"La médecine, c’est l’humilité": médecins russes et africains œuvrent ensemble en Côte d’Ivoire

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Médecins russe et ivorien - Sputnik Afrique, 1920, 02.10.2023
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La médecine jette des ponts de plusieurs milliers de kilomètres, permettant à des praticiens russes et ivoiriens de travailler de concert à Abidjan. Trois cliniciens ont décrit cette collaboration fructueuse à Sputnik.
Quand la science transcende les barrières. En Côte d’Ivoire, la collaboration entre la Russie et l’Afrique passe aussi par la pratique de la médecine. Certains praticiens africains n’hésitent pas à se rendre en Russie pour perfectionner leur art, alors que des médecins russes font le chemin inverse pour aider les structures de santé ivoiriennes. Sputnik Afrique a donné la parole à quelques-uns de ces cliniciens voyageurs, à l’occasion de la Journée internationale des médecins.
Le chirurgien russe Maxim Jouravel a notamment fondé le premier Centre des maladies cardiovasculaires de Côte d'Ivoire. Il explique à Sputnik avoir vécu une expérience dépaysante en s’installant en Afrique, où les structures de santé sont parfois moins avancées qu’en Russie.
"La Côte d'Ivoire est l'un des pays les plus développés de l'Afrique de l'Ouest […] Mais quand tu viens ici, tu es seul, personne ne peut t'aider, te donner des conseils rapidement, ton directeur d'hôpital est à 10.000 km, il y a un décalage horaire, tu dois compter sur toi-même. Cela te fait grandir en tant que professionnel, renforcer tes connaissances, tu deviens plus confiant", explique-t-il ainsi.
Le médecin insiste sur l’accueil de la population ivoirienne, qui n’a jamais eu de préjugés à son encontre. Certains patients ont même vu dans son arrivée une volonté directe du Kremlin d’aider les populations d’Afrique, même si la réalité était plus prosaïque.
"Au cours de mes années ici, depuis 2019, je n'ai jamais rencontré un seul patient avec une attitude négative parce que je venais de Russie. L'accueil est très chaleureux. J'ai aussi eu des cas curieux où des patients m'ont déclaré: + Dites merci beaucoup à Vladimir Poutine de vous avoir envoyé ici+. Ce n'est pourtant pas notre Président qui m'a envoyé ici, mais le patient me disait qu’il savait que Poutine était ce genre de personne, capable d’envoyer des spécialistes pour soigner les gens", explique ainsi Maxim Jouravel.

Formation en Russie

De l’autre côté du miroir, le docteur Steve N’Kragbo s’est pour sa part rendu en Russie, où il a pu parfaire sa formation de médecin, justement sous la supervision de Maxim Jouravel. Une formation "très enrichissante", même si l’apprentissage de la langue russe a été pour lui un défi. Le contact avec las patients russes s’est là encore fait sans apriori.
"Certains patients, bien sûr, étaient initialement surpris ou curieux de rencontrer un étranger, tandis que d'autres n'accordaient pas d'importance à mon origine. L'enjeu était de recevoir des soins de qualité. La plupart des patients accordaient généralement plus d'importance à la compétence et à l'empathie du médecin qu'à son origine", explique ainsi Steve N’Kragbo à Sputnik.
De retour à Abidjan, le médecin a pu mettre ces acquisitions en pratique, en ouvrant notamment une salle de cathétérisme, puis un département de radiologie interventionnelle.
Même constat pour le docteur Louis-Bernard Ehui, ayant lui aussi bénéficié d’une formation en Russie sous l’égide de Maxim Jouravel. Le cardiologue insiste sur la qualité de l’enseignement, qui n’a rien à envier à celui prodiguait en Europe ou au Canada.
"Il y a quelques différences dans le cursus, mais en général, les spécialités se ressemblent […] Il faut dire que la médecine, c'est l'humilité. Donc nous sommes disposés à apprendre et à échanger avec nos collègues qui ont aussi étudié dans d'autres pays pour s'enrichir. Nous n'avons vraiment rien à envier à ceux qui ont étudié en Occident, notre cursus a été vraiment d'un bon niveau", déclare-t-il ainsi à Sputnik.
Les trois médecins continuent de se côtoyer au sein de Polyclinique Internationale Sainte Anne-Marie (PISAM) à Abidjan et échangent souvent en russe. Preuve que la médecine ne connaît décidément pas de frontières.
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