Avocat de Saddam Hussein: « Le printemps arabe » a commencé avec l'Irak

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Le sommet des pays de la ligue arabe commence à Bagdad demain. Le thème principal de cette rencontre sera la situation en Syrie, où le « printemps arabe » s’est arrêté à mi-chemin.
Ironie du sort, la réunion qui examinera les conséquences des révolutions dans les pays de l’Afrique du Nord, du Proche et du Moyen-Orient se tiendra dans l'ancien palais de Saddam Hussein.


C’est bien en Irak, il y a neuf ans, qu’a commencé le «printemps arabe», note l’avocate Bouchra Khalil, qui a défendu Saddam Hussein devant le tribunal. Elle n'était pas seulement l’avocat, mais aussi la confidente de l'ancien président irakien. Bouchra Khalil a vécu avec son «client» les jours tragiques depuis le début de son procès jusqu’à sa date d'exécution. Voici comment elle relate les événements passés.

Saddam a fait transmettre par moi beaucoup de lettres adressées à de diverses personnalités politiques. Il y avait des lettres, mais aussi des messages oraux qu’il me confiait. Ces messages étaient adressés au peuple irakien, à la résistance, au Secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, qui était considéré par Hussein comme l'un des véritables leaders populaires au Moyen-Orient.


Voix de la Russie : Vous a-t-il demandé quelque chose de personnel avant son exécution?

Je n’ai entendu aucune demande de sa part le concernant personnellement. Absolument rien, sauf le devoir qu’il avait devant le pays. Du moins, il voulait apparaître de telle façon devant son peuple. Saddam ne se voyait pas comme le mari, ou le grand-père, il voulait apparaître en père de la nation. Il était beaucoup plus préoccupé par l’avenir du peuple irakien et des arabes en général. Je peux seulement ajouter, que Saddam a reçu une proposition qui en ferait réfléchir plus d’un. On lui a proposé sa libération, suivie par une vie paisible dans un pays arabe (probablement le Qatar), et en échange, il devait arrêter la résistance et le dire à son peuple. Il a évidemment refusé.


 Qu’est-ce qui est resté «en coulisses»? Quels sont les événements, qui sont restés dans l’ombre, alors qu’ils ne devraient pas l’être? Y aurait-il d’autres détails que vous voulez évoquer?

C’est la première fois que j’en parle publiquement. Saddam Hussein aidait financièrement Slobodan Milosevic, lorsqu’il a comparu devant le Tribunal de La Haye. Tout ce procès sur Milosevic nécessitait des dépenses considérables. Les services des avocats coûtaient cher et Hussein, en pressentant les événements futurs, a décidé de soutenir le président déchu de la Yougoslavie. Faut-il expliquer ce qui a motivé Saddam Hussein? Prévoyait-il la situation, qui s’est créée aujourd’hui dans les pays arabes et la doctrine géopolitique dans le monde? La violation de la souveraineté  dans le monde a commencé par la Yougoslavie. Et tous les événements ultérieurs, qui, tel un tsunami, ont balayé le continent, en sont la preuve.


Comment évaluez-vous personnellement la situation actuelle au Moyen-Orient?

Neuf ans après, je peux le dire: de facto, les événements en Irak ont marqué le début des changements qu’on appelle aujourd’hui le «printemps arabe». Il s’agit de l'arrivée généralisée des «islamistes» qui n'ont rien en commun avec l'Islam en tant que base théologique. L'Islam appelle depuis des siècles à l'unité et la fraternité des peuples de différentes confessions, ce n'est pas une religion de terroristes sanglants qui effectuent la volonté de quelqu'un d'autre…


Comment évaluez-vous alors la position de la Russie et ses actions par rapport à la crise au Moyen-Orient?

La position de la Russie mérite le respect et le soutien de ma part. C’est une approche politique équilibrée et perspicace par rapport à cette question. Pendant de nombreux siècles, il n’y a pas eu de tensions arabo-russes. Ici, en Orient,  on perçoit la Russie comme un ami et un partenaire. Cela est très précieux. En termes d’intérêts, nous avons des intérêts communs avec la Russie, et dans le sens figuré, je peux dire que nous nous trouvons dans «une même tranchée». Je peux dire aussi avec certitude que la Russie est revenue sur la scène internationale comme un acteur stratégique à part entière, dont l'opinion doit être prise en considération par les autres.

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