Cette métaphore convient à la nouvelle composition de la Commission européenne approuvée par le parlement le 23 octobre.
Jean-Claude Juncker, approuvé en juillet par les députés européens malgré la résistance de certains leaders politiques de l’UE a formé son équipe au mépris de leurs ambitions. Il a eu une certaine liberté de manœuvre grâce aux amendements à la procédure d’élection du chef de la Commission européenne formulées dans le Traité de Lisbonne. La candidature de Juncker est une sorte de compromis entre les deux concurrents essentiels au parlement : les conservateurs et les sociaux démocrates. Conformément à l’entente intervenue à la veille des élections européennes en mai dernier, le conservateur luxembourgeois Juncker devient chef de l’Exécutif de l’UE et Martin Schulz – chef du Législatif.
Selon Frankfurter Rundschau, cela a joué un mauvais tour aux députés. Le consentement de Schulz à la neutralité a été, pour reprendre l’expression du journal, « l’apprivoisement du parlement ». L’émeute des députés qui a failli éclater en signe de protestation conte certaines candidatures aux postes de Commissaires a été tout de suite étouffée : Juncker a rappelé à son ancien rival l’entente précédemment intervenue.
Dans son discours émotionnel devant les parlementaires, Jean-Claude Juncker a qualifié son équipe de « Commission européenne de la dernière chance » qui devrait « restituer la confiance des citoyens, en assurant en premier lieu la reprise de la croissance économique et en résorbant le chômage. Il est temps, selon Juncker, de « donner un nouveau souffle au projet européen ». Or, de l’avis des experts, c’est une tâche difficile.
Les experts accordent une attention particulière à la personnalité du chef du « gouvernement européen », 59 ans, ayant refait la structure de la Commission et disposé à prendre des décisions indépendantes. Selon l’expert en vue du Centre d’analyse situationnelle de l’Académie des sciences de Russie Serguei Outkine :
« Il est en fait assez équilibré. Quand il était Premier ministre au Luxembourg, Juncker développait d’une manière constructive les relations avec la Russie. Dans le même temps, il n’adoptera pas unilatéralement les décisions stratégiques. Quelque indépendante que soit la Commission dans certains aspects, la stratégie sera sans doute concertée par tous les pays membres. »
Quoi qu’il en soit, la Russie est, de l’avis de l’expert, prête à collaborer avec n’importe quelle administration de l’UE. On se demande à quoi sont prêts les Européens ? /N
