Extension des zones à faibles émissions: vers une grogne populaire «pire» que les Gilets jaunes

© Photo Pixabay / Tama66Une voiture d'enfant abandonnée dans la nature. Image d'illustration
Une voiture d'enfant abandonnée dans la nature. Image d'illustration - Sputnik Afrique, 1920, 15.06.2021
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Désormais, pour circuler à Paris et dix autres zones à faibles émissions, les véhicules doivent être équipés d’une vignette Crit’Air. La polémique ne cesse de grandir autour de ces préoccupations écologiques. L’association 40 Million d’automobilistes craint des «Gilets jaunes puissance dix».

Paris veut ceindre une couronne verte! Depuis le 1er juin, les propriétaires de véhicules affublés d’une vignette Crit’Air 4 (le certificat qualité de l’air) ne sont pas les bienvenus dans la zone à faibles émissions (ZFE) parisienne.

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Six types de vignettes aux couleurs vives apposées sur le pare-brise conditionnent désormais l’accès à certaines métropoles françaises affectant d’être préoccupées par la pureté de l’atmosphère. Tout un chacun peut savoir instantanément si son véhicule a le droit d’y rouler.

Ces bonnes intentions de protection de la qualité de l’air inspirent des sentiments pour le moins mitigés à Daniel Quéro, président de l’association 40 Millions d’automobilistes.

«L’incidence sur les automobilistes est forte. L’incidence sur l’amélioration de la qualité de l’air est faible. On a déjà un certain nombre de ZFE en Europe. On voit bien que ça n’a pas apporté d’amélioration significative», signale Daniel Quéro au micro de Sputnik.

Sur la carte, on note néanmoins que le boulevard périphérique parisien fait l’objet d’une dérogation. Les restrictions l’épargnent! Une exception qui laisse le dirigeant associatif dubitatif: «Si vous ne mettez pas un mur qui monte jusqu’au ciel autour de Paris, la pollution se déplace

Les conséquences financières

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Notre interlocuteur comptabilise actuellement onze zones à faibles émissions. «Et, d’ici à 2024 on va passer à quarante-six.» Aujourd’hui, «on a l’interdiction pour 20% du parc automobile actuel d’entrer dans Paris et la petite couronne, mais aussi dans d’autres ZFE en France». Et les contraintes d’accès risquent d’aller crescendo.

«L’année prochaine, on va interdire la vignette 3, ça va représenter 50% du parc actuel. Et, en 2024, la vignette 2. On va supprimer le diesel et approcher de 80% du parc actuel. Ces gens ne pourront plus rouler dans de larges zones en France.»

Conséquence: à «une voiture modeste, bien entretenue, qui vaut encore 8.000 euros», on interdit la moitié de la France. «Sa voiture va perdre la moitié de sa valeur», déplore le dirigeant de l’association.

Zones rurales pénalisés

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D’ici à la fin de l’année, plusieurs agglomérations vont instaurer une ZFE sur leur territoire, pour restreindre la circulation des véhicules polluants. Par exemple, Rouen interdit, à partir du 1er juillet prochain, «l’accès, la circulation et le stationnement dans la zone aux poids lourds et véhicules utilitaires légers» munis d’une vignette Crit’Air 4 ou 5. D’autres métropoles suivront l’exemple. Par exemple, Aix-en Provence, Marseille, Nice, Toulon, Toulouse, Montpellier ou Strasbourg.

«Aujourd’hui, 75% des gens en dehors de Paris vont travailler en province avec leur voiture. Ceux qui vivent aux abords d’une métropole concernée par une ZFE ne pourront plus y accéder pour travailler», déplore Daniel Quéro.

Même en région parisienne, les personnes travaillant à Paris ou dans une banlieue proche découvrent l’incidence néfaste du nouveau système. Et un calcul rapide démontre que, pour se déplacer, par exemple, entre Vaucresson et Rueil-Malmaison, distantes de sept kilomètres, on met dix-sept minutes en voiture, trente-six minutes en RER avec correspondance à La Défense et une heure en bus.

«Stigmatiser ceux qui vivent en dehors des villes, les empêcher de rouler, ça va mal se terminer. Les gens ne vont pas comprendre. On pourrait assister à des Gilets jaunes puissance dix», prévient le dirigeant associatif.

Il appelle à tenir compte de «la différence de problématique entre les villes, où il y a des transports en commun, et les zones rurales». Les sénateurs sont en train d’étudier le texte de loi «Climat et résilience», qui traite notamment de la qualité de l’air. Prêteront-ils l’oreille au mécontentement qui commence à se faire entendre?

Les ménages modestes trinquent

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En commentant une tendance généralisée pour la voiture électrique, le défenseur des droits des automobilistes assure: «On est dans une espèce de système qui veut pousser vers quelque chose qui n’est pas encore exploitable, ni multiusage. On est en train de priver de mobilité toute une partie de la population.»

«L’automobile, réservée d’abord aux riches, a permis aux classes populaires d’acquérir une mobilité. Ils ont déjà pris l’augmentation des taxes sur les carburants comme une atteinte à la liberté de se déplacer. Ce qui a déclenché les Gilets jaunes. Imaginons ce que ça sera avec les ZFE! Ça sera pire», avertit Daniel Quéro.

Qualifié par Natacha Polony sur RTL de «match entre "fin du monde" et "fin du mois"», la mesure écologique semble manquer de perspective à long terme.

En 2024, Paris s’apprête à interdire le diesel. Mais des primes à la reconversion mises en place par l’État continuent d’inciter les Français à se débarrasser de leur véhicule ancien pour acquérir, par exemple, un «diesel récent». Et, «dans deux ans, on vous dira qu’on ne peut plus rouler avec», regrette Daniel Quéro:

«Aujourd’hui, on est en période électorale. Celui qui sera plus vert que vert gagnera. Comme si, pour devenir immortel, il suffisait de manger bio et, pour sauver la planète, de mettre sa voiture à la casse.»
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