On reproche souvent au festival son goût manifeste pour le cinéma d’auteur qui dissuade le public au point que certains distributeurs préfèrent ne pas mentionner sur les affiches que tel ou tel film a remporté des prix au festival. C’est en fait un non-sens ! La 24e édition de Kinotavr promet d’éveiller l’intérêt du public. Selon le président du festival Alexandre Rodnianski, dans la sélection des films, on a tenu compte à la fois de leur niveau artistique et de leur « capacité à se vendre ».
Kinotavr privilégie par tous les moyens les films susceptibles d’attirer le public.
C’est ainsi que le festival se dotera pour la première fois cette année d’un jury séparé composé de distributeurs qui s’exprimera sur les films visionnés. Et comme l’affirme Sitora Alieva, directrice de la programmation de Kinotavr, il y a beaucoup de films profondément personnels et remplis d’émotions différentes, y compris érotiques, comme le premier film d’Alexei Tchoupov et de Natacha Merkoulova Les endroits intimes.
C’est une tentative audacieuse et désespérée de faire un cinéma aux allures de provocation et je crois que c’est une tentative réussie. C’est l’histoire des habitants d’une grande ville qui n’ont pas la même conception de leur liberté individuelle et de la liberté des rapports avec le sexe opposé. J’ai surtout aimé le fait que les auteurs n’ont pas hésité à se jeter dans ce gouffre la tête la première sans s’imposer d’interdits ou de restrictions.
Les films Ivan, le fils d’Amir de Maxime Panfilov, Les femmes célestes des Mari de la plaine d’Alexei Fedortchenko et Les Dialogues d’Irina Volkova traitent également des rapports personnels. Ce n’est pas du tout le cas du film Le Commandant de Iouri Bykov, qui a reçu des échos favorables dans le programme La semaine de la critique du festival de Cannes. Le film raconte le conflit entre la conscience et l’aisance matérielle. D’après Madame Alieva, le film Le prof de géographie a bazardé le globe d’Alexandre Veledinski est parfaitement à la mesure du film soviétique culte de Roman Balayan Les vols en rêve et en réalité. C’est le récit de la vie de tous les jours d’un jeune professeur au fin fond de la Russie. Une histoire à la fois sage et poignante avec Konstantin Khabenski dans le rôle principal qui peut en fait s’appliquer à chacun de nous.
Kinotavr a la réputation de faire connaître au monde des réalisateurs russes nouveaux comme c’était le cas d’Andrei Stempkovski et de Mikhail Segal. Le premier a débuté il y a trois ans avec son film Le rétro mouvement qui a connu plus tard un grand succès au Canada, en France et au Portugal. Stempkovski présente cette fois son film policier Le pizza boy. Quant à Mikhail Segal, il a brillé à Sotchi avec son film Les Récits qui a récolté de nombreuses récompenses à Montréal. Dublin et Londres… Bref, ce ne sont pas les débutants qui manquent à l’appel et il faudra attendre le 9 juin pour connaître les noms des étoiles montantes du cinéma. T
