La raison, c’est le désir de la Banque Centrale Européenne de prévenir à tout prix la faillite des Etats à problèmes. Des crédits bon marché, plus de trillion d’euros, ont été alloués à dessein aux banques. Les instituts financiers doivent utiliser cette « pluie d’or » pour racheter les valeurs de l’Etat afin de soutenir leur prix à la bourse. Thorsten Polleit redoute, pourtant, que le projet de la Banque Centrale ne soit pas soutenu et que les banques ne profitent de cet argent pour d’autres buts. Alors, l’équipe de Mario Draghi devra de nouveau imprimer des euros, ce qui risque de provoquer l’hyperinflation.
Le professeur Hans-Henning Schroder ne partage pas cette conclusion radicale, mais il appelle toutefois à la prudence:
« En principe, ce que fait en ce moment la Banque Européenne, c’est une tentative de stabiliser le budget. D’autre part, elle annonce que l’austérité nuit au redressement et que pour assurer une croissance économique, il faut beaucoup de stimuli. Cela correspond à la tendance partagée aujourd’hui par plusieurs politiques européens. Mais vous savez qu’il existe une autre école économique, celle de Keynes, selon laquelle l’Etat doit gérer les finances et assurer la croissance. Il y a aussi une école affirmant durement que l’Etat n’a rien à faire dans l’économie. Cela concerne aussi la Banque Européenne. C’est le marché qui doit assurer la régulation. Personnellement, je ne le pense pas mais je vois le danger de cette politique d’accumulation d’énormes masses d’argent et le risque accru de l’inflation ».
Andrei Netchaev, ex-ministre de l’économie de Russie et chef de la banque « Corporation financière russe » estime que la stratégie de la Banque Centrale Européenne contient des risques d’hyperinflation. Mais il est prématuré de parler d’hyperinflation.
« A l’époque, les Européens ont préféré une crise de dettes à la crise économique et financière. Maintenant, ils passent de la crise de dettes des Etats à celle de l’Europe unie. Ils veulent la combattre, y compris avec une petite accélération de l’inflation. C’est une approche monétariste standard ».
Théoriquement, on peut supposer le pire, lorsque le processus de l’inflation intentionnelle échappera au contrôle. Mais il y a peu de chances que les Européens utilisent les billets de 100 euros pour allumer le feu, comme le faisaient avec un billet de 100 Deutschemarks après la Première guerre mondiale les héros de Remarque.