Les résultats du scrutin afghan

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L’Afghanistan est en train de dresser le bilan de la présidentielle du 5 avril. Le décompte se poursuit depuis une semaine mais toutes les provinces n’ont pas pu amener la totalité des bulletins à la capitale en raison du manque d’infrastructures et des problèmes routiers.

Selon les autorités afghanes, on ne connaîtra les premiers résultats que le 24 avril. Les voisins d’Afghanistan surveillent cependant attentivement le déroulement des suites du scrutin. Notre correspondante à Douchanbé Galima Faskhoutdinova exprime le point de vue du Tadjikistan sur les résultats de la consultation.

Après dépouillement d’environ 40% des bulletins, trois candidats sont en tête. Deux d’entre eux, à savoir l’ex-ministre des finances Ashraf Gani Ahmadzaï et l’ancien chef de la diplomatie Zalmaï Rassouli, représentent la majorité pachtoune. Ils sont talonnés par le nordiste Abdoullah Abdoullah. On ne connaîtra les premiers résultats du scrutin que le 24 avril. De nombreux analystes estiment qu’il y aura un second tour mais d’autres pensent que les candidats finiront par s’entendre, si bien qu’il n’y aura pas besoin d’un nouveau scrutin. Voilà ce qu’en pense le politologue tadjik Kosimsho Iskandarov qui dirige les études d’Afghanistan et d’Asie Centrale.

« Voyez un peu à quel point les Afghans étaient stressés ces jours-ci côté sécurité. Il y a eu des attaques contre les bureaux de vote et de nombreux policiers ont été tués. Le pays tout entier était sous tension. Il y a aussi les problèmes économiques parce que l’organisation du second tour exigera des frais énormes. J’en conclus qu’il y aura probablement la décision politique de créer un gouvernement de coalition. »

Selon Kosimsho Iskandarov, deux candidats se désisteront éventuellement avant le second tour. C’est ce qui s’est passé en 2009, quand Abdoullah Abdoullah a décidé de se désister de son plein gré en ouvrant la voie à Hamid Karzaï. L’histoire peut se répéter mais cette fois en faveur d’Ashraf Gani Ahmadzaï qui, à la différence de ses rivaux, serait soutenu par les États-Unis. C’est important compte tenu du fait que les troupes de l’OTAN sont stationnées en Afghanistan. Mais, de toute façon, la victoire d’un candidat ou même la création d’un gouvernement de coalition, tireront le rideau sur 12 années du gouvernement de Hamid Karzaï, une période qui suscite des réactions mitigées, note Kosimsho Iskandarov :

« C’était une époque de stagnation. Le pays a de graves problèmes de sécurité et bat les records de corruption. Rien n’a été fait pour arriver à un accord avec les talibans. On peut dire que Karzaï a échoué partout et que, par conséquent, cette présidentielle peut s’interpréter comme une protestation contre la politique actuelle. »

Les experts conjecturent sur la suite des événements en Afghanistan et leur impact sur la situation en Asie Centrale. L’élection coïncide avec le retrait des forces de coalition de L’OTAN et les Américains cherchent à obtenir l’accord de Kaboul sur l’implantation de neuf bases militaires dans les provinces afghanes. Il n’est pas exclu que Hamid Karzaï acceptera le marché avec Washington avant de se démettre de ses fonctions. Les analystes supposent que le président sortant pourra ainsi quitter l’Afghanistan et obtenir le droit d’asile dans un pays occidental. Par contre, son successeur sera confronté aux problèmes qui se sont accumulés ces 12 dernières années. Comme le fait remarquer Dmitri Alexandrov, directeur du département d’Asie Centrale de l’Institut russe d’études stratégiques, la nouvelle administration afghane se concentrera cette année sur les problèmes internes. Elle devra faire face à la tâche ardue qui consiste à renforcer son pouvoir sur fond d’activation de talibans :

« Je ne pense pas que d’ici deux mois, Kaboul tombera entre les mains de l’opposition unie ou des forces extrémistes. Je ne suis pas partisan d’un scénario catastrophe et je pense que la situation s’améliorera progressivement au même rythme qu’aujourd’hui. Quant à l’impact sur la situation en Asie centrale, je ne crois pas à la poussée des talibans vers les frontières. En fait, les principales forces politiques afghanes seront surtout occupées par les problèmes intérieurs. »

Les experts à Douchanbé estiment que les pays d’Asie Centrale reconnaîtront le gouvernement afghan quel qu’il soit et coopéreront avec lui. Ce sera aussi la réaction de tout gagnant en puissance de la course électorale. Les analystes n’excluent pas que le nouveau leader afghan entreprendra dès cette année une tournée de travail à travers les pays de la région. Ces prévisions sont bien fondées parce que le départ des troupes de l’ISAF coïncide avec la cessation de l’assistance économique accordée à l’Afghanistan par l’Occident. Les otaniens s’en vont et essaient de faire porter la responsabilité de l’économie afghane à ses voisins, dont trois États postsoviétiques. N

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