Crise syrienne : débats sur fond d'effusion de sang

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La situation en Syrie a fait monter la pression pour la 67ème Session de l’Assemblée Générale de l’ONU à New York. Des opinions diamétralement opposées sont exprimées au sujet de l’avenir de ce pays.

D’une part, activement soutenu par la France et la Tunisie, le Qatar a appelé à intervenir dans le bras de fer entre le pouvoir et les insurgés. D’autre part, Moscou, Téhéran et le Caire ont pris position en faveur d’un règlement pacifique du conflit. Le président russe Vladimir Poutine a pris indirectement part à ce débat en faisant valoir le caractère inadmissible de toute action au détour de l’ONU et le danger que recèlent les accords dans le cadre de blocs et de l’usage de la force contre un État souverain.

Les adversaires du régime de Bachar Assad qui appellent à son renversement de l’extérieur mettent surtout en avant l’incapacité de l’ONU sous sa forme actuelle. Le premier ministre britannique David Cameron, a ouvertement déclaré que le sang des enfants tués au cours de la guerre civile en Syrie « est une souillure sur la réputation de l’ONU ». Le président français François Hollande n’a pas mâché ses mots non plus. Il a qualifié de choquante l’inaction du CS de l’ONU. A son tour, la secrétaire d’État des États-Unis Hillary Clinton s’est également permis une expression imagée en disant que le Conseil de Sécurité s’était comporté en paralytique à l’égard de la Syrie. Le chef du Pentagone Leon Panetta a également déclaré que Washington soutiendrait l’opération militaire contre la Syrie avec l’aval de la communauté internationale en précisant que l’opération unilatérale montée par les États-Unis serait « une grave erreur ».

Le président ruse Vladimir Poutine a une autre vision du rôle de la communauté internationale dans le règlement du problème syrien. A la cérémonie de remise des papiers de créance aux ambassadeurs étrangers à Moscou, il les a mis en garde contre des actions irréfléchies.

« La suprématie du droit doit être assurée dans l’arène internationale au même titre qu’à l’intérieur des États eux-mêmes. Cela se rapport directement aux processus qui ont lieu dans les points chauds de la planète, surtout au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Les différentes formes d’incitation à la poursuite de la violence dans le but du changement des régimes, conduit dans l’impasse. Le monde contemporain doit être régi par le droit international et les tentatives de substituer les actions unilatérales, la mentalité de bloc ou, à plus forte raison, l’usage de la force aux principes universels de la Charte de l’ONU, sont malvenues et risque de dégénérer en déstabilisation et en chaos ».

Le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon a déclaré devant les délégués de l’AG que le conflit que le conflit syrien devait être réglé par les voies exclusivement pacifiques.

« Le conflit en Syrie est devenu une menace pour la sécurité dans la région et le monde dans son ensemble. Des femmes et des enfants périssent dans sa fournaise. J’appelle tous les pays à reconnaître qu’il n’existe pas de solution militaire de cette question ».

Il est évident que les dirigeants occidentaux ne pouvaient pas ne pas faire de déclarations cinglantes à New York. Poussés par les États-Unis, ils songent de plus en plus souvent à « mettre au pas » Damas et Téhéran au détour de l’ONU et à revoir tout le système actuel des relations internationales. Ils ont été bien servis par l’appel du cheikh du Qatar Hamad ben Halif al-Tani qui a invités les délégués à songer à une intervention militaire en Syrie en commençant comme cela s’est déjà passé en Libye par la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne. Il s’agit là d’une tendance très dangereuse, estime le politologue Igor Korotchenko :

« Le Qatar se donne les airs d’un boutefeu. Cet État a beaucoup d’argent et voilà que ces dirigeants commencent nourrir des ambitions. Nous nous souvenons tous de l’incident absolument révoltant avec l’ambassadeur russe. Nous savons en plus que le Qatar finance les changements négatifs qui se produisent en Afrique du Nord. Il est également derrière les rebelles syriens. Il me semble que le temps est venu d’introduire des sanctions contre ce « nain gazier ».

Les élites occidentales et leurs partenaires au Proche-Orient sont visiblement fâchés par la position de Moscou et de Pékin qui bloquent systématiquement l’adoption de nouvelles résolutions du CS de l’ONU concernant Damas. David Cameron a, par exemple, établi un lien indirect entre les nombreuses victimes du conflit et la position ferme prise par le Russie et la Chine. A croire que leur nombre n’augmenterait pas en cas d’opération militaire extérieure. Mais c’est surtout l’insatisfaction qui est derrière les appels des pays occidentaux à intervenir radicalement dans le conflit syrien. C’est l’opinion du rédacteur en chef de la revue La Russie dans la politique globale Fédor Loukianov :

« Nous avions l’impression que la Syrie étaient momentanément mise à l’écart parce qu’il n’y avait rien de nouveau. C’est réellement une impasse parce qu’aucune des parties n’arrive à prendre le dessus. De plus, il y a eu cette histoire de l’assassinat de l’ambassadeur des États-Unis en Libye et le scandale du film L’Innocence des musulmans. Certains aux États-Unis ont commencé à s’interroger : « mais qui aidons-nous là-bas et pourquoi le faisons-nous ? ». Mais le conflit continue et ses forces motrices sont toujours là. L’Occident dans son ensemble supporte mal un si long séjour de Bachar Assad au pouvoir. Il aurait dû sauter depuis un bon moment mais il est toujours là. Par conséquent, c’est la faute à l’Occident ».

Le président égyptien Mohammed Morsi a fait du règlement du problème syrien une de ses priorités. Il a ajouté qu’il délivrerait la Syrie de la menace de l’intervention militaire étrangère et a donné des assurances que l’Égypte y était opposée. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov estime aussi que la crise ne peut être surmontée que par une consensus national et un vaste dialogue inter-syrien sous l’égide de l’ONU.

« Nous condamnons les actions violentes de toute natures et les violations des Droits de l’Homme et du droit humanitaire international qu’elles soient le fait du gouvernement syrien ou de l’opposition armée ».

Le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU a adopté entre-temps, ce vendredi, une résolution condamnant les agissements de Damas pendant les évènements de mai à Hula et prorogeant le mandat de la commission internationale chargée de les instruire. Quelques 100 personnes dont 30 enfants avaient alors été massacrés dans le village de Hula près de Homs. Les opposants et l’Occident se sont empressés d’en accuser le gouvernement syrien sans aucune preuve irréfutable à l’appui comme d’habitude. La Russie, la Chine et Cuba ont voté contre cette résolution.

En Syrie, le sang continue à couler sur fond des débats houleux à New York. Les observateurs attirent l’attention sur l’activité accrue des combattants de l’opposition armée qui semblent puiser leur inspiration dans le soutien extérieur. Le nombre d’attentats se multiplie. Plus de 300 personnes ont été tuées en Syrie dans la nuit de mercredi à jeudi. C’était la journée la plus sanglante depuis le début du conflit syrien. /L

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