L'industrie de la mode étant de plus en plus sensible aux questions environnementales, IFA Paris intègre ce volet à son projet. La future collection sera donc basée sur la technique de l'upcycling, qui consiste à utiliser des matériaux abîmés ou inusités afin de créer de nouvelles pièces, mais en y ajoutant une réelle valeur ajoutée, comme l'explique Marie-Olivia, coordinatrice du projet.
«Nous collectons auprès d'Emmaüs des pièces non utilisées ou des tissus qui sont débraillés, puis les étudiants travaillent sur le renouvellement de la pièce. Par exemple, avec une chemise, on peut faire un chapeau, avec des chaussures, des accessoires. Ils revisitent tous ces vêtements, ils leur redonnent vie.»

L'histoire du projet Facets débute en 2017, lorsqu'une ancienne étudiante IFA, impliquée dans la cause des migrants, assiste aux évènements qui se déroulent alors Porte de la Chapelle, à Paris. «J'ai rencontré des réfugiés et certains d'entre eux avaient une vie avant, ils avaient l'habitude de coudre, de travailler dans l'industrie de la mode. Désormais, ils sont ici, ils ont le talent, mais ils ne peuvent plus l'utiliser, car ils n'ont pas d'endroit pour travailler», se remémore Karen, diplômée IFA. L'idée était donc de mettre à profit ces compétences de manière positive, détaille Marie-Olivia.
«L'IFA a pris part au projet avec l'une de ses classes. On a monté des binômes, un élève et un réfugié. Ensemble, ils ont choisi des tissus qui rappelaient l'identité, le pays d'origine du réfugié ou simplement pour raconter une histoire. Après trois semaines, ils ont monté un défilé, le "hope walk" qui s'est tenu au sein du dôme Good Chance Theatre, porte de la Chapelle.»
Un évènement très remarqué puisque des personnalités du monde de la mode, par exemple Agnès B., étaient présentes lors de ce «défilé de l'espoir». Fort de ce succès, l'IFA décide donc de poursuivre la démarche en offrant une session de formation de fashion designer à 10 réfugiés, sur trois mois, à raison d'un atelier par semaine.
C'est le cas d'Issa*, originaire de Guinée, qui a quitté son pays pour la France, il y a un peu plus d'un an. Avant ce départ pour l'hexagone, il était à la tête d'un atelier spécialisé dans la broderie, employant une quinzaine de personnes. Avec Facets, il veut apprendre les bases du métier de couturier afin de se reconvertir professionnellement.«C'est important pour moi de suivre les cours, car c'est le métier […] ça fait maintenant un peu plus d'un an que je suis en France. J'essaie de me convertir sur la couture simple, car la broderie, ça marche plus en Afrique qu'en France.»
Si le programme Facets revêt une importance particulière pour les étudiants réfugiés, pour Jean-Baptiste Andreani, directeur de l'IFA Paris, c'est également l'occasion de «rattacher les étudiants [du cursus "classique", ndlr] aux problématiques actuelles de leur société, de les faire redescendre sur terre.»
«C'est une leçon d'humilité. C'est une prise de conscience que l'on est chanceux et justement parce qu'on l'est, c'est notre devoir d'aider les gens qui n'ont pas forcément accès aux aspects matériels ou éducatifs. Il y a un aspect humain qui va au-delà du programme» déclare le directeur de l'IFA.

Au-delà de l'aspect solidaire et ponctuel de la démarche, l'IFA Paris souhaite pérenniser cette initiative, comme l'explique Jean-Baptiste Andreani.
«Notre objectif est de répéter ce genre de projet, c'est aussi à terme d'étendre notre collaboration en donnant par exemple accès à des migrants ou à des réfugiés, qui ont une expérience considérable en mode, la possibilité d'obtenir certains de nos diplômes via une procédure de VAE [validation des acquis de l'expérience, ndlr].»
Malgré le fait que ce programme ne soit pas encore diplômant, les étudiants se verront néanmoins délivrer un certificat. Un argument à faire valoir auprès de potentiels employeurs. Et pour cause, durant ce programme, ils bénéficient d'une formation en bonne et due forme. «L'objectif est de donner un socle, une base. Ce sont des compétences qui peuvent être techniques, des compétences créatives, mais encore une fois, ce sont des compétences de départ en patronage, moulage, couture et stylisme» rappelle le directeur de l'IFA.

«Le projet de par sa nature fait que tout le monde, tous ses participants aussi bien nos étudiants que les migrants, les réfugiés, ont la liberté de pouvoir intégrer ce qu'ils veulent dans leur design et donc de pouvoir exprimer leur point de vue, de montrer qu'ils ont une voix» s'enthousiasme Jean-Baptiste Andreani.
«Ils ont une totale liberté créative, le seul mot d'ordre c'est de dire que vous avez la chance de pouvoir vous exprimer via ce projet […] saisissez-là pour véhiculer un message important.»
À la fin de ces sessions, les étudiants réfugiés pourront en effet mettre en valeur leur créativité et originalité en présentant le fruit de leur travail lors du festival Open Mode. Un évènement officiel qui se déroulera le 15 décembre à la Villette.
*Le prénom a été modifié
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