Revue de la presse russe du 19 mai

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Russie-Norvège: le partage de l'Arctique n'aura pas lieu

Une des questions épineuses des négociations de Moscou entre le premier ministre norvégien Jens Stoltenberg, le président russe Dmitri Medvedev et le premier ministre Vladimir Poutine sera la partage d'une zone litigieuse de la mer de Barents dont les réserves estimées d'hydrocarbures dépassent 10 milliards de tonnes de combustible conventionnel, lit-on mardi dans le quotidien Kommersant.

Le litige concerne une zone de la mer de Barents d'environ 175.000 km2 de superficie. Oslo affirme que la frontière doit être délimitée grâce à une ligne médiane, dont chaque point serait équidistant des littoraux des deux pays. Quant à Moscou, il propose de se fonder sur le "principe de justice" en se basant sur la frontière occidentale des territoires polaires soviétiques, fixée par le Comité exécutif central de l'URSS en 1926.

La Russie et la Norvège ont signé en 1992 des ententes préliminaires sur la démarcation des parties septentrionale et centrale de la zone litigieuse, mais elles n'arrivent toujours pas à trouver un compromis concernant la limite du sud, la plus prometteuse du point de vue des hydrocarbures.

Oslo estime les réserves de ces territoires contestés à 1% de l'ensemble des ressources mondiales de pétrole, a indiqué à Kommersant l'expert de l'Arctique Alexandre Orechenkov. Le plus important gisement de la zone est Svod Fedynskogo, dont les réserves pourraient receler 10 à 12 milliards de tonnes de combustible conventionnel, le ministre russe des Ressources naturelles et de l'Ecologie Iouri Troutnev ayant même avancé le chiffre de 18 milliards de tonnes.

La Norvège ayant déjà obtenu trop d'avantages aux yeux de Moscou, la Russie n'a donc aucune envie de faire des concessions. Elle pourrait au contraire rappeler au premier ministre norvégien le fait que StatoilHydro est devenu le partenaire de Gazprom en matière de mise en valeur du gisement Chtokman. Il est pourtant peu probable que les parties tombent d'accord sur la délimitation de la frontière dans la mer de Barents dans un avenir proche, c'est pourquoi on n'envisage pour le moment que de l'exploitation conjointe des gisements d'hydrocarbures.

Vedomosti

Abkhazie: la Russie équipe ses bases militaires

Le gouvernement russe a recommandé au président du pays de signer des accords avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud en matière de coopération militaire, lit-on mardi dans le quotidien Vedomosti.

Les bases russes dans ces républiques caucasiennes reçoivent déjà des armes, notamment des chars T-90 et des systèmes de DCA.

Le président abkhaz Sergueï Bagapch a déclaré vendredi que l'accord avec la Russie était pratiquement prêt et qu'il serait signé dans les deux semaines à venir au maximum. M.Bagapch a annoncé auparavant que les bases seraient déployées pour une période de 49 ans sans aucun bail. Une source du journal Vedomosti au sein de l'administration du président sud-ossète a confirmé cette information.

La base implantée en Abkhazie s'équipe actuellement de matériel très moderne, notamment de chars T-90, alors que son réseau de défense antiaérienne sera renforcé à l'aide de systèmes de DCA de longue portée, indique une source au ministère russe de la Défense.

Les effectifs de chaque base seront de 3.700 personnes. Elles équivaudront en matière de contingent et de matériel aux brigades motorisées de "nouvelle apparence", créées actuellement par l'armée de terre russe sur la base des divisions dissoutes. L'état-major envisage également d'organiser à Otchamtchira (Abkhazie) une base pour des navires légers de la Flotte de la mer Noire et les gardes-frontières, ainsi que de déployer un certain nombre de chasseurs, d'avions d'assaut et d'hélicoptères sur l'aérodrome de Goudaouta, ajoute la source au ministère de la Défense.

Evaluant les forces envoyées vers l'Abkhazie, l'état-major général s'est fondé sur l'estimation des menaces potentielles, et, compte tenu du fait que ce contingent pourrait être renforcé en cas d'aggravation de la situation, il sera tout à fait suffisant pour repousser une agression éventuelle de la Géorgie, affirme Igor Korotchenko, membre du Conseil public auprès du ministère russe de la Défense.

La situation en Ossétie du Sud est différente. Le nombre annoncé des effectifs de la base est égal au contingent russe déployé dans cette même Ossétie du Sud et dans les régions adjacentes de l'Ossétie du Nord avant la guerre d'août, fait remarquer Viatcheslav Tselouïko, expert de l'armée géorgienne de l'Institut d'Etat de Kharkov. Mais la zone de contrôle s'est considérablement élargie, ce qui permet en théorie à Tbilissi de tenter encore une fois sa chance militaire, résume-t-il.

Gazeta.ru

Gaz: le combustible irakien est incapable de résoudre les problèmes de Nabucco

Le géant pétrogazier autrichien OMV AG et le hongrois MOL Nyrt achèteront chacun 10% des actions de la compagnie gazière irakienne Pearl Petroleum, lit-on mardi dans le quotidien Gazeta.ru.

