Donbass: "Il y a des batailles en cours sur plusieurs endroits de la ligne de front"

© Milices populaires de RPD / Accéder à la base multimédiaMaison détruite par l'artillerie ukrainienne en République populaire de Donetsk (image d'illustration)
Maison détruite par l'artillerie ukrainienne en République populaire de Donetsk (image d'illustration) - Sputnik Afrique, 1920, 24.02.2022
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L’"opération militaire spéciale" russe est en cours dans le Donbass. Le point avec Christelle Néant, journaliste française présente à Donetsk.
Contactée par Sputnik à la mi-journée, Christelle Néant, fondatrice de Donbass Insider, un média indépendant basé à Donetsk, témoigne de la situation en cours sur le territoire des républiques. Dans cette région vivant sous la menace de Kiev, la situation s’est inversée en quelques heures.
Sputnik: Entendez-vous les bombardements ?
Christelle Néant: "On entend les déflagrations depuis ce matin. Ici, on perçoit vraiment les combats extrêmement violents sur la ligne de front parce que la milice populaire répond. Ça tire beaucoup, l’armée russe étant en soutien dans le sud de la République populaire de Donetsk (RPD) pour aider à avancer vers Marioupol [ville portuaire et industrielle au sud de l’oblast de Donetsk, ndlr], à mon avis. Il y a eu une tentative d’attaque de l’armée ukrainienne vers Krasnyi partisan [village Betmanove à 30 km au nord de Donetsk, ndlr], qui est un village entre Donetsk et Gorlovka, sur l’autoroute.
Pour l’instant, on est encore dans une phase de combat active et de déplacement tout doucement de la ligne de front."
Sputnik: Où vous situez-vous par rapport à la ligne de front?
Christelle Néant: "À Donetsk, on est à peine à quelques kilomètres de la ligne de front, elle se situe juste en périphérie de la ville. Du centre-ville jusqu’à la ligne de front, il doit y avoir cinq ou six kilomètres. On entend très bien tout ce qu’il se passe, même avec du double vitrage. Et là, ça tire de partout depuis le sud. C’est toujours assez chaud ici."
Sputnik: Quel est le moral des habitants?
Christelle Néant: "Les gens voient passer les colonnes et ils sont assez optimistes. Ils se disent que ça va être ‘le début de la fin de la guerre’. Tous ces gens ont hâte d’être libérés. Ils étaient sous le contrôle d’un pays qu’ils avaient choisi de quitter. Toute cette partie du Donbass avait voté en 2014, lors du référendum, à 90% pour l’indépendance de la République populaire de Donetsk et de celle de Lougansk.
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Ils ont hâte que ça se finisse. Les combats vont être violents. On voit qu’il y a une partie des soldats ukrainiens qui se rendent et qui déposent les armes. Mais très certainement, on va voir aussi des bataillons de nationalistes qui vont résister jusqu’au bout. Parce qu’idéologiquement, il est hors de question pour eux de rendre les armes."
Sputnik: Vous habitez à Donetsk depuis six ans. Quelle était la situation sur place avant l’opération militaire actuelle?
Christelle Néant: "On a vu une sorte de double vie s’installer. Autant, dans le centre de Donetsk, la vie a petit à petit repris son cours en 2015, surtout après la signature des accords de Minsk 2. Autant sur la périphérie, les gens ont continué de vivre sous la menace de bombardements, plus ou moins sporadiques, de l’armée ukrainienne. Dans les périphéries ouest, nord-ouest, sud-ouest de Donetsk, il y a eu beaucoup de maisons endommagées, des gens blessés ou tués. Même depuis la signature des accords de Minsk, les zones sur la ligne de front sont restées dans un état de guerre permanent. On avait vraiment atteint la limite de la patience de la population qui vivait dans ces conditions-là."
Sputnik: Peut-on évaluer les pertes civiles pendant cette période, depuis 2014?
Christelle Néant: " C’est toujours difficile d’avancer des chiffres globaux. 14.000, c’est un chiffre total qui prend en compte les soldats et les civils. Rien qu’en RPD, on a plus de 5.400 morts depuis le début du conflit, miliciens et populations confondus. Parmi eux, on a quand même 91 enfants.
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Je pense que ce n’est pas un chiffre définitif. Ce n’est que l’année dernière que l’on a commencé à ouvrir et analyser les fosses communes creusées à la hâte en 2014. À l’époque, ça bombardait de partout et c’était dangereux de prendre le temps de faire un enterrement correctement. Potentiellement, ça nous donnerait des informations supplémentaires sur le nombre de victimes. C’est un travail extrêmement important. Je suis choquée d’ailleurs de voir les dirigeants occidentaux nier l’existence de ces fosses communes."
Sputnik: Vous dites également que les troupes ukrainiennes continuent de résister et de bombarder?
Christelle Néant: "En effet, il y a des batailles en cours sur plusieurs endroits de la ligne de front. Je ne sais pas combien de temps ils vont tenir puisque l’armée russe a détruit beaucoup de postes de commandement ou d’entrepôts d’armements, de munitions un peu partout en Ukraine.
Des drones Bayraktars ont été anéantis sur l’aérodrome à Nikolaïev [une ville portuaire et industrielle du sud de l’Ukraine, ndlr], plusieurs ont été abattus ici. Deux d’entre eux ont été abattus par la milice populaire de la République populaire de Lougansk (RPL). De notre côté, à la RPD, on en a abattu un aussi."
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