Le gouvernement ukrainien n’est pas prêt à la fédéralisation du pays (experts)

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Les autorités ukrainiennes ne peuvent pas accepter une fédéralisation du pays car de toute l'histoire de l'Ukraine indépendante, tous ses dirigeants ont prôné un Etat unitaire : un changement de système serait considéré comme une trahison de la part des soutiens actuels du gouvernement, affirment les experts qui ont participé lundi à une table ronde de RIA Novosti.

Les autorités ukrainiennes ne peuvent pas accepter une fédéralisation du pays car de toute l'histoire de l'Ukraine indépendante, tous ses dirigeants ont prôné un Etat unitaire: un changement de système serait considéré comme une trahison de la part des soutiens actuels du gouvernement, affirment les experts qui ont participé lundi à une table ronde de RIA Novosti.

Un changement de gouvernement – ressemblant en tous points à un coup d'Etat - s'est opéré en Ukraine le 22 février 2014. La Rada, le parlement ukrainien, a destitué le président Viktor Ianoukovitch, changé la Constitution du pays et fixé une élection présidentielle le 25 mai. Moscou estime que la légitimité des décisions de la Rada soulève des doutes, alors que celle de la présidentielle dépendra d'une série de conditions, dont la transparence du scrutin et la prise en compte des intérêts des régions.

Les partisans de la fédéralisation du pays manifestent depuis mars dans l'est de l'Ukraine à Donetsk, Kharkov et Lougansk. Les manifestants exigent d'organiser des référendums sur le statut de leurs régions. Samedi dernier, les manifestations ont gagné d'autres villes de la région de Donetsk comme Slaviansk, Marioupol, Enakievo, Kramatorsk et plusieurs autres agglomérations.

Le mythe nationaliste

D'après Alexandre Tchalenko, rédacteur de la revue internet Revisor, les autorités de Kiev soutiennent le mythe nationaliste ukrainien selon lequel le pays est uni et indivisible.

"Les autorités arrivées récemment au pouvoir ont leur propre mythologie, selon laquelle il existe une "grande Ukraine", une Ukraine unie. Le sud-est regroupe des territoires ukrainiens séculaires mais leurs habitants s'insurgent. Ils ne sont pas devenus des Ukrainiens comme on aurait voulu après la famine et la russification. Les autorités pensent qu'elles pourront tout de même les faire revenir sur les "rails" de l'idée nationaliste ukrainienne. Si elles reconnaissaient leur différence et leur statut de citoyens russophones, au contraire, ce serait la fin du mythe. Elles ne pourraient pas l'accepter", pense l’expert.

Rostislav Ichtchenko, président du Centre ukrainien d'analyse systémique et de pronostic, a souligné pour sa part qu'en 22 ans d'indépendance, tous les dirigeants ukrainiens ont assimilé la fédéralisation au séparatisme.

"Ils ne peuvent pas accepter une fédéralisation car pendant ces 22 années d'indépendance de l'Ukraine ils ont affirmé que seul un Etat unitaire était possible. Ils ont toujours mis la fédéralisation et le séparatisme sur un pied d’égalité et ont toujours accusé les partisans de la fédéralisation de vouloir détruire le pays. Et s’ils acceptaient aujourd'hui cette fédéralisation, leurs propres partisans les accuseraient de trahison, affirme Rostislav Ichtchenko.

Kiev doit nommer tous les responsables

Rostislav Ichtchenko a également expliqué la réticence des autorités de Kiev à accepter une décentralisation: elles savent que dans ce cas elles seraient privées d'une grande partie de leurs pouvoirs.

"Il faut comprendre que la situation à Kiev, les moyens de gagner de l'argent et les méthodes d'administration sont toujours unitaires. Kiev doit nommer tous les hauts responsables aussi bien dans l'ouest que dans l'est du pays et ne peut pas accepter une décentralisation car il sait qu'il perdrait le pouvoir", estime l'expert.

D'après Rostislav Ichtchenko, la confrontation ne faiblit pas parce que les dirigeants actuels ont été "nommés par les Etats-Unis".

"Il ne faut pas oublier que le gouvernement de Kiev actuel a été nommé par les USA et défend les intérêts des USA. Ces intérêts des Etats-Unis sont d’avoir l'Ukraine entièrement sous contrôle ou de laisser à la Russie des terres brûlées pour qu'elle investisse encore et encore ses ressources pour réparer les dégâts", estime Rostislav Ichtchenko, ajoutant que lorsque Washington a compris que toute l'Ukraine n'était pas prête à se placer sous le contrôle des USA, "les Américains ont lancé un mécanisme de guerre civile".

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