L’avis de marché de la DGA, déniché début mars 2019 par le site spécialisé FOB portait sur 75.000 PSA, 51 millions de munitions 9x19mm diverses (ordinaires, subsoniques, traçantes), 25.000 valises anti-écrasement, 9.000 pistolets d’entraînement, 15.000 lampes et pointeurs laser et 7.000 silencieux avec leurs étuis. À l’époque, le site Opex360 rappelait que le chiffre de 35 millions d’euros avait été avancé par le général Jean-Pierre Bosser pour l’achat de 60.000 armes, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), qui visiblement prenait à cœur le renouvellement des armes de poing des militaires tricolores.
«Si l’on peut remplacer, à l’horizon 2022, l’ensemble des pistolets modèle 1950 par des pistolets plus modernes, cela aurait du sens et, politiquement, ce serait recevable», avait avancé le général en septembre 2017
Un souhait qui semble aujourd’hui sur le point de s’exaucer, pour un marché de 44 millions d’euros visant donc 75.000 armes et leurs accessoires. Toutefois, comme le souligne depuis 24 heures la presse française, aucun armurier français n’a été retenu. Est-ce dû à l’un des critères exigés, comme les 30 millions de chiffre d’affaires sur les trois derniers exercices, ou parce que le ministère des Armées avait annoncé qu’il choisirait l’offre «économiquement la plus avantageuse»? Pas vraiment, comme le souligne ce 7 janvier le communiqué de l’Armurerie de la Bourse, distributeur de Glock en France:
«Aucune société française n’a pu participer directement à l’appel d’offres pour le pistolet semi-automatique en raison de l’absence depuis 20 ans de tout fabricant français dans ce type d’armes.»
Un comble, pour un pays dont les manufacturiers d’armes et de munitions sont mondialement réputés, voire même leader, comme en matière de munitions de chasse. Mais depuis les années 2000, certains sites clefs ont été fermés, comme celui de la Manufacture d’armes de Saint-Étienne (fabriquant le Famas) ou celui de Giat Industries, qui produisait des munitions de petit calibre.
Ainsi, comme les armes de poings automatiques, la fabrication de munitions en France fut délaissée, voire ouvertement abandonnée par le ministère de la Défense, celui-ci avançant qu’il était impensable d’imaginer le retour d’une telle industrie en France, celle-ci ne pouvant être compétitive dans notre pays. Et ce, alors même que des députés, en l’occurrence Nicolas Bays (PS) et Nicolas Dhuicq (LR), auteurs d’un rapport sur la filière française des munitions remis fin 2015 soulignèrent que la préservation d’une telle filière en France sauvegarderait «l’indépendance et de la souveraineté de nos approvisionnements.»Autre célèbre manufacturier tricolore, mondialement réputé, Manurhin. Si la société a acquis une certaine renommée auprès du grand public par la fabrication de revolvers, elle a depuis abandonné cette activité pour se recentrer sur la fabrique de ligne de production de petit et moyen calibre. Cependant, celle-ci semble depuis plusieurs années, comme le relatent nos confrères de Capital, en proie à une mauvaise gestion de son actionnaire minoritaire Slovaque, qui a été durant plusieurs années gestionnaire de la société. Des Slovaques, «refusant obstinément de révéler l’identité de leurs mandants» et soupçonnés par les autres actionnaires «de piller la boîte», l’entreprise allant jusqu’à déposer plainte contre X.
Dommage, car les 51 millions de cartouches 9 mm prévues dans l’appel d’offres seraient tombées à pic pour remonter cette filière en France, d’autant que Jean-Yves Le Drian avait annoncé en mars 2017 relancer la filière en France avec Thales, Manuhrin pour les machines-outils et NobelSport pour la poudre. Un projet au point mort depuis lors.
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