"Nous lui avons fait écouter le sténogramme et alors il a levé les yeux au ciel et ri", a annoncé le porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Snow, qui s'entretenait avec des journalistes à bord du Boeing présidentiel qui ramenait à Washington la délégation américaine au G8 de Saint-Pétersbourg.
Tony Snow a indiqué que l'entretien privé de George W. Bush avec Tony Blair au cours d'un lunch était un prolongement de conversations tenues avec d'autres leaders du G8, au cours desquelles le président américain avait évoqué la nécessité "de mener des actions conséquentes" en vue de parvenir à normaliser la situation au Liban, notamment la nécessité de parvenir à ce que le Hezbollah applique les conditions qui lui ont été posées".
"Ils doivent rendre les soldats et cesser leurs tirs de roquettes", "on pourra alors passer à la négociation d'un cessez-le-feu", a cité le porte-parole de la Maison-Blanche.
Tony Snow a également assuré que George W. Bush soutenait les efforts appliqués par le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan visant à normaliser la situation au Liban. "Kofi Annan lui plait, il est heureux de travailler avec lui et dès le début il a appuyé le déplacement d'une mission de l'ONU dans la région", a annoncé Tony Snow.
Celui-ci s'est refusé à commenter les autres éléments des conversations que le locataire de la Maison-Blanche a eues à Strelna et qui ont été diffusées par les médias.
Lundi, pendant un lunch donné dans le cadre du sommet du G8, George W. Bush avait recouru à un langage assez cru pour caractériser les actions du Hezbollah, exprimé son mécontentement vis-à-vis de la position de Kofi Annan et annoncé que la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, se rendrait sous peu au Proche-Orient. Il avait aussi remercié Tony Blair pour le sweater qu'il lui avait offert, annoncé qu'il préférait le Coca-Cola diététique et s'était plaint que certains leaders mondiaux au Sommet parlaient trop.
Ces propos d'ordre privé tenus à Strelna lors de conversations avec Vladimir Poutine et Tony Blair avaient été enregistrés par un micro resté ouvert.
Quelques minutes après, Tony Blair avait remarqué par hasard que son entretien avec le président américain était enregistré et il s'était empressé de débrancher le micro.
"L'ironie, c'est qu'il faudrait qu'ils obtiennent que la Syrie empêche le Hezbollah de semer sa merde", avait dit George W. Bush à Tony Blair en ajoutant au cours de la conversation qu'à un certain moment il avait voulu "demander à Kofi de prendre le téléphone et d'appeler Assad pour qu'il se passe quelque chose".
Par ailleurs le président Bush avait exprimé sa "frustration vis-à-vis de l'action menée par le secrétaire général de l'ONU".
"Son approche (celle d'Annan), c'est le cessez-le-feu, tout le reste viendra après, avait dit George W. Bush en ajoutant que Condoleezza Rice allait incessamment se rendre au Proche-Orient.
"Je crois que Condy va y aller très prochainement", avait dit le président américain, ce à quoi Tony Blair avait répondu que pour les Etats-Unis il serait préférable qu'"il aille lui-même dans la région à la place de Condoleezza Rice", estimant que l'enjeu serait moins élevé pour lui que pour la responsable américaine. "Si elle y va (Rice), elle doit réussir, de fait, alors que moi je peux juste y aller et faire des déclarations", avait dit le premier ministre britannique.
Selon la chaîne de télévision NBC, le service de presse de la Maison-Blanche invité à commenter ces conversations enregistrées inopinément a indiqué que les propos de George W. Bush avaient un caractère privé et que cela expliquait son franc-parler. Cela étant, le service de presse a confirmé que sur le fond les propos tenus par le président américain "sont conformes" à la position officielle de l'administration.
