Président du Parti belge du travail: l'UE, organisation autoritaire

© Sputnik . Alexey Vitvitsky / Accéder à la base multimédiaReflection of the EU flag in a window of a building in Brussels.
Reflection of the EU flag in a window of a building in Brussels. - Sputnik Afrique
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Dans une interview accordée à Sputnik, Peter Mertens, président du Parti du travail de Belgique, évoque le développement de l’euroscepticisme de gauche en Europe et les répercussions qu’il pourrait avoir sur l’avenir de l’UE.

Paul Magnette - Sputnik Afrique
Le Wallon Paul Magnette veut dégraisser l’UE
À l'occasion des 25 ans du traité de Maastricht, le socialiste belge Paul Magnette, ministre-président de la région Wallonie, a vivement critiqué, dans une interview au quotidien L'Echo, la manière dont est menée la construction européenne: il a qualifié la monnaie unique de « mal pensée » et a souligné que l'Union européenne « était train de se désintégrer ».

Ce « fédéraliste meurtri », connu pour son opposition au projet de traité de libre-échange entre l'UE et le Canada, juge par ailleurs souhaitable une sortie de l'Union de pays d'Europe de l'Est comme la Pologne, la Hongrie, la Roumanie ou la Bulgarie, sur le modèle du Brexit.

Les propos de Paul Magnette, qui se décrit comme « le premier des socialistes », tranchent radicalement avec les positions habituelles de son parti et des sociaux-démocrates européens. Un euroscepticisme de gauche est-il appelé à se développer? Sputnik a interviewé Peter Mertens, président du Parti du travail de Belgique, une formation de gauche radicale qui se présente comme « eurocritique », pour en savoir davantage sur la question.

D'après M. Mertens, il y avait un énorme problème avec l'introduction de l'euro dès le début de la formation de l'Union européenne en tant que telle:

« L'euro a été construit sur l'échelle allemande, c'est-à-dire que l'euro a été introduit comme monnaie unique à partir de l'économie la plus forte en Europe, c'est-à-dire le Deutsche Mark. Et dès le début, il était clair que le projet d'unification d'un grand marché européen n'était pas la volonté des peuples en soi mais des grandes industries, surtout allemandes. »

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Il a également indiqué que la décision d'intégrer certains pays d'Europe de l'Est au sein de l'UE puisait ses racines dans la volonté de l'industrie allemande de créer à ses propres fins une zone économique avec des ouvriers bon marché:

« On savait en même temps que la Bulgarie, la Roumanie, ainsi que d'autres pays d'Europe de l'Est n'étaient pas économiquement sur le même niveau que le centre de l'Europe. D'ailleurs, il y a deux contradictions en Europe: nord-sud et est-ouest. Avec la construction de l'euro, toutes ses contradictions se sont aggravées encore davantage. C'est sous la tutelle allemande que la zone euro s'est construite. On est en train de construire, selon moi, une Europe assez autocrate, assez autoritaire. »

Les peuples européens, poursuit l'expert, ne tardent pas à réagir à ces dérives de différentes manières:

« Cette révolte peut s'exprimer par des forces nationalistes ou d'extrême-droite, par exemple en France, aux Pays-Bas, mais cette révolte peut aussi s'exprimer par des forces de gauche, comme en Espagne, en Wallonie en Belgique, mais la base est la même. La base, c'est qu'une grande partie de la population ne se reconnaît plus dans les hommes politiques actuels », a-t-il conclu.

Rappelons que dans une interview accordée à l'Écho, le président de la Région wallonne Paul Magnette, « fédéraliste meurtri » et « peut-être le premier des eurosceptiques socialistes », a prôné une négociation « dure, mais équilibrée » avec le Royaume-Uni en vue de donner un exemple évocateur à certains pays d'Europe centrale et orientale, voire au Danemark et à la Suède, deux pays potentiellement tentés de déclencher une procédure de divorce d'avec l'Union européenne afin d'endiguer dans la mesure du possible « la concurrence interne ».

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