Lors d'une audition à Genève devant le Comité de l'ONU contre la torture, les Etats-Unis ont reconnu "avoir franchi la limite" dans les techniques d'interrogatoire utilisées après les attaques terroristes du 11 septembre 2001.
"Nous avons franchi la limite et nous en assumons la responsabilité", a déclaré la porte-parole du gouvernement américain Mary McLeod citée par l'hebdomadaire allemand Die Zeit.
"Les Etats-Unis sont fiers de leur rôle dans le respect, la promotion et la défense des droits de l'Homme et de la primauté de la loi à la fois chez eux et dans le monde", a affirmé Mme McLeod devant les six membres du Comité contre la torture.
Cependant, "il faut malheureusement constater qu'après les attaques du 11 septembre, nous ne sommes pas toujours restés fidèles à nos propres valeurs", a-t-elle ajouté.
Le Comité a entamé vendredi des auditions portant sur le cinquième rapport périodique présenté par les Etats-Unis concernant le respect de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. A l'ouverture des audiences, les membres du Comité ont formulé une série de remarques critiques à l'adresse de Washington.
Le rapport américain est examiné dans le cadre de la 53e session du Comité qui se déroule à Genève les 12 et 13 novembre. Les membres de cet organisme international de l'Onu ont adressé aux dirigeants américains une liste de questions relatives au respect de la Convention par les Etats-Unis eux-mêmes.
Ces questions concernent notamment la justice des mineurs, les violences sexuelles dans l'armée, le nombre de suicides et de décès dans les prisons. Le Comité a en outre demandé aux autorités américaines de fournir des explications au sujet de la pression psychologique exercée sur les suspects lors des interrogatoires menés par la CIA. Il a également demandé des éclaircissements sur les méthodes d'interrogatoire se traduisant par des humiliations sexuelles, des simulations de noyade, le maintien des détenus dans des poses inconfortables et l'utilisation de chiens en vue de les intimider.
A cette occasion, le Comité a invité les Etats-Unis à autoriser les rapporteurs spéciaux de l'Onu sur la torture à se rendre à dans la prison de Guantanamo et dans d'autres centres pénitenciers américains.
