À Davos, faute de Trump, des manifestants se paient la tête de Bolsonaro

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En plein forum économique mondial, une centaine de personnes se sont rassemblées devant l’hôtel de ville de Davos afin de protester contre le changement climatique, l’aggravation des inégalités sociales ainsi que la présence du président brésilien Jair Bolsonaro. Tour d’horizon des diverses motivations de ces manifestants, interrogés par Sputnik.

«Tout est question de profit. Le profit passe avant tout, avant la justice sociale, avant la justice environnementale», regrette Léa, jeune écologiste, pour qui «on ne peut pas continuer ainsi éternellement.»

Malgré un mercure avoisinant les —10 degrés, quelques dizaines de manifestants ont fait le déplacement à Davos, jeudi 24 janvier, afin de symboliquement protester contre la tenue de la 49e édition annuelle du Forum économique mondial (WEF).

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Des manifestants majoritairement issus des jeunesses socialistes suisses (JSS) ainsi que des «Jeunes Vert-e-s», mais pas seulement, venus exprimer en pleine grand-messe du capitalisme leur ras-le-bol de ce modèle économique.

«Je suis ici, car ce capitalisme doit s'arrêter, ces gens ne pensent qu'à l'argent, l'argent, l'argent!», lâche à Sputnik Ligia, une jeune Brésilienne venue de Zurich, qui n'affiche pas d'étiquette politique.

Brésilienne, un détail qui a son importance, car le nom d'une personnalité revient de manière récurrente parmi les manifestants, celui du nouveau Président brésilien, Jair Bolsonaro, qui a pris ses fonctions au début du mois. Hormis le fait d'être, d'après les journalistes, la personnalité phare du Forum, en l'absence de Donald Trump, Emmanuel Macron, Theresa May ou encore Vladimir Poutine, il en devient également la tête de Turc des manifestants anti-WEF.

«Il est le parfait exemple de tout ce qui ne fonctionne pas sur cette planète. Il est fasciste, raciste, homophobe et il détruit la planète. Je pense qu'il est une bonne synthèse de tout ce que nous haïssons», développe à notre micro Jonathan, militant des JSS, également venu de Zurich.

En effet, dénoncer le changement climatique ou l'accroissement des inégalités sociales à l'échelle planétaire n'étaient pas les seules motivations des manifestants. D'ailleurs, il s'agissait au départ de protester contre la venue de Donald Trump à Davos. Or, le Président américain et l'ensemble de sa délégation n'ont pas fait le déplacement, en raison du «shut-down» partiel, qui paralyse certaines administrations du pays depuis plus d'un mois.

© Photo Maxime Perrotin. SputnikManifestants à Davos 2019
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Manifestants à Davos 2019
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Manifestants à Davos 2019 - Sputnik Afrique
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Victoria, une autre Brésilienne installée à Zurich, qui a fait la connaissance de Ligia au détour d'un groupe Facebook anti-Bolsonaro, ne cache pas non plus son inquiétude vis-à-vis du nouveau Président de son pays d'origine, à commencer par le sort des autochtones de la forêt amazonienne.

Durant la campagne, le candidat du Parti social-libéral n'avait pas caché ses intentions de ne plus élargir les réserves naturelles où vivent ces populations indigènes. Des zones protégées qui endiguaient, à ses yeux, le développement économique du pays en limitant l'exploitation agricole et minière.

«Lorsqu'ils parlent de sauver la forêt, il faut d'abord penser à ces personnes, qui sont là depuis toujours et qui se sont battues pour toute leur vie», explique Victoria à Sputnik.

«Le problème de la destruction de la forêt amazonienne et celui de tout le monde» surenchérit son amie. Autre sujet d'inquiétude pour Victoria, la situation des homosexuels au Brésil. Elle-même homosexuelle, elle dit craindre pour ses amis: «c'était le minimum que je pouvais faire pour eux», explique-t-elle. Selon Victoria, le nouveau Président brésilien serait ainsi une «réelle menace» pour la communauté LGBT dans le pays.

© Photo Maxime Perrotin. SputnikManifestants à Davos, sur la banderole «égalité des chances, même pour les pingouins.».
Manifestants à Davos, sur la banderole «égalité des chances, même pour les pingouins.». - Sputnik Afrique
Manifestants à Davos, sur la banderole «égalité des chances, même pour les pingouins.».

Bien que cantonnés au parking à quelques encablures de l'hôtel de ville, ces quelques irréductibles ont parfaitement conscience de la seule portée symbolique de leur action, mais ils ne se démotivent pas pour autant.

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Ils tiennent à rappeler qu'ils n'avaient pas pu manifester en 2018: à l'époque, les autorités locales avaient annulé leur manifestation au dernier moment pour cause de fortes chutes de neige.«Ces leaders mondiaux se fichent bien de nous […] Le plus important est de faire acte de présence, de ne pas abandonner!», assène Jonas Kampus, une jeune figure des JSS.

«Il faut montrer que cela ne nous est pas indifférent, ce qui se passe», surenchérit à notre micro Inès, une manifestante non affiliée au JSS ou aux jeunes Verts, venue spécialement de Neuchâtel, à 4 heures de train. À ses côtés son ami bernois, Sélim. «Je ne m'attends à aucun changement de la part des gens du forum économique», confirme Léa. Pour elle, le plus important est d'être vu, tout particulièrement par la presse.

«Ces gens contrôlent mon futur, ce qu'il en adviendra. Ils planifient de l'exploiter et de le détruire, je veux les arrêter et avoir un avenir qui vaille la peine d'être vécu, libéré de toute énergie fossile, de tout intérêt économique», ajoute Jonas.

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Dans l'attroupement, d'autres manifestants arborent un gilet jaune, au milieu d'une nuée de journalistes et de badauds. En effet, on reste en Suisse et troubler la tranquillité de la station de ski grisonne ne semble pas à l'ordre du jour.

L'ambiance reste ainsi bon enfant. Seule une poignée de policiers de Davos restent aux abords pour veiller à la bonne circulation des voitures sur Promenade, l'artère principale, même si à quelques maisons de là, des hommes des services de sécurité déployés dans la ville pour sécuriser le WEF —armés jusqu'aux dents- semblent avoir quittés les porches d'entrées des hôtels où ils restent cantonner la plupart du temps. La manifestation se dispersera doucement vers 16 h 30, bien avant la limite de 18 h 00 fixée par les autorités de Davos.

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