Les Etats-Unis sont trompés par tout le monde

© © Capture d'écran: YouTubeMarie Harf
Marie Harf - Sputnik Afrique
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« Les Russes nous ont menti à maintes reprises sur ce qui se passait... C'est pourquoi nous ne leur faisons plus confiance.... » La porte-parole adjointe du département d'Etat américain Marie Harf a fait cette déclaration le 23 juillet lors d'un point de presse.

Il est clair que la méfiance est un sentiment profond et réciproque entre les Etats-Unis et la Russie. Il s'est avéré cependant que la Russie n'est pas l'unique pays à qui l'Amérique ne fait pas confiance.

L'examen attentif du sténogramme de ce point de presse montre que le service de presse du département d'Etat ne fait pas confiance aux informations des agences respectées, même quand elles concernent le département d'Etat.

Ainsi interrogée sur l'information ayant fait grand bruit de l'agence Reuters d'après laquelle le chef du département d'Etat John Kerry et toute la délégation américaine ont été demandés de passer sous un portique du détecteur de métaux avant la rencontre avec le président d'Egypte Abdel Fattah al Sissi, elle répond en toute innocence : « Je pense qu'il est entré par la porte. Peut-être il y avait là-bas un détecteur de métaux ». Quand le journaliste a communiqué que le fait a été confirmée par une vidéo et qu'en plus la veste du secrétaire d'Etat a été contrôlée à l'aide d'un détecteur de métaux à main Marie Harf continue de feindre les doutes : « Nous pouvons le vérifier mais je pense que l'information n'est pas exacte ». N'est-il pas étrange pour une employée de vérifier l'événement qui s'est produit deux jours plus tôt avec son chef immédiat et qui a été déjà qualifié en Orient arabe « d'humiliation publique de l'Amérique » ?

Le service de presse du département d'Etat est depuis longtemps réputé pour son refus de donner des réponses simples à des questions concrètes. Mme Harf, au bout de six ans de travail au sein de la CIA, a apporté à ce processus un élément d'enygme. Selon elle, dans l'affaire du Boeing malaisien l'information de la partie américaine devait être acceptée sans preuves car celles-ci pourraient dévoiler certaines capacités du renseignement américain.

Pour le reste du monde de tels arguments sont inédits, pas pour les Etats-Unis. La tragédie du Boeing malaisien est intervenue tout juste 18 après l'explosion, le 17 juillet 1996, d'un avion de la compagnie aérienne TWA 12 minutes après son décollage de l'aéroport international John-F.-Kennedy de New York. Dans cet accident les 230 personnes se trouvant à bord ont été tués. L'enquête a été prise en charge par le FBI, la CIA et les militaires suite à une suspicion d'attentat terroriste. La version officielle a été l'explosion d'un réservoir de carburant. Mais comme à présent, l'argument principal de l'enquête, à savoir des images satellites, n'a pas été divulgué. En résultat, des dizaines de témoins qui avaient vu un missile et les ex-employés de l'agence nationale de sécurité des transports qui ont accusé le gouvernement de les avoir empêchés de travailler et d'avoir dissimulé les circonstances réelles du dossier sont restés un phénomène inexpliqué.

A l'époque, comme aujourd'hui, les services secrets américains ont montré au public une reconstitution animée. Mais une vidéo de la reconstitution informatique n'est pas parvenue à convaincre le public américain.

En effet, qui peut être satisfait par la formule : « Nous savons ce qui est arrivé et qui l'a fait, mais nous ne le raconterons à personne » ? En politique étrangère c'est aussi absurde que dans les affaires intérieures.

Cette pratique connaît cependant d'heureuses exceptions. Au cours du point de presse susmentionné Marie Harf a démenti l'information des médias turcs d'après laquelle le ministre des Affaires étrangères de Turquie Ahmet Davutoglu aurait confié aux journalistes l'inquiétude exprimée par John Kerry en personne par des propos de la porte-parole du département d'Etat Jen Psaki. Il paraît que c'est Ahmet Davutoglu qui a été étonné par les propos osés de la chef du service de presse du département d'Etat américain au sujet des dirigeants turcs. En ce qui concerne John Kerry, selon Marie Harf « le secrétaire d'Etat est derrière tout ce qui est dit par Jen Psaki et, je l'espère bien, par moi du haut de cette tribune ».

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