À Lille, une «mascarade» sans divertissement face à la montée du Covid-19 – vidéo

© Sputnik . Oxana BobrovitchUn panneau "Port du masque obligatoire"
Un panneau Port du masque obligatoire  - Sputnik Afrique
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Dès le 3 août, le préfet du Nord a été l’un des premiers à imposer le port du masque obligatoire dans «un certain nombre de zones» en plein air de Lille. Reportage de Sputnik dans les pas de Jean Castex, en déplacement dans la région. Ce dernier a appelé à ne pas baisser la garde face à une résurgence de l’épidémie de Covid-19.

Depuis le 31 juillet dernier, un nouveau décret du gouvernement autorise les préfets à imposer le port du masque dans les lieux publics à ciel ouvert. Le préfet du Nord a été l’un des premiers à mettre en place cette mesure dans «un certain nombre de zones» de la métropole de Lille.

La région, qui regroupe 1,2 million d’habitants, a atteint le taux de positivité au Covid-19 de 3% la semaine dernière, un niveau «trois fois plus élevé que dans le reste du département» d’après Jean Castex, qui s’est rendu à Lille lundi 3 août.

Respect général du port obligatoire du masque

Ainsi, certaines rues piétonnes commerçantes, mais également des espaces verts et des marchés alimentaires de plein air sont-ils concernés par cette mesure sanitaire dans la métropole lilloise.

Qu’en pensent les habitants de Lille?

Premier constat dans le centre historique de Lille: presque la totalité des passants avance masquée. C’est surtout le cas des jeunes, ce que les différencie d’une jeunesse parisienne visiblement plus insouciante. Les rues les plus centrales, commerçantes et largement piétonnisées –telles que la rue Faidherbe, la rue des Tanneurs, la rue de Béthune ou encore la place de la République et la Place du Général de Gaulle– ont vu fleurir des panneaux d’obligation du port de masque.

Des doutes sur l’efficacité de la mesure

La plupart de personnes interrogées à visage découvert (une figure de style, puisqu’elles étaient quand même toutes masquées) sont favorables à cette mesure sanitaire: «pour se protéger les uns les autres», «pour éviter d’être reconfinés» ou «par prudence» et «pour respecter les règles».

Néanmoins, les citadins qui n’ont pas voulu témoigner face caméra étaient plus critiques.

«Je ne porte pas de masque dehors, je l’ai dans mon sac. J’estime que je suis suffisamment adulte pour apprécier la distance et là où il n’y a pas grand-monde, je prends mes responsabilités pour respecter la distance… sans masque», précise une dame dans la rue des Tanneurs.

Un serveur d’un café sur la place du Théâtre, qui a une grande expérience de l’utilisation du masque dans son établissement, où «tout le monde a un masque qui tombe et ne le met pas réellement», ne pense pas que ce soit «vraiment très efficace».

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Mais c’est un père de famille «du Nord» qui a quitté Lille après y avoir vécu 20 ans, qui s’est montré le plus critique, qualifiant ces nouvelles mesures de «c***rie et de répression».

«C’est juste un moyen de se mettre hors de portée des critiques. Ils n’ont pas plus de connaissances qu’avant [sur le virus, ndlr]. C’est de l’improvisation permanente. Qui, “ils”? Le Gouvernement», fustige l’homme interrogé par Sputnik.

Rien dans le traitement de la crise sanitaire n’échappe aux critiques de ce père de famille: il la qualifie de «pitoyable» et dénonce qu’«il n’y a eu aucune anticipation, que de la répression». Par ailleurs, la gratuité des masques évoquée par un député de la France Insoumise ne lui semble pas judicieuse. Notre interlocuteur s’orienterait plutôt vers des «quotas».

La gratuité du masque, «oui», mais pas pour tout le monde

Interrogés sur l’idée de la gratuité des masques obligatoires pour certaines personnes des milieux défavorisés, les interlocuteurs de Sputnik ont fait preuve d’une vision plutôt «sociale».

«Je pense que c’est une bonne chose, parce que tout le monde a vu les prix assez onéreux de masques. Tout le monde ne peut pas se permettre d’en acheter», commente un serveur de café au micro de Sputnik.

«Tout ce qui est obligatoire n’est pas forcement gratuit, souligne une jeune passante, les filles ont besoin des protections périodiques, mais on les paye quand même, on n’a pas le choix.» D’autres évoquent l’idée d’«aides pour les gens qui n’ont pas vraiment de sous», des «subventions» ou proposent même de les «rembourser en partie par la Sécu».

Les manifestations anti-masques, possibles en France?

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Samedi dernier, les Berlinois ont vu une foule impressionnante descendre dans la rue pour réclamer l’abrogation des contraintes liées au Covid-19, comme l’obligation de porter un masque ou de respecter la distanciation physique. Nos interlocuteurs restent sceptiques sur la possibilité de telles actions en France.

«En France, même si certaines personnes ne sont pas d’accord, les gens comprennent [la nécessité du masque, ndlr]. Il y a déjà les réseaux sociaux pour se plaindre. Je ne pense pas que les Français peuvent manifester pour ça», répond à Sputnik une jeune citadine.

Par contre, les réseaux sociaux sont souvent peu tendres avec les personnes «disciplinées», à l’exemple du père de famille que nous avons interrogé, qui efface d’un revers de la main la probabilité d’une action «à la berlinoise» en France, avant de vanter les qualités des Allemands «moins individualistes et plus amoureux de la liberté».

 

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