La presse allemande a fustigé l'intention de l'Union européenne de s'entendre avec la Turquie sur les problèmes des migrants. Les défenseurs des droits de l'homme parlent même d'une "faillite morale" de l'Europe.
Tout porte à croire qu'après le sommet UE-Turquie du 29 novembre à Bruxelles l'Union européenne débloquera au moins 3 milliards d'euros pour installer des migrants sur le territoire de la Turquie, renforcer le contrôle des frontières et démanteler les filières de transport des migrants.
Selon la politologue et juriste Dilek Kurban, ce marché était dès le début "controversé sur le plan politique et moral". Il aurait fallu le réviser d'une manière critique après les attentats de Paris, écrit-elle dans un article de Die Zeit.
Tout d'abord, il est douteux que la Turquie puisse assurer aux réfugiés politiques une protection appropriée. Ainsi, le 30 octobre, les corps décapités de deux journalistes syriens ayant écrit sur la sauvagerie de l'EI ont été découverts en Turquie. En plus, en vertu du droit turc, les Syriens ne recevront pas en Turquie le statut de réfugiés prévu par la convention de Genève. De cette façon, en concluant un marché avec la Turquie, l'UE agira contrairement au droit international."Mais il ne s'agit pas seulement de la défense des réfugiés, poursuit Dilek Kurban. Merkel et les autres chefs d'Etat de l'UE peuvent-ils faire confiance au gouvernement d'Erdogan qui est favorable envers l'EI et d'autres groupes islamistes, voire même les soutient?".
Die Welt écrit que selon l'organisation allemande d'aide aux réfugiés Pro Asyl, l'accord avec la Turquie traduira le soutien de la "politique inhumaine" d'Erdogan et la "faillite morale" de l'Europe.
"L'UE se rend compte que sa situation est délicate: elle tente de se rapprocher du gouvernement d'Erdogan alors que le comportement de la Turquie est on ne peut plus anti-démocratique", signale le correspondant de la radio NDR Kai Küstner qui trouve que l'UE, désespérée par la crise migratoire, ne voit pas d'alternative.
L'observateur de Berliner Morgenpost Knut Pries relève l'hypocrisie de l'Union européenne, qui tente de faire semblant que la coopération dans un domaine n'a rien à voir avec la critique d'un autre. Selon lui, les Européens "n'ont pas remarqué la ligne derrière laquelle un problème irrésolu s'est transformé en une crise sans précédent". A l'heure où l'UE a reconnu avec horreur que le problème ne pourrait être résolu sans la Turquie, Ankara réclame des services en retour, et les négociations rappellent plutôt un marchandage.Le journaliste de Die Welt Robin Alexander note que la Turquie se propose de mettre la situation à son profit. L'argent ne lui suffit plus: désormais, il est question de simplification du régime de visa avec l'Europe et d'adhésion éventuelle à l'UE.
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