«Faute de charlottes, on met des slips jetables sur nos têtes»: une interne en gériatrie face à la pénurie de matériel

© AP Photo / Christophe EnaDoctors speak outside a tent used as a waiting room for people with COVID-19 symptoms at the Tenon hospital in Paris on Thursday, March 26, 2020.
Doctors speak outside a tent used as a waiting room for people with COVID-19 symptoms at the Tenon hospital in Paris on Thursday, March 26, 2020. - Sputnik Afrique
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Une interne de 25 ans a livré au Point son expérience dans le service de gériatrie d’un hôpital de la banlieue parisienne. Elle doit ainsi faire face à un nombre élevé de morts et à un manque de matériel médical.

En première ligne face au coronavirus, une jeune Parisienne de 25 ans en stage en gériatrie dans un hôpital de banlieue a fait part de son épuisement au magazine Le Point. Elle a décrit comment le personnel fait face à la pénurie de masques, blouses et autre matériel de protection, ainsi qu’à la mortalité élevée parmi les seniors, qui ne sont «pas prioritaires» sur les lits en réanimation. Selon elle, il y a bel et bien un tri.

«Dès qu'un patient se dégrade, on sait qu'il ne sera pas pris en réa. D'une part, parce que la réa est pleine, et d'autre part, parce que, passé un certain âge, ils ne supporteraient pas d'être intubés», a-t-elle affirmé auprès de l’hebdomadaire.

L’interne n’arrive plus à compter le nombre de patients qu’elle a perdus au cours des deux dernières semaines, si bien qu’il n’y a plus de place à la morgue. Sur le parking de l’hôpital, des camions réfrigérés attendent les prochains décès. «Le plus dur est de savoir qu'on ne pourra pas tout faire pour les sauver», a-t-elle déploré.

Le système D pour compenser la pénurie

La jeune soignante a également affirmé que les masques FFP2 étaient «réservés à la réa et aux urgences», le personnel de gériatrie en étant donc dépourvu. Elle doit se contenter d’un masque chirurgical, qu’elle change une fois par jour. Non seulement les livraisons ne sont pas suffisantes, mais son service a fait face à de nombreux vols de matériel depuis le début de l’épidémie.

Mains d'une personne âgée - Sputnik Afrique
Près de 900 décès dûs au coronavirus dans les Ehpad, selon un premier bilan partiel

Même conclusion en ce qui concerne les surblouses et couvre-chefs.

«Faute de charlottes, on met des slips jetables sur nos têtes!», s’est-elle indignée, toujours citée par Le Point. «Bien sûr, il faut en mettre deux pour recouvrir les trous qui servent aux jambes».

Malgré ces conditions précaires, elle se veut tout de même optimiste, citant un patient de 92 ans qui s’en est sorti et leur a redonné courage. Elle a affirmé que l’ambiance reste bonne en gériatrie et que la solidarité est de mise, bien que certaines familles soient «à cran» en raison de l’interdiction des visites.

Dimanche 5 avril, la France a enregistré 357 morts en 24 heures, soit le chiffre le plus bas depuis une semaine. Les mesures de confinement semblent enfin porter leurs fruits. Elles sont en vigueur jusqu’au 15 avril, mais seront probablement renouvelées. Les autorités craignent par ailleurs un relâchement des Français avec l’arrivée des beaux jours.

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