Ukraine : les Ruthènes réclament leur autonomie

© Photo : RIA NovostiUkraine : les Ruthènes réclament leur autonomie
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Nikolaï Starosta, le chef de l’organisation Rada populaire de Ruthénie subcarpatique (RPRS), a annoncé que les Ruthènes demanderaient aux députés de la Verkhovna Rada et au président Viktor Ianoukovitch de remplir les exigences du référendum de 1991 et d’accorder l’autonomie à la Ruthénie subcarpatique.

Serait-ce un détonateur supplémentaire du démembrement de l’Ukraine ou de sa fédéralisation ? Kirill Frolov, spécialiste de l’Institut des pays de la CEI, a exprimé son point de vue sur la question.

« Je pense que les exigences des Ruthènes sont tout à fait justes. Les Ruthènes ne se sont jamais séparés du monde russe de toute leur histoire. En 1946 déjà, ils avaient demandé à Staline de les intégrer à la Fédération de Russie en tant que république autonome ou fédérée. Mais il a été décidé de rattacher la Ruthénie subcarpatique à la République socialiste soviétique d’Ukraine. Les communistes ukrainiens, dirigés par Nikita Khrouchtchev, les ont soumis à une ukraïnisation forcée. Toutefois, malgré cela, qu’ils aient vécu en Hongrie, en Austro-Hongrie ou en Tchécoslovaquie, les Ruthènes ont conservé leur lien de parenté avec la Russie. Aujourd’hui, le chef spirituel des Ruthènes est l’archiprêtre Dmitri Sidor, du Patriarcat de Moscou, qui se bat pour leurs droits. Il est célèbre pour avoir hypothéqué sa maison afin de construire une grandiose église et un centre de missionnaires au centre d’Oujgorod. Et il a été condamné pour séparatisme après avoir demandé le respect de l’opinion de 72 % de la population, qui, lors d’un référendum en 1991, se sont prononcés en faveur de l’autonomie de la Ruthénie subcarpatique. Cette autonomie peut-elle déstabiliser la situation politique de la région ? Bien au contraire. Les Ruthènes ne veulent rien avoir de commun avec les idées de l’EuroMaidan. »

À quel point est-il possible aujourd’hui, en pleine crise, d’accorder l’autonomie à la Ruthénie subcarpatique ? Mikhaïl Pogrebinski, directeur du Centre kiévien d’études de la politique et des conflits, répond à la question.

« Les Ruthènes ne représentent pas la région en entier, mais seulement sa communauté nationale, et cherchent depuis longtemps à obtenir leur autonomie. Je ne considérerais pas leur initiative comme un prétexte pour que débute le démembrement du pays, parce qu’il est très peu probable que l’autonomie leur soit accordée maintenant. Les motivations des Ruthènes sont pourtant bien compréhensibles. Ils ne veulent pas faire partie d’une région contrôlée par la Galicie où le nationalisme ukrainien prospère. Les Ruthènes craignent que des nationalistes radicaux, ceux qui les considèrent comme des ennemis de l’Ukraine, arrivent au pouvoir. Les Ruthènes ont historiquement des intérêts contraires à ceux des nationalistes ukrainiens, qui ont pour héros Stepan Bandera. En ce qui concerne le droit à l’autonomie, il pourrait en principe devenir réalité dans la nouvelle constitution. Elle devrait prévoir plus de droits pour les régions, et aussi pour les minorités nationales. Mais, pour le moment, il n’en est rien. L’activité des Ruthènes pousse objectivement à un changement de la structure de l’État, à une nouvelle constitution, parce que celle qui est en vigueur a provoqué les évènements dont nous sommes aujourd’hui les témoins. » T

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