UNE CULTURE DES RUES ENTRE LES MURS D’UN MUSEE

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Dans le Centre d’art moderne « Vinzavod », une exposition des graffitis s’est ouverte. Un petit espace de « L’atelier V » était peint par les artistes tagueurs moscovites. L’équipe « The Rus Crew » qui fête cette année son dixième anniversaire a raconté son histoire sur les murs de la galerie et présenté les photos des meilleures œuvres. Lorsque l’on regarde cette « peinture murale » à l’effet « trois D », il faut faire attention à un court-métrage sur l’histoire de l’exposition : des murs vides changent d’aspect, ils reçoivent leurs héros. L’exposition était préparée de concert avec des musiciens, représentants du Hip-Hop. Cette subculture inclut aussi ceux qui ont choisi pour communiquer avec le monde un micro ou un pupitre du DJ, et ceux qui sont armés d’une bombe aérosol avec la peinture. Notre correspondante Olga Denissova a participé à l’ouverture de l’exposition
Il devient évident à l’exposition que tout ce qui est écrit sur les murs n’est pas un graffiti. Les messages « trois D » des artistes de talent, des ouvrages qui ont un sujet sont incomparables aux inscriptions que l’ont trouve dans les entrées des immeubles, pas forcément des jurons. Cette orientation attire une attention toujours grandissante. Le centre parisien d’art moderne « Fonds Cartier » a fourni des salles et un patio aux auteurs des graffitis et de photos. Un projet d’envergure « Né dans la rue – Graffiti », ouvert en juillet, parle des origines de ce mouvement, de son apparition dans les rues de New York, au début des années 70, qui a vite gagné du terrain : dans des cours, sur les murs, les wagons du métro et d’autres surfaces dans le monde entier. Les éléments de graffiti, devenus une partie du paysage urbain, apparaissent de plus en plus souvent dans les arts visuels, le design et la publicité.
Pourtant, il n’est pas facile de définir la place des graffitis dans la vie culturelle moderne. Anton, un membre de l’équipe Rus Crew qui a choisi le pseudonyme Make a essayé de la trouver et de l’expliquer :
Les graffitis est une partie importante de la vie artistique née dans la rue, et ceux qui connaissaient les cours intéressantes ou les tagueurs eux-mêmes pouvaient l’apprécier. Un public large n’y avait pas accès. Lorsque le graffiti est exposé dans une galerie, et fixé dans le cadre d’un processus artistique commun, c’est un événement particulier. Le marché des œuvres d’art est imprégné de différentes tendances. Dans ce domaine, le graffiti est une orientation récente, il présente un intérêt non seulement artistique, mais aussi commercial : les galeristes cherchent de nouveaux noms.
Les galeries, le marché des œuvres d’art – ces mots confirment le sérieux du nouveau courant, appelé déjà art. Il est logique de poser une autre question : qui est l’auteur des graffitis ? Comment explique-t-il son métier ou son dada ?
Oui, je suis un artiste. En principe, le graffiti est une création pour le plaisir de créer, une possibilité de communiquer, une recherche de nouveaux amis, pour certains, c’est un moyen de s’exprimer en tant qu’artiste. Il y en a qui ont débuté comme tagueurs et qui ont choisi d’autres orientations après.
Pour moi, le lien entre le graffiti et l’architecture est très important. Ce peut être un dialogue dans la rue. Bien sûr, il y a des personnes, architectes compris, qui trouvent que les graffitis est un mal qu’il faut combattre. D’autres y voient une harmonie, une tentative de rendre notre espace de vie plus agréable. Aux Etats-Unis, il existe des villes où les autorités luttent contre cet événement, et d’autres, où elles sont plutôt tolérantes, octroient des murs pour y dessiner officiellement, et ne repeignent plus les ouvrages de certains maitres. Un artiste mythique de Londres, Bansky, est une célébrité. Personne ne l’a vu, mais les autorités laissent ses œuvres dans différents coins de la ville. A Moscou, l’attitude vis-à-vis des graffitis n’est pas claire. Il n’y a ni mesures répressives, ni soutien. Lorsque je faisais mes débuts artistiques, il y avait des concours municipaux, des clôtures étaient peintes. En Sibérie, il y avait (il y a peut-être encore) un programme annuel ; lorsque des artistes étaient invités de toute la Russie pour orner les murs immenses des entreprises.
Il y a une dizaine d’années, on discutait ce problème actuel : le graffiti, est-ce un art. Maintenant, les discussions sont fermées. Dans la vie artistique, beaucoup de choses se croisent : les tagueurs fréquentent les galeries, le Vinzavod, par exemple, et l’art des rues est reproduit ailleurs, même dans des décors de théâtre.
Né aux Etats-Unis, le graffiti a des particularités nationales dans différents pays : au Brésil, il n’est pas pareil à celui de l’Europe. Il existe, bien sûr, un courant large de graffiti classique, il est international est ouvert à tout le monde. En Russie, à mon avis, il n’y a pas de courants, il y a des artistes séparés, qui représentent des sujets divers, des scènes de la vie courante. Les thèmes ne répètent plus les échantillons de new-yorkais. Mais je n’ai jamais rencontré de Cathédrale Saint-Basile. Parfois des images d’un livre sont intéressantes, si elles sont liées avec des souvenirs d’enfance. Le choix du sujet est très personnel, c’est là que des particularités nationales se manifestent.
Un art moderne, un retour à la peinture rupestre ou tout simplement un coté brillant de la vie de la génération Pepsi. Le graffiti suscite des controverses, trouve des adeptes ou des opposants et pénètre dans l’espace culturel mondial. Le voir autour de soi est un choix de chacun et celui des … autorités municipales.

Vous avez écouté un reportage de notre correspondante Olga Denissova sur une exposition de graffitis dans le Centre d’art moderne « Vinzavod ». Le texte est disponible sur notre site www.ruvr.ru
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