Le journal des Balkans d’un journaliste russe. Le jour où une roquette soviétique a abattu un F-117A. Partie 2

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Après que Dragan Matic et ses camarades eurent abattu le F-117A, la Maison Blanche et le Pentagone ont demandé à la direction de la République fédérale de Yougoslavie de restituer l'épave de l'avion aux Etats-Unis. Mais Belgrade a évidemment refusé. Actuellement cet avion furtif est exposé au Musée de l'aviation. Nous avons poursuivi notre discussion avec Dragan Matic.

La Voix de la Russie : Vos estimations étaient justes. Comment les Américains avec leurs AWACS et leur équipement militaire nouveau ont-ils pu placer l’avion dans une zone où un missile soviétique pouvait l’atteindre ?

Dragan Matic : Nous avons défendu notre patrie et accompli notre devoir. Nous étions aussi une cible et on nous surveillait depuis les satellites américains et les AWACS. Nous essayions donc de ne pas laisser passer les signaux. Si l’on est détecté par un radar ennemi pendant plus de 20 secondes, on est mort. Je pense qu’ils ont lancé ces avions furtifs alors en cours de production pour les vendre à leurs alliés dans le monde entier. Ces machines coûtent cher : plus de 50 millions de dollars par unité. On parlait beaucoup de ces appareils, mais c’est de la publicité pour le Pentagone. Cet avion n’est pas très rapide en vol et il n’a pas une bonne défense avec seulement deux bombes emportées. Un autre inconvénient, c’est qu’il doit s’approcher de la cible avant de pouvoir la frapper.

La Voix de la Russie : Avez-vous réussi à abattre d’autres avions ?

Dragan Matic : Lors des premiers jours de la guerre en Yougoslavie, les forces de l’OTAN commençaient leurs raids après 20 heures. Tous les avions empruntaient la même route et rentraient à leurs bases de la même manière. Nous avons vite saisi cette particularité. Nous pouvions abattre des avions qui se trouvaient dans un rayon de 40-50 kilomètres autour de notre position. Les pilotes américains et leurs alliés de l'OTAN respectaient toujours les règles et exécutaient les ordres à la lettre. C’est pourquoi leur itinéraire était toujours le même. Nous arrivions à lire leurs plans entre les lignes, et cela nous sauvait. Outre l’avion F-117, nous avons réussi à abattre un autre avion. Nous l’avons touché, mais il a pu atteindre la Croatie et a atterrir là-bas. Cependant, il n'y a aucune confirmation officielle de cet incident. Les journaux en ont parlé et des photos ont été publiées. Cela s'est produit le 30 mai. Et avant nous avons abattu un F-16. Son pilote était le commandant de l'escadron, qui avait pour mission de détruire les systèmes de défense antiaérienne. Un groupe spécial d'hélicoptères est venu le secourir : quatre hélicoptères et 10 avions aidaient les parachutistes. Ce pilote avait participé à l'opération «Tempête du désert», il bombardait les Serbes en Bosnie-Herzégovine. C’était un homme expérimenté et très professionnel. Mais nous avons réussi à abattre son avion légendaire.

Un B-2 fait également partie des avions que nous avons pu abattre. Cependant, là encore, il n'y a aucune preuve directe. Mais nos services de renseignement ont enregistré une conversation entre le pilote et les AWACS. Le pilote a crié: « J’ai été touché ! J’ai besoin d’aide ! ». Il a pu atterrir en Hongrie. Nous avons pu détruire les appareils ennemis dotés d’un équipement obsolète, alors qu’ils avaient des armes modernes. Nous avons montré que nous pouvions riposter.

La Voix de la Russie : Pourquoi, à votre avis, l'OTAN a-t-il déclenché la guerre contre la Yougoslavie?

Dragan Matic : Tout d'abord, afin de nous punir pour le Kosovo. Deuxièmement, pour tester de nouvelles armes sur des terrains spécifiques. Et se débarrasser en même temps des vielles armes en les remplaçant par de nouvelles. Le complexe militaro-industriel américain a reçu des centaines de milliards de dollars à la suite de cette guerre. Le Pentagone demandait de l'argent, et le gouvernement lui allouait les sommes réclamées. Ils ont testé pour la première fois une bombe de 2,5 tonnes sur le territoire de la Yougoslavie.

La Yougoslavie s’est désintégrée en 1991-1992. Et nous, les Serbes, nous gênions l'Occident, il fallait désintégrer notre pays. Ils ne se sont pas battus contre Milosevic, c'était une couverture. Il leur fallait exterminer le peuple, détruire le pays et le prendre sous leur contrôle. Ils sont allés jusqu’à jeter sur nos têtes des bombes à l'uranium appauvri, et des bombes à fragmentation. Le territoire de notre pays est devenu un polygone d'essai pour les expériences des stratèges de l'OTAN. /L

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