Kémi Séba: "Dire que la France est prête à laisser tomber la Françafrique, c'est une chimère"

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Kémi Séba intervient lors de la conférence parlementaire Russie-Afrique à Moscou - Sputnik Afrique, 1920, 22.03.2023
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Paris tente de faire passer l'idée selon laquelle la Françafrique est "finie", mais ce n’est que "de l’hypocrisie", observe pour Sputnik Kémi Séba, chef de l’ONG Urgences panafricanistes. Pourtant, en ce moment, se forme sur le continent noir une nouvelle vision qui lui permettrait de s’opposer à un "Occident anthropophage".
"La meilleure stratégie du diable, c'est de faire croire qu'il n’existe pas ou qu'il n'existe plus". Le chef de l’ONG Urgences panafricanistes Kémi Séba est convaincu qu’en laissant le monde croire que la Françafrique est finie, Paris cible à la faire perdurer.
Et les médias comme Le Monde, Libération ou Le Figaro servent de "bras médiatique au néocolonialisme français", poursuit-il.
"Les bases militaires françaises qui sont installées stratégiquement à des endroits capitaux comme la Côte d'Ivoire, comme le Sénégal, comme le Niger, comme le Tchad et j'en passe. Et le Bénin aussi, prouve à foison que la puissance néocoloniale n'a jamais été aussi présente", déploie M.Séba en interview à Moscou.
Il déplore que certaines élites "soient complètement soumises à un Occident anthropophage quelque part, qui mange nos corps, mais surtout qui mange nos esprits".
Pourtant, selon lui, "une nouvelle vision est en train de se positionner" sur le continent, celle "d'un souverainiste anticolonialiste". Des changements possibles surtout grâce à la jeunesse qui est l’une "des plus éveillées et des plus averties", estime Kémi Séba.

Pas à pas vers l’autodétermination

L’autodétermination africaine doit reposer sur nombre d’aspects, dont la souveraineté militaire, monétaire, culturelle et linguistique.
"Il se trouve que nos armées ont été pendant trop longtemps sous le système colonial afin que l'on ne puisse pas nous défendre contre des déstabilisations extérieures et afin que des puissances coloniales viennent faire soi-disant des shérifs pour en réalité sécuriser l'accès aux ressources", explique le militant.
Quant à l’aspect financier, il est important d’avoir "une monnaie qui est en adéquation avec nos économies locales", puisque l’euro "anéantit tout processus de compétitivité".
Pour les peuples africains, le rétablissement de la souveraineté culturelle se conjugue avec l’écartement du "colon occidental" et va vers "la connaissance de [leur] propre identité", c’est-à-dire du foyer civilisationnel, de la spiritualité originelle".
"Dire que […] la France est prête à laisser tomber la Françafrique, c'est une chimère, […] une hypocrisie [et] une stratégie de diversion linguistique visant à nous dribbler pour continuer en réalité à toujours aller marquer des buts au fond de nos filets pour ses propres intérêts", résume M.Séba.
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