Intrusion en Syrie. Israël fait des siennes

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Avant-hier, mercredi 30 janvier 2013, Israël a effectué une frappe ciblée contre un centre de recherche syrien situé dans la banlieue de Damas. Ce centre de recherche, contrairement à ce que prétendent certains médias étroitement axés sur les intérêts de l’Etat hébreu, comporte aussi bien une partie militaire que civile. Bilan : au moins deux morts, des blessés.

Techniquement, l’opération devint possible grâce ou plutôt à cause de deux facteurs. Primo, il se trouve qu’il y a eu derechef violation de l’espace aérien libanais, le bombardement ayant été opéré, vu la disposition de cette banlieue, de la frontière syro-libanaise. Secundo, on sait de source sûre que les bombardiers à l’œuvre volaient en-dessous de la hauteur détectée par les radars, là encore, en violation totale du droit aérien.

Le porte-parole de l’armée israélienne a préféré se réfugier dans le silence, malgré les questions qui lui avaient été posées de manière récurente par l’AFP. Même silence – serait-il conspirateur – de la part de la Maison Blanche. Même silence de la part de L’Elysée et du Quai d'Orsay où M. Fabius qui pourtant s’inquiète tant du sort de la Syrie… va jusqu’à interdire à ses porte-parole de désigner Bachar al-Assad par son nom de famille. Pourrait-on imaginer quelque chose de semblable de la part de son homologue russe, M. Lavrov ? A moins de faire un cauchemar… M. Fabius a également appuyé sur le mot d’ordre avouant regretter que « Bachar » continue à se trouver de ce monde. De quoi se poser des questions et revenir sur la peine de mort, pourtant abolie par le parti de Fabius en 1981 … Curieux comme retour en arrière, vous ne trouvez pas ?

Ces silences unanimes de personnalités a priori obsédées par le bien-être de la Syrie n’ont d’autre fin que de voiler les desseins criminels d’Israël, protégé des USA qui se permet tout et n’importe quoi. Dans le besoin immédiat, les pires mensonges, les pires impostures font l’affaire.

Ainsi, Israel a justifié son intervention par le fait (ou l’hypothèse) que le centre en question représentait un véritable arsenal pour le Hezbollah libanais. Il s'agirait, plus précisément, d’un centre de transfert de missiles du type Sam-7 qu’il fallait donc raser à tout prix. Sur ce, les arguments ne tarissent pas, car le laboratoire aurait été bourré d’armes chimiques déjà entièrement synthétisées ou sur le point de l’être. Que ces accusations aillent de pair ou aient été formulées séparément, cela ne change rien à la conclusion finale qui s’impose. Si l’aviation israélienne avait en effet bombardé un centre abritant des Sam-7, l’explosion en résultant aurait suscité un retentissement capital. Si, à l’aube du 30 janvier, les armes chimiques étaient bien là où on voulait qu’elles soient, la catastrophe écologique qui aurait suivi ne se serait guère limitées au bilan de deux morts.

M. Meyssan, en témoin direct des évènements, s’empresse de nous mettre en garde. Au lendemain de l’intrusion, un haut-dignitaire syrien lui avait expliqué que l’armée arabe syrienne avait mis il y a peu la main sur « du matériel israélien sophistiqué » qu’il avait naturellement envoyé au laboratoire de Jomrayah pour analyses poussées. Le hasard a voulu qu’il n’en reste plus trace, le centre ayant été sérieusement endommagé par l’incendie.

Nous sommes en présence d’un nouveau subterfuge qui rappelle fort le coup des échantillons contenant de la lessive en poudre en Irak … de la lessive en poudre supposée être de la poudre d’oxyde d’uranium ! Et le monde y a cru, le feu vert fut alors donné pour pendre un chef d’état élu par son peuple. On retrouve le même procédé, la même tactique de détournement des faits et elle n’est pas plus neuve en Syrie qu’ailleurs. Il y a quelques années de là, Israël avait déjà forcé l’espace souverain de la Syrie en prétendant qu’il y avait sur son territoire un centre destiné à la fabrication d’une bombe atomique … non point syrienne, d’ailleurs, mais nord-coréenne ! Voilà jusqu’où vont les campagnes de désinformation.

Nous nous demandons aujourd’hui à qui cette manœuvre hasardeuse apparemment dénoncée (dénoncée en tout cas en catimini) profiterait ?

Nous pensons qu’il faut relever un double intérêt alimenté par un malheureux concours de circonstances. D’un côté, nous savons aujourd’hui que l’opposition syrienne jouit du soutien israélien. Il en existe une preuve géographique élémentaire : l’ASL affronte les positions de l’armée gouvernementale préférentiellement le long de la barrière de sécurité israélienne. Comme la Syrie n’a ni l’envie particulière ni les moyens pratiques d’affronter l’Etat hébreu, les manifestations des rebelles ne sont réprimées que d’une manière très relative. Il n’est pas question d’indisposer les protégés des USA ! Cette ligne de démarcation existe donc et sert tant les intérêts israéliens que ceux de l’opposition même s’il est vrai que certains quotidiens hébreux s’en défient, croyant qu’à terme ce tandem pourrait largement décaler le conflit en l’intériorisant au cœur même d’Israël. Maintenant, il faut comprendre pourquoi Israël fait preuve d’une « bacharophobie » aussi engagée. En réalité, il n’est aucunement question de M. al-Assad en tant que tel. C’est l’Iran qui est visé à travers la Syrie. Il existe, depuis un certain nombre d’années, comme une sorte d’équilibre fragile entre Iran et Israël, celui-ci étant entretenu par les USA. D’aucuns affirment que l’Iran n’a pas encore mis au point sa bombe atomique et que, dans l’hypothèse où cela arriverait, un dénouement catastrophique ne se ferait pas attendre. Bien entendu, on peut se demander pourquoi un Etat souverain tel que l’Iran se verrait interdit d’avoir la bombe atomique alors que son ennemi a environ 80 armes nucléaires d’après le rapport du SIPRI. Cette question reste sans réponse pertinente. Elle reste sans réponse pour l’Iran lui-même qui plus que jamais a besoin d’une arme de dissuasion de taille. Et il semble à l’heure actuelle qu’il est sur le point de l’avoir. Objectif : stopper d’urgence le processus.

Ladite hypothèse explique parfaitement la partie d’échec jouée par l’Israël dans la mesure où, nous venons de l’apprendre, Téhéran a déjà menacé Tel-Aviv, prenant à témoin les Nations Unies. Pour notre part, nous entendons déjà les trompettes otaniennes…

Cible privilégiée de l’Occident pour une vile affaire de gazoduc, monnaie d’échange dans un conflit qui la dépasse, la Syrie est pour le moins à plaindre. Mais ne serions-nous pas doublement à plaindre s’il advient que l’Iran frappe en effet Israël, engageant les USA dans une campagne qui s’étendra alors bien au-delà du Moyen-Orient et marquera le début de la Troisième Guerre mondiale ? A méditer. /L

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