Tout prêt qu'un État accorde à un autre État est assorti de conditions exprimées publiquement… et d'arrière-pensées politiques ou économiques. Alors que Daech connaît de sérieux revers en Irak, la France commence à vouloir participer à la reconstruction du pays: d'ici la fin de l'année, 430 millions devraient atterrir dans les caisses de l'État irakien, dont le budget est «fortement grevé par la lutte contre les djihadistes et la chute des cours du pétrole», d'après le ministère français des Affaires étrangères.
Un marché du BTP florissant, pourquoi pas, mais ce n'est pas tout. Il a été plusieurs fois reproché à la France la perte d'influence dans la région, particulièrement sur le dossier syrien. À la dimension économique s'ajoute celle de pouvoir montrer que la France est de retour dans la région.
Mais plus de dix ans après l'invasion américaine et la chute de Saddam Hussein, l'Irak figure parmi les dix pays les plus corrompus au monde, notamment d'après l'ONG Transparency International. Comment être sûr que l'argent ne soit pas détourné?
«Dès qu'un pays produit beaucoup de matières premières, et en particulier du pétrole, on sait que la corruption est plus élevée. Effectivement, il y a un risque, en prêtant cet argent, qu'on ne puisse pas par la suite contrôler ce qu'il va devenir. C'est une vraie problématique».
La France souhaite également appuyer le processus de réintégration politique de la minorité sunnite, toute puissante sous Saddam Husseim, et qui maintenant a le sentiment d'être marginalisée. Cela évitera aussi que Daesh ne retrouve un terreau de recrutement.
«Comment redevenir un acteur d'importance? Ça passe par un rôle politique et économique, et éventuellement militaire, car la France a des conseillers et des interventions dans la région. Ce rôle qu'on veut plus important passe aussi par une implication, un soutien économique, financier à l'Irak. C'est une des palettes qu'on peut utiliser pour jouer ce rôle plus influent, plus important dans la région», conclut Pierre Berthelot.