Le point de vue turc sur la désagrégation éventuelle de l’Irak

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Téhéran a réagi assez durement aux déclarations du leader du Kurdistan irakien Massoud Barzani sur l’inévitable désintégration de l’Irak à la suite de « la politique incorrecte » du gouvernement irakien. Le vice-ministre des Affaires étrangères de l’Iran Hussein Amir Abdullahian a qualifié les plans de la scission de l’Irak de « manœuvre sioniste ». Il a déclaré que l’Iran ne tolérerait pas la désagrégation de la république arabe. Il a noté que l’avis de Téhéran et d’Ankara à ce sujet coïncidaient.

Mais que pense-t-on à Ankara au sujet des déclarations du diplomate iranien haut placé ?

Le vice-directeur de l’Institut des recherches stratégiques internationales, le docteur ès sciences politiques Kamer Kasım déclare :

« Face à la grande probabilité de scission de l’Irak, les parties qui pourraient en sortir cherchent à se procurer le soutien des puissances régionales. Nous avons tous vu un certain groupement prendre sous son contrôle la moitié de l’Irak. C’est pourquoi, la position des pays voisins au sujet de l’apparition potentielle des nouveaux quasi-Etats a une grande importance. Si l’Iran déclare qu’il ne tolérera pas la scission en Irak, il est fort probable qu’en cas de réalisation du scénario négatif, il y enverra ses forces armées. On sait en plus que l’Iran accorde une aide active au gouvernement irakien.

Parlant de +manœuvre sioniste+, à mon avis, les dirigeants de l’Iran voulaient dire que l’Irak est un pays arabe, et Israël est un Etat qui cherche à affaiblir les Arabes. L’Iran déclare qu’il se prononce pour l’intégrité de la république arabe. Et c’est pour cela que Téhéran soutient Bagdad, au dire des autorités iraniennes.

Pour sa part, la Turquie soutient le principe de l’intégrité territoriale de tous les pays. C’est un principe de base de la politique étrangère turque. »

Et voilà ce que pense au sujet de la situation actuelle le consultant du partie Saadet, chargé des affaires étrangères, ex-député du parlement turc, et chef de la chaire des relations internationales de l’université Ufuk à Ankara, le docteur ès sciences politiquesOya Akgönenç Muğisuddin.

« Le sort ultérieur de l’Irak est un problème grave pour tous les pays voisins. Une scission subite de la république arabe créera des problèmes pour tous les Etats de la région, augmentant le risque de prolifération du scénario irakien. Dans la région, il y aura une réaction en chaine, car les Kurdes habitent aussi en Turquie, en Iran, en Syrie, en Azerbaïdjan. Et si les Kurdes de ces pays veulent un jour organiser des référendums chez eux ? La réponse est bien claire : dans tout le Proche-Orient, l’ordre sera perturbé.

Aujourd’hui, dans la république arabe, la situation est différente. Il y a une menace réelle de désintégration du pays. L’Occident et les Etats-Unis essaient de briser la région en petits morceaux. Pour ce qui est de la Turquie, à la différence de ses partenaires occidentaux, elle se prononce pour le maintien de l’intégrité territoriale de l’Irak. Donc, en ce sens, sa position coïncide avec celle de l’Iran. Ankara et Téhéran croient que les questions de la répartition politique et de l’organisation administrative d l’Irak, c’est l’affaire des Irakiens uniquement. Mais, de toute façon, l’intégrité territoriale doit être maintenue. »

Tels sont les commentaires de deux experts turcs au sujet de la désintégration éventuelle de l’Irak, de la probabilité de l’apparition d’un Kurdistan indépendant et de la réaction de Téhéran à ces événements. /N

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