Perçant la fenêtre vers l’Europe, on adoptait beaucoup de choses étrangères aux Russes à part les nouvelles technologies militaires, les progrès industriels et les relations de marché, considère Vladimir Lavrov, chercheur principal à l’Institut d’histoire russe de l’Académie des sciences de Russie.
Il empruntait beaucoup à l’Occident sans même penser à ce qu’il faisait. On aime montrer dans nos films Pierre rasant des barbes en personne. C’est bien marrant, non ? En fait, cela n’a rien d’amusant. Les croyants constituaient la quasi-totalité de la population, or les hommes croyants portaient la barbe comme Jésus-Christ. Pour un homme de l’époque, rester sans barbe équivalait à se mettre à nu. Et voilà que Pierre a emprunté cela à l’Europe de l’Ouest. Quels en sont les résultats pour la culture et l’économie ? La Russie, ce n’est ni l’Europe ni l’Asie, ni l’Orient ni l’Occident. La Russie, c’est la Russie.
Les réformes étaient quand même nécessaires, tout comme les débouchés vers la mer Baltique. Par conséquent, il fallait construire la flotte. La Russie est devenue une puissance maritime et une partie importante du marché mondial bien que Pierre n’ait pas pris intérêt à l’expérience politique de l’Europe, dit pour sa part Sergueï Chokarev, maître de conférences à la chaire d’histoire régionale et d’ethnographie de l’Institut des archives historiques de l’Université d’Etat des sciences humaines de Russie.
L’expérience politique européenne n’a pas été du tout utilisée. L’autonomie locale européenne a été elle aussi matérialisée par Pierre dans des formes très originales. Quant aux institutions parlementaires, elles n’arrivaient pas à s’enraciner jusqu’au début du XXème siècle. Mais comme la Russie était depuis l’époque de Pierre l’une des premières puissances d’Europe et qu’elle jouait l’un des rôles clés dans la politique européenne, il nous est assez difficile de parler d’une inégalité entre la Russie et l’Europe.
Après les réformes de Pierre le Grand, la Russie a commencé à participer à des accords et alliances internationales tandis que la diplomatie a été reconnue comme un instrument majeur de régulation des relations internationales.