Radovan Karadzic : «Les humanistes font avec les gens ce que les végétariens font avec les légumes»

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L'INTERVIEW EXCLUSIVE AVEC RADOVAN KARADZIC
Pour le monde entier vous êtes un homme politique, ancien président de la République de Serbie, docteur en psychiatrie. En Russie, vous avez reçu un prix littéraire prestigieux:  Prix international pour les arts et les lettres, le prix Cholokhov, bien que vos œuvres ont été plusieurs fois publiées en ex-Yougoslavie et en nouvelle Serbie. Est-ce la confirmation que «nul n'est prophète en son pays»? 

J'aimerais croire que le jury m’a attribué le prix Cholokhov non pas parce que je suis un homme politique. De toute façon, je suis très reconnaissant pour ce prix. Il y a très peu de poètes qui sont compris par les lecteurs. Notre vie est si difficile que les gens n’ont pas envie de se pencher sur des questions délicates. Je ne suis pas plus prophète que quelqu’un d’autre, mais j’écoute peut-être plus souvent mon âme. Chacun peut le faire. Jésus-Christ a dit « que celui qui a des yeux, voit et que celui qui a des oreilles, entende ! ». Le prophète Mahomet a ordonné de prier cinq fois par jour. Il est nécessaire que chacun puissent avoir autant de «moments  sacrés» qu’il le souhaite. Dans ce cas là, chacun pourra toucher par son âme les hauteurs de Dieu. Et tous les gens commenceront à voir clair.

Dans le recueil politique  «Vseosen», publié en russe en 2004, il y a un poème «Sarajevo». Nous avons remarqué que tout habitant de Sarajevo qu'il soit serbe, croate ou musulman peut s’identifier avec le héro lyrique. Dans la pièce «Sitovacija» vous écrivez que «la Bosnie est serbe, croate et musulmane». Cependant, aujourd’hui on vous accuse de génocide. Comment votre célèbre collègue Sigmund Freud qualifierait-il ce cas ?

J’ai écrit ce poème il y a 30 ans, il ne s’agit pas de la guerre, mais de la prédétermination de notre vie. L’humanité a survécu non seulement aux séismes et aux émissions industrielles, mais aussi à son « épuisement » dans un sens plus profond. Le héro principal de la pièce  du grand écrivain serbe Petar Kocic, David Strbac a mieux décrit la Bosnie. A l’époque et maintenant, il est plus facile de définir ce que la Bosnie n’est pas plutôt que ce qu'elle est. En ce qui concerne les accusations, Freud dirait la chose suivante: retirez vos illusions.

Votre pièce humoristique «Sitovacija» a été publiée il n’y a pas très longtemps en langue russe. L’un de ses héros confesse qu’il n’aime pas les «humanistes». De quels humanistes s’agit-il?

Pour moi, les humanistes masquent leurs actes par nos intérêts communs. Un grand poète russe a écrit «nous sommes tombés entre les griffes des humanistes». Il est très facile de tromper le monde entier en commettant des actes horribles au nom de l’humanité.  Rappelez-vous que l’OTAN a appelé les bombardements de la Yougoslavie «Ange miséricordieux». Dans le monde entier, il y a plein d’humanistes dangereux qui créent de nouvelles nations, qui  inculquent une nouvelle culture et une rectitude politique. Pour comprendre le phénomène de l’humanisme, on a besoin du nouveau Freud parce que l’humanisme est tout à fait mensonger. Les humanistes font avec les gens ce que les végétariens font avec les légumes.

Est-ce que votre attitude envers les valeurs européennes a changé après la création de «Sitovacija», surtout après les déclarations de A. Merkel, de D. Cameron et de N. Sarkozy  sur la chute de la conception du multiculturalisme?

Ma perception des valeurs européennes n’a pas changé parce  que je crois que les principales valeurs européennes sont éternelles car elles sont authentiques. Cependant, il y a toujours le revers de la médaille. Je ne parle pas des grands malfaiteurs du passé qui ont brûlé l’Europe jusqu’aux cendres. Je parle de la domination de ceux qui dirigent les nations et les cultures. Le grand premier ministre français, Edouard Balladur a écrit un livre  qui confirmait qu’une nation était une base nécessaire pour la liberté, la démocratie et avant tout une culture particulière, avec quoi Malraux serait d’accord. Ceux qui veulent nous priver de la culture, détruire la richesse et la diversité des cultures et faire de nous une masse de consommateurs individuels  au lieu d’une nation, vont détruire des ressources culturelles précieuses de la même façon que les ennemis de la biodiversité détruisent les espèces. Si le Créateur avait voulu qu’on se ressemble tous, il l'aurait fait sans problème. Ceux qui viennent pour changer le multiculturalisme et non pas pour utiliser ses avantages sont la plus grande menace du multiculturalisme européen. J’ai très peur que la Serbie puisse  entrer dans l’UE. Elle commencera par perdre ses valeurs principales et tombera en décadence, parce que le pays a déjà perdu dans certains domaines sa spiritualité. La richesse de l’Europe vient partiellement  de l’époque coloniale, qui est dépassé, et la spiritualité chrétienne représente une possibilité magnifique de retrouver la richesse spirituelle.

Sans le pain divin nous sommes tous voués à une éternelle famine spirituelle.

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