Le 22 novembre, le jour du 120 anniversaire de Charles de Gaulle occupe une place à part dans le vaste programme de l’Année Croisée France-Russie. C’est à cette date qu’on a consacré une conférence scientifique, organisée par l’Association des amis de la France en coopération avec l’Institut de l’Europe de l’Académie des sciences de Russie. Notre correspondant Igor Yazon a assisté à cette conférence.
La conférence a été inaugurée par le président exécutif de l’association Youri Doubinine, ancien adjoint au ministre des affaires étrangères de Russie, dernier ambassadeur de l’Union Soviétique en France. En 1959 le général de Gaulle a été réélu au poste du président de la République. Un an plus tard, Youri Doubinine qui a commencé sa carrière diplomatique comme interprète de l’ambassade soviétique à Paris a eu la chance de devenir interprète de Charles de Gaulle lors de la première visite de Nikita Khrouchtchev en France. Selon Youri Doubinine, le général de Gaulle a beaucoup attendu cette visite qui a duré 12 jours et a été la première visite du leader de cet État en France après la visite de Nikolaï II. «Enfin! Vous voila»,- a annoncé de Gaulle avec émotion en saluant Khrouchtchev en France.
Ensuite il y a eu des négociations, se rappelle Youri Doubinine. J’ai traduis trois conversations confidentielles sur quatre. Ces conversations ont été publiées et elles sont très intéressantes. Pourtant, en même temps on peut s’y adresser et demander ce qui y était le plus important. La conversation sur les problèmes d’aujourd’hui, sur l’ordre du jour dans les relations russo-françaises, dans la vie européenne et dans l’espace euro-atlantique. Les deux leaders ont ébauché les contours du projet qui a déjà 50. En réalité ce projet a dépassé considérablement son temps. Je dirais que c’était un projet pour tout un siècle. C’est aux négociations avec Khrouchtchev que de Gaulle a parlé de son rêve de créer une Europe Unie. Bien sûr que certaines idées n’ont pas été acceptables pour Khrouchtchev. Pourtant ni de Gaulle ni son homologue soviétique ne pouvaient même pas s’imaginer comment sera la Russie à la fin du XX siècle. Les idées du général de Gaulle se sont réalisées, elles se sont manifestées à la rencontre récente à Deauville et au dernier sommet de l’OTAN à Lisbonne. De fait, Charles de Gaulle est sorti en dehors de son époque. Cela prouve la grandeur de cet homme. Et ce n’est pas par hasard que son nom a été perpétué en Russie. Une place moscovite où se trouve son monument porte le nom de Charles de Gaulle.
Le chef du Centre des études françaises auprès de l’Institut de l’Europe, docteur des sciences historiques, professeur Youri Roubinski, l’attaché de la défense de l’Ambassade de France en Russie, général de brigade Jean Morin et d’autres participants à la rencontre ont parlé du «plus grand des français».
