ABM: les Etats-Unis tendent à la Russie le bâton pour se faire battre (diplomate américain)

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La troisième zone de positionnement du bouclier antimissile (ABM) américain en Europe est un projet douteux et peu fiable, dont le déploiement fournit à Vladimir Poutine des arguments de poids contre les Etats-Unis et leurs alliés européens.
WASHINGTON, 31 octobre - RIA Novosti. La troisième zone de positionnement du bouclier antimissile (ABM) américain en Europe est un projet douteux et peu fiable, dont le déploiement fournit à Vladimir Poutine des arguments de poids contre les Etats-Unis et leurs alliés européens, a déclaré l'ancien secrétaire d'Etat américain adjoint Strobe Talbott.

"Nous avons mis sous pression plusieurs de nos proches alliés européens en les forçant à avancer dans cette voie, ce qui a finalement très bien fonctionné, mais cette stratégie était peu réfléchie, dans la mesure où elle a fait le jeu de Vladimir Poutine. Nous lui avons tendu le bâton pour qu'il nous batte, nous et les Européens", a affirmé M. Talbott mardi au cours d'une audience de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants (Congrès américain).

Selon le diplomate, qui dirige actuellement la Brooking Institution de Washington, les Etats-Unis "doivent impérativement veiller à ce que les démarches entreprises vis-à-vis des Etats voyous soient prévoyantes et fiables technologiquement, et je ne pense pas que les perspectives de déploiement (de l'ABM) en Pologne et en République tchèque répondent à ces critères".

"J'estime que ces projets sont douteux sur le plan théorique et peu fiables sur le plan technologique", a-t-il précisé.

Il a souligné que les spécialistes de l'état-major russe n'accordaient pas de crédit aux arguments américains selon lesquels le déploiement de la troisième zone de positionnement de l'ABM en Europe ne constituait pas une menace pour la Russie.

"On trouve des personnes réfléchies dans les rangs des forces armées russes, qui pensent très sérieusement, toute paranoïa ou propagande mise à part, que les équipements expédiés vers la République tchèque et la Pologne ne sont pas défensifs. A un moment donné, nous pourrions remplacer les missiles antimissiles par des missiles sol-sol très rapides capables de frapper les réseaux du système russe de commandement et de direction des troupes, ce qui en ferait des éléments d'un potentiel plus large de frappe offensive", a expliqué M. Talbott.

Le diplomate a également indiqué que selon ses informations, l'administration du président Bush, par l'intermédiaire de la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice et du chef du Pentagone Robert Gates, s'était efforcée lors d'une récente visite à Moscou de trouver un compromis avec la Russie, mais que les Etats-Unis pouvaient difficilement modifier leur position concernant l'ABM pour des raisons d'ordre politique.

"Nous nous trouvons dans une position très inconfortable. Si nous venions à faire marche arrière, nous donnerons l'impression d'avoir fléchi. Politiquement, cela sera difficile", a constaté M. Talbott.

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