Les partenaires ont annoncé que ce rachat constituait une partie de la stratégie visant à remplir le gazoduc Nabucco. Les experts estiment que le gaz irakien ne permettra pas de résoudre le problème du manque de ressources pour le projet européen.

Les investissements communs d'OMV et de MOL devraient se chiffrer à 8 milliards de dollars. Pearl Petroleum extrait actuellement 90 millions de pieds cubes de gaz par jour, alors que sa production journalière devrait atteindre, selon OMV et MOL, 3 milliards de pieds cubes d'ici 2014 (l'année du lancement de Nabucco). MOL a déclaré que de tels volumes dépassaient de 10 fois la demande hongroise et équivalaient approximativement à la capacité journalière de Nabucco.

3 milliards de pieds cubes par jour constituent près de 31 milliards de m3 par an (ce qui est justement égal à la capacité de Nabucco), explique Alexandre Chtok, chef du département Due Diligence de 2K Audit-Delovye konsoultatsiï. "Cela ne garantit cependant pas le remplissage de Nabucco", souligne-t-il. "Une partie du gaz extrait en Irak - environ 5 milliards de m3 - sera dépensé à la gazéification de la région, la Turquie comptant sur encore 10 milliards de m3. Nabucco ne sera donc rempli qu'à moitié, le gaz étant donc distribué en fonction de la demande turque et irakienne".

Natalia Miltchakova, du groupe financier Otkrytie, rappelle que 20% des actions ne constituent qu'une partie minoritaire, OMV et MOL n'étant en mesure d'influer même conjointement sur aucune décision du projet.

Aujourd'hui, quand les négociations avec l'Irak traînent en longueur et les pays d'Asie centrale, notamment le Turkménistan, ont de fait renoncé à participer au projet, l'activité des actionnaires de Nabucco en Irak semble une tentative de s'accrocher à un brin de paille. "Il s'agit d'un geste de désespoir", affirme Alexandre Chatilov, expert du Centre de la conjoncture politique. "La transaction irakienne consiste à faire contre mauvaise fortune bon coeur et montrer que Nabucco conserve son actualité".

"L'instabilité en Irak persistera au cours de nombreuses années", assure-t-il. "Et il sera tout simplement impossible de garantir la sécurité de l'extraction et du transport de gaz dans le contexte d'hostilités permanentes".

Vedomosti

Russie: le soutien de l'Etat a empêché la consolidation du secteur bancaire

Le soutien de l'Etat a mis un coup d'arrêt au processus de consolidation des banques russes, estiment les analystes de Standard & Poor's, cités mardi par le quotidien Vedomosti.

Les autorités russes ont soutenu la liquidité des banques dans une mesure plus importante que la plupart des autres pays du monde (dépassant parfois 30% des passifs). Ces opérations ont stabilisé la situation dans le secteur bancaire, mais ont involontairement empêché sa consolidation: des institutions non viables n'ont pas cessé d'exister.

"Je suis complètement d'accord avec cette assertion", indique Arkadi Kolodkine, président de la Banque nationale de réserve. Les banques assainies n'intéressent guère les acheteurs, alors que celles qui sont en mesure de poursuivre leur travail, annoncent des tarifs exorbitants, affirme-t-il. L'octroi de crédits sans gage par la Banque centrale a créé, selon lui, l'illusion que certaines banques pouvaient survivre à la crise par elles-mêmes. Un faible niveau de capitalisation ainsi qu'un grand nombre de banques possédant un chiffre d'affaires minuscule ont toujours constitué le talon d'Achille du système bancaire russe, les crédits de la Banque centrale étant incapables de le résoudre, rappelle M. Kolodkine. "C'est pourquoi les négociations en matière de fusion, entamées lors de la première phase de la crise, pourraient s'intensifier dès l'automne en cas d'aggravation de la situation économique", résume-t-il.

L'aide financière a contribué à la stabilisation du système, les fonds octroyés par la Banque centrale et la Vneshekonombank étant toutefois devenus dans la plupart des cas des passifs bancaires destinés aux crédits pour le secteur réel. "Je n'ai jamais entendu un président ou un premier ministre de quelque pays que ce soit imposer des taux d'intérêt et des volumes de crédit pour le secteur réel", indique Evgueni Nadorchine, économiste de la banque Trust.

Dans les conditions actuelles, certains grands établissements auraient pu profiter de la situation en accumulant des fonds pour le rachat de banques moins importantes. Mais en recevant de l'argent public avec l'obligation d'octroyer des crédits au secteur réel et à soutenir les emprunteurs, ces institutions concentrent toutes leurs ressources dans ce domaine.

"Je ne vois aujourd'hui aucune raison d'organiser des fusions", fait remarquer Alexandre Bakhmatski, expert d'Ernst & Young en matière de fusion-absorption en Russie. Le marché est mort et les banquiers considèrent le rachat des banques comme inutile, même à un prix dérisoire. Le secteur des crédits corporatifs est concentré entre les mains de plusieurs banques publiques, alors que le marché de détail n'est pas viable à cause des taux d'intérêt actuels, ce qui prive une banque acquise des fonds nécessaires à son développement, a-t-il expliqué.

Ces articles tirés de la presse russe n'engagent pas la responsabilité de RIA Novosti.

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