Le « blitzkrieg » syrien de Salim Idris (ASL)

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Le 15 juin dernier, le chef d'état-major du Conseil militaire suprême de l'Armée syrienne libre (ASL) Salim Idris s'est engagé à détruire l’armée régulière de la Syrie dans un délai de six mois. A condition que les pays occidentaux lui donnent des fonds et apprennent à ses hommes à se battre.

Il y a une semaine, il a indiqué que l'opposition syrienne n’envisageait pas de participer à la conférence internationale prévue pour résoudre le conflit en Syrie tant que ses forces n’auraient pas reçu des armes et des munitions.

En d’autres termes, ses projets incluent une victoire, et non un compromis. En six mois, le Conseil suprême va-t-il gagner les esprits et les cœurs et l’ASL va-t-il regrouper les professionnels formés à l'occidentale pour réduire à néant les 300.000 soldats de l'armée syrienne avec ses avions, canons et chars ?

Mais il y a aussi des obstacles objectifs au « blitzkrieg » de l’Armée syrienne libre. Le Chef de l’état-major l’a évoqué lui-même au début du mois de mai. Salim Idris déplore que parmi ses soldats, il n’y a presque pas de militaires professionnels. C’est pourquoi l’armée est en train de perdre ses hommes, de l’équipement, et gère ses réserves des munitions inefficacement. C’est pourquoi le Conseil militaire demande l’arrivée d'instructeurs. Et parmi les formateurs, il y a des groupes très performants. Ainsi, l’année dernière, un groupe d’experts des renseignements militaires français de la DGSE ont été repérés en Syrie.

Toutefois, il est probable que l’ASL veut une formation différente. Ses troupes veulent prendre des villes et des forteresses d’assaut, détruite les forces de l’ennemi, son matériel militaire et ses installations... Tout militaire sait que pour ce genre d'opération, les véhicules et les armes de l'armée régulière sont nécessaires et ils doivent être au minimum égaux à l'adversaire potentiel. Personne n’a encore rapporté que le commandement de l’ASL demande des chars, des canons et des avions. Mais nous savons qu'ils ont besoin de lance-grenades, et de systèmes de défense aérienne portatifs. Ce sont des moyens d’une guérilla dont le but est de tergiverser et d'attendre que les avions et les chars ne viennent pas à la rescousse lors de la prochaine « Tempête du désert ». Mais cette opération ne risque pas de se reproduire, et l'argent tarde à arriver.

Pourquoi ? Car selon Salim Idris, l'Armée syrienne libre n'a même pas de fonds pour payer ses combattants. Mais ils ne recevront pas cet argent à cause de la Lybie. C’est dans ce pays qu’on combattait pour les idées et qu'on obtenait une victoire rapide. En Syrie, tout comme en Lybie, la plupart des rebelles sont melangés à des islamistes. Dans une situation similaire, certains ont déjà été financés, et ont reçu le cadavre de l'Ambassadeur américain.

Supposons que les services secrets vont diviser les rebelles en deux catégories et que l’Occident leur donnera ce qu’ils veulent. Cela ne risque pas d’arriver. En mai, Salim Idris a admis que ses unités armées étaient fragmentées. Il a déploré qu’il ne contrôle pas les actions de quelques-uns des plus grands groupes rebelles. Un des leaders de l’opposition syrienne basé à Istanbul était encore plus éloquent dans les pages du New York Times : « Le Conseil suprême des forces armées n'est pas un bon représentant des combattants en Syrie ». Pourquoi alors donner de l'argent ?

Comme l'explique un diplomate occidental, « Salim Idris a besoin d'argent, d'armes et de munitions pour consolider le rôle de leader et gagner la confiance des hommes ». Cela veut dire que six mois avant la victoire, le chef de commandement va à peine commencer à « consolider le rôle du leader » ?

Après ces révélations du chef militaire ASL, on commence à avoir une impression de « déjà vu ». D’abord, la révolution et la première lueur d'espoir, et puis la destruction sans fin les uns des autres. Et des promesses constantes de victoire rapide. Comme en Afghanistan. Pouvons-nous lui souhaiter le sort de la Syrie?   N

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