Les populations de la localité de Tchakamari, dans la région de l'Extrême-nord du Cameroun, ont vécu l'enfer dans la nuit du jeudi 18 au vendredi 19 avril dernier. Les djihadistes de Boko Haram y ont mené un raid, brûlant au passage des cases du village, malgré la résistance des populations.
Selon les sources locales, le bilan fait état de 9 morts, dont 6 vieillards calcinés par les flammes, et de nombreux blessés.
«Le bilan fait état de 9 morts dont 3 femmes, un enfant et 5 hommes. Le village est incendié à 95%», a déclaré aux médias locaux Ouhe Kolandi, sous-préfet de Mora lors de sa visite dans le village au lendemain de l'attaque.
«Il y a de plus en plus d'attaques de Boko Haram dans la région parce que les djihadistes sont à la recherche des provisions. À Tchakamari, ils sont venus pour s'approvisionner. Ça fait un mois que les villageois ont récolté le mil et les Boko Haram attaquent les villages pour trouver à manger»,
confie à Sputnik une source locale proche des autorités administratives, à Mora, une localité de la région, avant de poursuivre, inquiet:
«Il risque d'y avoir de plus en plus d'attaques du genre. Et on a l'impression ici que les populations et les autorités ont baissé la garde, pensant que Boko Haram a diminué. Pourtant c'est faux, ils sont en train de se reconstituer et ont réussi à arracher des armes au Nigéria. Au Tchad, ils sont combattus violemment et vont encore attaquer chez nous si on ne se remobilise pas.»
Située à une vingtaine de kilomètres de Mora, chef-lieu du Mayo-Sava, l'un des trois départements de la région de l'Extrême-Nord, Tchakamari se trouve sur la route nationale reliant Maroua, le chef-lieu de la région, à Kousseri, à la frontière du Tchad. Le village a déjà été la cible du groupe djihadiste par le passé. En 2015, Boko Haram avait tué une dizaine de personnes et enlevé une centaine d'habitants de la localité.Les attaques de Boko Haram se multiplient ces dernières semaines, dans les quatre pays de la région du lac Tchad. En début de cette année, l'Onu estimait que cette nouvelle offensive dans la région pourrait découler des liens entre le groupe extrémiste Boko Haram, et l'organisation terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique*.
Au Cameroun, quatre soldats ont été tués le 12 avril dans l'explosion de leur véhicule sur une mine que l'on présume avoir été posée par des djihadistes.
Au moins quatre militaires camerounais ont également été tués au cours de violents affrontements contre des djihadistes de Boko Haram, dans la nuit du samedi 6 avril, dans l'Extrême-Nord du Cameroun. L'attaque avait visé un poste de la Force multinationale mixte (FMM), une coalition régionale engagée contre les djihadistes de la secte islamiste, dans la localité de Sagmé, frontalière au Nigéria.
Depuis son apparition en 2009, Boko Haram, actif dans les pays frontaliers du lac Tchad, a causé au moins 27.000 morts et a provoqué le déplacement de 1,8 million de personnes, qui ne peuvent toujours pas regagner leur foyer. Le Cameroun est officiellement en guerre contre Boko Haram depuis mai 2014. Bien que le conflit ait graduellement baissé en intensité, après avoir atteint son paroxysme en 2014 et 2015, ces incidents et attaques rappellent que le mouvement djihadiste est loin d'être défait.
*Organisation terroriste interdite en Russie
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