Quand Piotr Porochenko a pris ses fonctions présidentielles, les électeurs ukrainiens espéraient de lui un relatif apaisement dans le Sud-est du pays. Or un règlement politique réel de la crise exige des concessions sérieuses aux régions de Donetsk et de Lougansk. Porochenko ne pourra pas l’accepter, même s’il le voulait vraiment, estime Dmitri Efremenko, directeur adjoint de l’Institut de l’information scientifique pour les sciences sociales auprès de l’Académie russe des sciences :
« La majorité parlementaire actuelle est la principale force. Le nouveau président Porochenko a intérêt à obtenir un réel soutien de la majorité au parlement. A présent il est conditionnel, et la majorité lui propose de décréter la loi martiale dans les régions de Donetsk et de Lougansk. Autour de cette majorité parlementaire se forme un camp de la guerre, qui va interpréter toute démarche de la direction ukrainienne vers un compromis de paix comme une trahison de l’idée d’une Ukraine unitaire et indivise et comme une trahison des aspirations du Maïdan. Par conséquent, la pression sur Porochenko va se renforcer. »
Evoquons les partisans de la guerre. En dépit du fait que le conflit armé dans le Sud-est tue presque chaque jour, bien des personnes en Ukraine ont intérêt à voir la guerre se poursuivre, a noté Alexeï Martynov, directeur de l’Institut international des nouveaux Etats:
« Comme on le sait, le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres. La guerre c’est du business. Dans ce sens il y a ceux qui profitent de la poursuite des hostilités. Par exemple, des oligarques nommés aux postes de gouverneurs de certaines régions d’Ukraine. Pour eux, c’est du business, c’est un gain. L’un d’eux a même proposé d’édifier un ouvrage de protection le long de la frontière russe de l’Ukraine. »
Pourtant Alexeï Martynov espère que Kiev acceptera un règlement pacifique de la crise :
« Je ne pense pas que les autorités à Kiev ou ceux qui contrôlent aujourd’hui le pouvoir parvienne à réprimer rapidement la résistance dans le Sud-est. D’après tout, ce plan consistant à isoler la région de la frontière russe, à l’encercler et la raser, subit un fiasco. Finalement tout doit s’achever par des négociations. Comme n’importe quelle guerre. J’espère que Donetsk et Lougansk parviendront à défendre leur indépendance et la paix dans la région. »
Toute guerre se termine par une paix, disent des experts, mais il n’y aura plus d’Ukraine unitaire. Kiev a déjà tout fait pour rebuter à jamais les habitants de l’Est. /N