En mars, la Chine avait envoyé un million de masques en France. Le 27 juillet, l’ambassade de France annonçait l'envoi à l’Inde d’«un ensemble exceptionnel pour soutenir la lutte de l’Inde» contre le Covid-19. En tout, 50.000 masques et 50.000 kits sérologiques, mais surtout de 120 respirateurs, acheminés par un A330 de l’armée.
Delighted to hand over #COVID19 medical equipment from France to Shri RK Jain, Secy General @IndianRedCross.
— Emmanuel Lenain (@FranceinIndia) July 28, 2020
France earlier granted €200 MN in financial aid to India thro’ @AFD_en. With @IFCCI1 CSR committee, French companies, too, have contributed to relief efforts in India. pic.twitter.com/1UEzpp6Dwn
L’information n’a trouvé que tardivement un écho dans la presse française. N’était-ce pourtant pas Emmanuel Macron qui s’était agacé fin mars, devant la presse italienne de la non-couverture de l’aide franco-allemande aux pays européens, a contrario de celle des Chinois et des Russes? Bien que les besoins de l’Inde, avec son milliard d’habitants et ses 50.000 nouvelles contaminations par jour, soient pléthoriques, il s’agit pourtant bien d’un geste non négligeable de la part de la France.
Le manque de respirateurs avait conduit au tri des patients
En effet, au plus fort de la crise du coronavirus dans l’Hexagone, le manque de ces mêmes respirateurs dans les services de réanimation avait mené à un tri des patients les plus gravement atteints. Un tri notamment formalisé à la mi-mars par une circulaire de l’Agence Régionale de Santé (ARS) d’Île-de-France dénichée par Le Canard enchaîné, qui reste encore aujourd’hui une question totalement taboue. Principal argument avancé durant la crise quant à la non-admission des patients les plus âgés dans les services de réanimation: le traumatisme provoqué par l’intubation.
Un modèle frappé par la polémique, lorsqu’un peu moins d’un mois plus tard, Radio France révélait que 8.500 des 10.100 appareils commandés s’avéraient être inadaptés pour soigner les patients atteints du Covid-19. Moins complexe à assembler que les 1.600 Monal T60 qui complétaient la commande gouvernementale, l’accent avait été mis sur la fabrication de modèles portatifs. «Au mieux, on peut s’en servir pour transporter un patient une demi-heure pour un scanner, mais c’est le maximum qu’on puisse demander à cet appareil», expliquait à France Inter le Dr Yves Rebufat, anesthésiste et réanimateur au CHU de Nantes.
Un inconvénient qui n’avait guère touché le gouvernement:
«à l’heure où l’on compte plus de 5.000 malades en réanimation, l’heure n’est pas à la polémique sur les prétendus excès de moyens engagés par le gouvernement pour protéger les Français» avaient balayé, dans une mise au point, Olivier Véran et Agnès Pannier-Runacher.
Moins dans la condescendance, l’entreprise Air Liquide avait défendu son modèle, soulignant la «polyvalence» et la facilité d’utilisation d’un appareil utilisé depuis 20 ans [1998, ndlr], ayant «toutes les caractéristiques pour traiter les patients Covid intubés». En somme, l’Osiris pouvait, sous certaines conditions, être adapté aux services de réanimation, «moyennant des procédures que nous donnons aux soignants», précisait l’industriel.
L’Inde recevra aussi 200 millions d’euros de la France
«Face à l’incertitude induite par la pandémie, la France souhaite renforcer son partenariat stratégique avec l’Inde, dans le domaine nucléaire et dans le domaine de la défense», note un rapport du Sénat daté de ce mois de juillet 2020, qui définit l’Inde comme étant l’«un des axes déterminants» de la stratégie de Paris en indopacifique. Hasard du calendrier? Le vol de l’avion de transport chargé d’aide médicale coïncide avec le départ des cinq premiers Rafale commandés par l’Inde en septembre 2016, qui ont décollé lundi 27 juillet de Mérignac.