Un Chinois mort à Aubervilliers, au tour du gouvernement d'agir

© AP Photo / Michel EulerPolice à Aubervilliers
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Et voilà les premières gouttes de sang ont été versées: un Chinois de 49 ans est mort violemment agressé à Aubervilliers, une agression loin d'être un cas isolé. Et ce alors qu'on aurait pu éviter le drame, déplore la conseillère municipale Les Républicains d'Aubervilliers Ling Lenzi dans un entretien à Sputnik.
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"Nous ne voudrions pas que demain, d'autres personnes subissent le même sort", a fustigé Rui Wang, porte-parole de l'Association des jeunes Chinois de France (AJCF). Pour lui, il est temps d'agir après la mort à Aubervilliers de Chaolin Zhang. Depuis, la communauté asiatique se mobilise pour assurer son autodéfense mais aussi pour que l'on prenne conscience des violences et des discriminations dont elle est de plus en plus victime en France.

Hospitalisé à la Fondation Rothschild avec un pronostic vital engagé suite à sa violente agression, Chaolin Zhang, un couturier chinois de 49 ans travaillant en France, a été déclaré en état de mort cérébrale quelques jours plus tard.

Or, bien que les autorités aient fini par réagir face aux agressions qui se sont multipliées, trop de temps a déjà été perdu, estime Ling Lenzi, conseillère municipale Les Républicains d'Aubervilliers, qui s'était saisie de l'affaire dès janvier lorsque les premiers cas d'agressions violentes ont été recensés dans la commune.

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Entre le 27 décembre 2015 et l'agression de Chaolin Zhang, le Président de l'association de l'amitié chinoise en France Hua Qin Cao a recensé près de 105 agressions de ce type au sein de sa communauté, dont la plupart dans le quartier des Quatre chemins.

Ling Lenzi a parlé au moins cinq fois au Conseil municipal, au moins une fois par mois, ne manquait aucune occasion de signaler la gravité de l'insécurité aux Quatre Chemins, ainsi que dans d'autres quartiers de la ville, mais n'a pas été entendue.

Submergée par l'émotion, elle condamne ce délai qui a coûté la vie à Chaolin Zhang, elle qui avait rendu visite à la famille de la victime à l'hôpital.

"Je ressens une sorte de colère profonde, ce sentiment coléreux, vient des nombreux signalements que j'ai fait à différents organismes et qui n'ont pas eu de résultat pendant six mois. On n'a pas fait le nécessaire pour éviter le drame qui s'est produit, en perdant une vie pour rien", martèle-t-elle.

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Olivier Wang, porte-parole du collectif des associations asiatiques de France, pointe lui aussi une dégradation de la situation sécuritaire dans le pays. Dans le même temps, il a l'impression que les agressions se déplacent: en 2010 et 2011, il y avait plus d'agressions dans le quartier de Belleville, à Paris. Depuis les manifestations qui ont eu lieu dans ces années-là, la police a augmenté ses effectifs et on a pu constater une amélioration dans le quartier de Belleville.

"Néanmoins les agresseurs ont toujours cette tendance à croire que les asiatiques, les Chinois, ont de l'argent sur eux et donc ont tendance à les agresser plus", explique-t-il. "Aubervilliers a constamment vu le nombre de commerces chinois augmenté, les agresseurs se déplacent et ciblent les commerçants et les habitants".

Si on parle aujourd'hui de ces agressions, personne n'évoque en revanche ceux qui en sont responsable, pourtant certains ont déjà été traduits devant la justice, souligne Olivier Wang.

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"Il y a plusieurs cas qui ont été jugés, de bandes de jeunes délinquants qui font ce type d'agression contre la communauté chinoise: des jeunes de 15 à 25 ans, des jeunes de banlieue, qui sont à l'origine de cela".

Si la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) a condamné l'agression, pour Olivier Wang, beaucoup d'associations antiracistes manquent à l'appel.

"Aujourd'hui, moi je vois simplement quelques communiqués de presse par exemple de la LICRA qui dénonce, je ne vois pas SOS racisme qui dénonce ça. Je trouve ça vraiment dommage. Alors que lors de la marche silencieuse en hommage à la victime il y'a eu des associations d'origines diverses qui sont venues nous soutenir, on se félicite par rapport à ça. Par contre les grosses structures comme SOS, comme le MRAP on ne les voit pas trop, c'est dommage", résume M. Wang.

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