Attaque d’Idlib: des experts français décryptent les incohérences du rapport de Paris

© REUTERS / Mohamad Bayoush AAttaque d’Idlib
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Dans une interview accordée à Sputnik, l’expert militaire Jacques Hogard et le spécialiste en toxicologie d'urgence Patrick Barriot analysent en détail le rapport sur la frappe chimique présumée dans la province syrienne d’Idlib, publié récemment par les services de renseignement français.

« Sur la base de l'évaluation d'ensemble et en raison des renseignements fiables et concordants recueillis par nos Services, la France estime que les forces armées et de sécurité syriennes ont mené une attaque chimique au sarin contre des civils à Khan Cheikhoun, le 4 avril 2017 »: telle est la conclusion de l'Evaluation nationale présentée le 27 avril par Jean-Marc Ayrault.

Selon Jacques Hogard, Président du Groupe EPEE (Experts Partenaires pour l'Entreprise à l'Étranger), le message véhiculé par le rapport est assez clair et relève en premier lieu d'une « obsession politique française »:

« Cette obsession, c'est de renverser le Président Bachar el-Assad. On est à imaginer des choses, voir à déclarer avoir des preuves que personne ne nous montre », fait-il remarquer.

Or l'attaque à Khan Cheikhoun, poursuit-il, ne serait pas dans les intérêts du Président syrien, au moment où « il est en train militairement, grâce à la Russie, de remporter la guerre ».

« Donc, à qui profite le crime? Certainement pas au président Bachar el-Assad. Dans le contexte international d'aujourd'hui, avec la volonté absolue, obsessionnelle de chasser le président Assad comme étant le préalable à tout règlement de la paix en Syrie, (tout cela, ndlr) montre bien qu'on a probablement affaire à une manipulation, à une gigantesque manipulation », conclut l'expert militaire.

Concernant les conclusions tirées par les services de renseignement français, l'autre interlocuteur de Sputnik, Patrick Barriot, ancien médecin militaire, estime qu'elles ne sont pas à cent pour cent fiables du point de vue scientifique:

« Les formules chimiques, cela ne veut rien dire. De l'isopropanol et du dichlorure de méthylphosphonyle, ils en ont tous dans la région. Cela sert à fabriquer des engrais, en plus. (…) En ce qui concerne les traces d'hexamine et d'isopropylméthyle phosphonate, ce sont des produits secondaires et stabilisants », relève l'ancien médecin.

Ainsi, tient-il à souligner, « tout ce qu'ils peuvent en conclure c'est que c'est le même procédé de synthèse, un procédé commun et utilisé partout, dans beaucoup de pays ».

M. Barriot indique également que la rapidité avec laquelle l'analyse a été effectuée donne lieu à des doutes justifiés:

« L'attaque à Khan Cheikhoun, c'était le 4 avril et le rapport est du 26 avril. C'est d'une rapidité! Vous ne pouvez pas faire une enquête correcte et honnête dans des délais aussi brefs », conclut-il.

Mardi 4 avril, une frappe aérienne sur la ville de Khan Cheikhoun dans la province d'Idlib, en Syrie, a été suivie par l'intoxication aux produits chimiques de nombreux habitants.

Khan Cheikhoun - Sputnik Afrique
Opposant syrien sur l’attaque d’Idlib: «Il faut un comité d’enquête impartial»
Les États-Unis ont effectué, dans la nuit du 6 au 7 avril, une frappe de missiles contre la Syrie, accusant le gouvernement de Bachar el-Assad d'avoir eu recours à des armes chimiques à Khan Cheikhoun, où, selon des sources locales proches de l'opposition, une attaque aurait fait 80 morts et 200 blessés. La Russie a critiqué la démarche de Washington et a réclamé des preuves de l'implication de Damas dans cette attaque présumée.

Les autorités russes demandent une enquête impartiale sur cette affaire avec l'implication de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). En l'absence d'une telle enquête, l'origine de l'intoxication aux produits chimiques des habitants de Khan Cheikhoun reste donc controversée.

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