Attentats de l’ETA: qui ont été les cibles de dizaines d’années de violence?

© AP Photo / GaraMiembros de grupo armado ETA
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Les décennies de terrorisme du groupe séparatiste basque ETA, qui a déclaré mercredi sa dissolution, ont ôté la vie de centaines de personnes, dont la majorité n’était pas des civils. Qui ont été les victimes et cibles principales de cette organisation?

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L'organisation séparatiste basque Euskadi ta Askatasuna (ETA) a annoncé ce 2 mai sa dissolution après 12 ans d'un cessez-le-feu permanent. Madrid a qualifié cette décision de victoire de l'État de droit et de la démocratie.

Le conflit sanglant entre les séparatistes basques et l'État espagnol, qui s'est poursuivi pendant près de 60 ans, a coûté la vie à plus de 800 personnes, victimes d'attentats de l'ETA. Toutefois, les attaques des séparatistes basques n'ont rien à voir avec les pratiques d'aujourd'hui des groupes djihadistes. Les civils ne constituaient pas la majorité des victimes de cette organisation. Elle a cependant effectué ses crimes contre des cibles dont les catégories ont changé au cours des années.

Police, militaires et hommes politiques

Créée en 1959, durant l'Espagne franquiste, l'ETA a ciblé les représentants de l'État sur fond de conflit linguistique et culturel dans le Pays basque espagnol. En 1961, ses activistes ont tenté de faire dérailler un train transportant des partisans de Franco. Mais cette action n'a pas abouti. Quant à la première victime du groupe séparatiste, c'était le chef de la police de la ville de Saint-Sébastien, Meliton Manzanas, tué en 1961.

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Des agents des forces de l'ordre et d'autres représentants de l'État ont trouvé la mort presque chaque année jusqu'à la décision de l'ETA d'arrêter sa lutte armée en 2011. En 1973, les séparatistes ont effectué l'une de leur plus retentissantes attaques, dont l'issue est la mort du Premier ministre Luis Carrero Blanco, à Madrid.

Les attaques n'ont pas cessé après la fin du franquisme en Espagne en 1975. De plus, 1980 a été l'année la plus sanglante de toute la période de l'activité terroriste des nationalistes basques, 118 personnes ont été tuées.

Durant les années 1990, les membres du Parti populaire (PP), considéré par l'ETA comme le successeur de la Phalange espagnole de Franco, étaient visés. En 1998, Manuel Zamarreno, conseiller du PP, a été tué dans l'explosion d'une voiture. Cela étant, des socialistes étaient aussi parmi les cibles des nationalistes basques. Au mois de mars 2001, ils ont tiré sur Froilan Elexpe, membre du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Cette même année, Manuel Gimenez Abad (PP) a été tué à la veille des élections au parlement basque.

Représentants de la société civile

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L'ETA n'a pas épargné les membres de la société civile. L'assassinat du journaliste José Luis López de Lacalle, en mai 2000, a eu un large écho dans le public. À l'époque, le couple royal d'Espagne avait mené une veillée silencieuse nationale pour protester contre ce crime.

Des hommes de lettres et de sciences figuraient aussi sur la liste des victimes des séparatistes basques. Manuel Broseta, sénateur et professeur des universités de Madrid et Valence, et Francisco Tomás y Valiente, juriste, historien et écrivain, ont péri des mains de combattants de l'ETA en 1992 et 1996 respectivement.

L'organisation commettait des assassinats mais aussi des enlèvements, notamment d'hommes d'affaires, contre rançon, pour se refaire une santé financière.

Civils

Bien que les personnes lambda ne figuraient pas parmi les cibles principales de l'ETA, elles pouvaient en être victimes. En règle générale, les victimes étaient blessées ou tuées lors d'attaques contre des représentants des autorités espagnoles. Néanmoins, il y a eu des attentats dont la majorité des victimes étaient des civils.

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L'attaque la plus sanglante, qui a fait des morts civils, a été effectuée en 1987 dans un supermarché à Barcelone et a tué 21 personnes. Un an avant, 50 personnes avaient été blessées à la suite de l'explosion d'une voiture à Madrid, qui a fait des dizaines de morts parmi les agents de la Garde civile.

Le 30 décembre 2006, neuf mois après que l'ETA a annoncé un cessez-le-feu permanent, l'explosion sur le parking de l'aéroport Adolfo-Suárez de Madrid-Barajas a coûté la vie à deux ressortissants équatoriens. L'organisation n'a revendiqué la responsabilité de cet attentat qu'en 2007.

La fin progressive de l'utilisation de la violence par l'ETA, le passage de certains de ses membres dans la lutte politique légale et finalement la dissolution de ce groupe sont des signes d'une normalisation de la question basque. Néanmoins, les vies de centaines de victimes de l'ETA resteront un triste héritage de cette page de l'Histoire.

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