous les vecteurs de la politique de Moscou sur l’axe oriental ont été énumérés. Plusieurs fonctionnaient bien, d’autres un peu moins, et certains nécessitaient une mise à jour complète. Mais la modernisation a remporté la victoire. Ce qui était presque prévisible: en fin de compte, il s’agit du thème clé de toute la présidence de Dmitri Medvedev.

En ce qui concerne la politique russe sur l’axe occidental (l’UE et les Etats-Unis), le sens de "l’alliance de modernisation" sous-entendu par Moscou est clairement politique. Il réside dans le fait que les longues et vaines tentatives "d’isoler" la Russie pendant la présidence de Vladimir Poutine sont depuis longtemps dans l’impasse, et voici le moyen d'en sortir: nous coopérons dans le domaine de modernisation technologique de l’économie russe, qui sera inévitablement suivie de la modernisation politique (et non pas l’inverse). Dans l’ensemble, c’est une bonne suggestion.

Les forces libérales russes, en général enclines aux illusions en politique étrangère, ont immédiatement conféré à cette formule simple de l’alliance de nombreuses significations supplémentaires. Comme quoi, il s’agirait d’un tournant décisif de Moscou vers l’Occident, au grand dam des despotes orientaux, en l’absence de choix, car toutes les ressources de la modernisation se trouvent exclusivement aux Etats-Unis et dans l'Union européenne. Mais il serait étrange de réaliser de tels "revirements" précisément au moment où l’Occident lui-même se tourne vers l’Orient, lorsqu’il est de plus en plus clair que le potentiel de modernisation et de nombreuses autres ressources se déplacent de plus en plus là où se développent activement les nouvelles puissances. Ces mêmes puissances qui se réunissaient avant le forum à Boao sur la même île pour le sommet du BRICS.

L’argent et le Conseil de sécurité

Les résultats du troisième sommet du BRICS sont très flous et mal commentés par la presse mondiale. Ce qui est en partie compréhensible, car nous sommes face à un phénomène relativement nouveau, l’alliance de pays très différents et pas toujours amicaux, mais mus par la même idée, à savoir que le monde change. Il est possible d’accélérer le changement en unissant les efforts lorsque c’est possible.

Il est rare qu’une déclaration finale permette de comprendre le déroulement réel des entretiens et des discussions lors d’un sommet.

Le document présente une vision relativement claire du chemin à suivre par le monde: vers une plus grande équité et justice (avant tout la justice pour les 3 milliards d’habitants du BRICS qui génèrent jusqu’à 50% de la croissance économique mondiale et qui ont, en fait, sauvé le monde de la crise). Les mesures prises et qui seront prises pas le BRICS pour établir une plus grande équité ont été indiquées. Il est avant tout question des devises et des finances, d’une répartition plus équitable des quotas dans le cadre du Fonds monétaire international, par exemple.

Mais il existe également des thèmes politiques. Pour être bref, il s’agit de la Libye. Entre autres sujets militaro-politiques parallèles. Le fait est qu’à l’heure actuelle, les cinq membres du BRICS font partie du Conseil de sécurité des Nations Unies, et deux pays sont membres permanents jouissant du droit de veto. Il est déjà clair que les "nouvelles puissances" demanderont prochainement des comptes à ceux qui tentent d’outrepasser le mandat qui leur a été confié en Libye. Autrement dit, le BRICS veut ancrer sa philosophie des relations internationales.


L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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