EXCLUSIF Un député allemand dévoile la clé de la sécurité européenne

© REUTERS / Fabrizio BenschEmmanuel Macron und Angela Merkel in Berlin
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Il est impossible d’imaginer la sécurité européenne sans la Russie, estime Waldemar Herdt, député allemand du parti «Alternative pour l'Allemagne». Dans une interview accordée à Sputnik, il s’est également prononcé sur le projet de réévaluation des relations entre Berlin et Washington.

L'UE est-elle prête à prendre sa sécurité dans ses propres mains? Sputnik a discuté de cette question ainsi que d'une possible réévaluation des relations entre Berlin et Washington avec Waldemar Herdt, député du parti «Alternative pour l'Allemagne» et membre du comité des affaires internationales du Bundestag, le parlement allemand.

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Bien que l'Allemagne doive soutenir les projets visant à renforcer la sécurité européenne, il est important de comprendre qu'elle ne peut pas être dirigée contre la Russie, a déclaré Waldemar Herdt, en se prononçant sur l'appel d'Emmanuel Macron de «ne plus remettre» la sécurité européenne «aux seuls États-Unis».

«Il faut absolument soutenir les initiatives visant à maintenir la sécurité sur le continent européen […] Mais il est impossible de construire la sécurité sur le continent européen sans la Russie et ce qui est absolument impossible est de [la construire, ndlr] contre la Russie», a-t-il précisé.

Selon lui, l'un des principaux défis pour la sécurité européenne est la question migratoire.

«Il est impossible de garantir la sécurité sur le continent européen sans fermer les frontières extérieures […] De quelle sécurité pouvons-nous parler si chaque jour des gens avec des intentions opaques et un passé et un futur inconnus viennent de manière incontrôlée et clandestine sur notre territoire […] Ils représentent déjà une menace nationale», a-t-il ajouté.

Qui pousse l'Europe à être plus indépendante?

M. Herdt a indiqué que c'est Donald Trump lui-même qui avait poussé les autorités allemandes et européennes à réévaluer leur approche envers la question de la sécurité.

«L'initiateur de cette nouvelle stratégie est Trump lui-même. Il a dit: ça suffit, je vais désormais agir en faveur de mon pays […] apprenez, vous aussi, à le faire. Mais c'est assez difficile pour notre grand pays: elles [les autorités, ndlr] se sont habituées depuis des décennies à discuter de toutes leurs décisions avec leur Grand papa», a-t-il résumé.

Néanmoins, M. Herdt estime que l'UE n'est pas prête à créer une alternative à l'Otan en matière de sécurité et doit se concentrer sur de «plus petites tâches».

«Créer un nouveau bloc qui ne représentera que des intérêts européens? Pour le moment, l'UE n'est pas capable de le faire. Ils [les pays européens, ndlr] feraient mieux de se mettre à de plus petites tâches avant de créer une nouvelle machine qui ne provoquera que de la confrontation», a-t-il lancé.

Une vision «trop étroite»

En commentant la possibilité de l'adoption d'une nouvelle stratégie des relations entre l'Allemagne et les États-Unis annoncée fin août par le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas, M. Herdt a indiqué qu'il ne fallait pas «surestimer» ce projet.

«Je crois que nous ne devons pas surestimer ces déclarations qui n'entrainent aucun changement pratique dans nos relations. Elles ne font qu'augmenter les tensions dans nos relations, ce que je trouve irrationnel», a-t-il souligné.

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Il estime que les déclarations du chef de la diplomatie allemande ne visent que son électorat. Par ailleurs, le député a qualifiée la vision de Heiko Maas de «trop étroite».

«La déclaration de Heiko Maas n'est destinée qu'à son propre électorat. L'attitude envers la politique de Trump en Allemagne est très négative, partiale, et en s'adressant à son électorat, il a tenté de traiter ce sujet de cette manière. Il s'agit d'une vision trop étroite que Heiko Maas présente comme une sorte de stratégie. Il lie la personnalité de Trump à l'ensemble du pays», a-t-il expliqué.

Une alternative au système SWIFT est-elle envisageable?

Le député du Bundestag s'est également prononcé pour la création d'une alternative européenne au système de paiements SWIFT.

«Je suis absolument sûr que l'un des fondements de la souveraineté de notre pays et de l'Europe en général doit être la création d'un système de paiement alternatif», a-t-il déclaré.

Pourtant, il a rappelé que, selon Angela Merkel, un système uni permettait de mieux contrôler les flux d'argent afin de lutter contre le financement du terrorisme.

Le 25 août, le ministre allemand des Affaires étrangères avait déclaré en s'exprimant devant les ambassadeurs allemands qu'il était «grand temps de réévaluer le partenariat transatlantique de manière raisonnable, critique et même autocritique». Lors de cette conférence, il a également appelé l'UE à créer son propre système de paiements alternatif à SWIFT.

Auparavant Heiko Maas avait indiqué dans un article publié dans le journal Handelsblatt que les États-Unis et l'Europe était en train de s'éloigner, leurs intérêts et leurs valeurs étant de plus en plus divergents.

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